M6 : «l'enquête exclusive» qui suscite bien des interrogations
Précédée par une campagne tapageuse, l’émission-phare de M6, «Enquête exclusive» a déçu les nombreux téléspectateurs qui l'ont suivie. En fait de révélations explosives comme nous l’annonçait la bande-annonce, on a eu droit à des informations défraichies, même pour le téléspectateurs français, sur «le trésor caché de Ben Ali». Le féérique palais de Sidi Dhrif, les voitures de luxe, les bijoux, les liasses de billets de banque enfouis dans une bibliothèque de leurres, les yachts, les hôtels particuliers dans le XVIe arrondissement de Paris, la traque des comptes bancaires de l'ex couple présidentiel, les frasques de Imed Trabelsi. Rien de ce qui nous a été montré et «révélé» que nous le sachions déjà depuis trois ans.Le seul scoop dont pouvait se prévaloir l'émission était peut-être cette image furtive du beau-frère de Ben Ali, Belhassen Trabelsi, méconnaissable. C'est bien peu pour une émission d'une heure.
Le producteur de l'émission, Bernard de la Villardière nous avait habitués, pourtant, à des enquêtes plus sérieuses. Ce qui nous conduit à nous poser des questions sur l'opportunité de la diffusion de cette émission, à deux semaines des élections alors qu'on n'avait apparemment rien à dire sur ce dossier. Ce faisant, le producteur-présentateur (par ailleurs épinglé dans le fameux livre noir de la présidence), ne risque t-il pas de donner prise aux soupçons d'interférence dans le débat tuniso-tunisien. Il est vrai que devant les maigres résultats de son enquête, il a dû solliciter les témoignages de personnalités tunisiennes engagées dans dans la compétition électorale : Moncef Marzouki qui a surtout parlé de lui-même renvoyé comme à son habitude, dos à dos les extrêmistes laïques et les extrêmistes islamistes, Maherzia Labidi (tout sourire) qui s'est comparée (excusez du peu) à Margaret Tatcher, l'inévitable Lina Ben Mhenni et même les patrons d'une boîte branchée de la banlieue nord. L'un d'eux n'a pas manqué de se féliciter de «l'aide d'Ennahdha» alors qu' une cliente a réclamé la liberté sexuelle pour les Tunisiennes.