La Tunisie qu'on aime!
Il y a près de quatre ans, la Tunisie, ce petit pays béni des Dieux, a donné le signal aux soulèvements arabes qui, hélas ont eu des suites plutôt désastreuses.
Ce 26 octobre 2014, pour les élections de l’Assemblée des représentants du peuple, le même petit pays vient d’administrer deux leçons:
La première pour prouver que la démocratie est possible partout où des femmes et des hommes la chériront et se battront pour elle. Il n’est pas de peuple ou de culture inapte à la démocratie car il n’en existe pas d’inapte à la liberté.
Le taux de participation a été honorable et stable. Selon les témoins et les observateurs et ce, malgré la crise économique et le contexte sécuritaire, les élections se sont déroulées pour l’essentiel de façon régulière, hormis quelques disfonctionnements mineurs et fréquents même dans les démocraties les plus vieilles et les plus expérimentées.
La deuxième leçon, quant à elle, démontre que les islamistes et l’islam politique ne sont pas invincibles. Ils peuvent être battus par des moyens pacifiques, démocratiques. Ils peuvent être défaits, ils peuvent perdre des élections.
En effet, à considérer les sondages à la sortie des urnes et même en tenant compte des marges d’erreur, les forces démocratiques et modernistes devancent largement les Islamistes à peu près de dix points… En effet, la famille des démocrates, libéraux, progressistes et héritiers de Bourguiba est majoritaire et elle peut gouverner sans alliance avec la famille islamiste. Le noyau dur de celle-ci, Ennahdha est remis à sa juste place, à sa dimension réelle, autour de 25% et ses dissidents, satellites ou alliés comme Al Mahabba de HachmiHamdi, le CPR de Moncef Marzouki ou Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar sont laminés, payant ainsi leur proximité idéologique ou leur collaboration-compromission.
Cette débâcle des Islamistes et de leurs supplétifs démontre a postériori que le Pays était gouverné par des politiques sociologiquement minoritaires et qu’il avait à la tête de l’ANC et de la République deux présidents qui ne représentaient qu’eux-mêmes.
Par ailleurs, outre la sanction de l’incompétence, de l’arrogance, du mépris et de l’obscurantisme au niveau national, nous avons peut-être là le signe du reflux de l’Islam politique au niveau international. Nous assistons à la substitution au fameux slogan frériste : « l’Islam, c’est la solution » l’heureuse formule de l’écrivain égyptien, Alaa El Aswany : « La démocratie est la solution » par laquelle il a conclu tous les articles de son dernier livre, Extrémisme religieux et dictature, Actes Sud, 2014.
En effet, la démocratie est la solution et pour ce, les Tunisiens offrent à leurs représentants l’alternance politique sans laquelle il n’est point de démocratie. Dans les semaines qui viennent les démocrates vont s’allier pour exercer le pouvoir et pour ce, ils se doivent:
D’abord, se souvenir de ceux qui ont permis au prix de leur vie cette alternance : Lotfi Nagdh, ChokriBelaid, Mohamed Brahmi et tous ceux qui sont tombés sous les balles des terroristes.
Ensuite, prendre garde à ne pas s’allier avec n’importe qui et à refuser le baiser de la mort que propose Monsieur Ghannouchi à travers son idée de gouvernement d’unité nationale.
Enfin, ils doivent non seulement avoir pour tâche d’édifier une nouvelle république et une nouvelle démocratie, mais surtout de rompre impérativement avec le capitalisme de copinage (décrit par Bob Rijkers, Caroline Freund, Antonio Nucifora, « All in the Family, State Capture in Tunisia : Questions and Answers», document de travail de la Banque mondiale n ° WPS6810, 27 mars 2014. ) qui a sévi sous la dictature et qui a saigné les Tunisiens provoquant ainsi les émeutes et le soulèvement populaire du 17 décembre-14 janvier. Ce cronycapitalism n’a pas cessé avec la révolution, il s’est au contraire doublé de contrebande, de banditisme et de trafic de toutes sortes en raison de l’anarchie libyenne et de la porosité de nos frontières de l’Est. Tous ces facteurs favorisent la circulation des hommes et des armes et donc du terrorisme et rendent la vie des citoyens encore plus difficile qu’avant la révolution. A ce titre et en guise de conclusion, le taux de participation le plus faible est de 48%, il est celui de Sidi Bouzid d’où est partie l’étincelle, il y a quatre ans. C’est tout un symbole qui mérite attention. C’est un symptôme!
Slaheddine Dchicha
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M. Dchicha, pourquoi une telle haine envers des Tunisiens avec lesquels vous ne partagez pas les mêmes idées politiques? L'avenir nous dira bien comment "la famille des démocrates, libéraux, progressistes et héritiers de Bourguiba" vont se mettre d'accord pour gouverner (ou s'entredéchirer). Attetnion, la vieille garde est de retour. Quant à la soi-disant défaite d'Ennahda, dans les pays démocratiques on appelle cela l'alternance. Mais, peut-être que les hériters de Bourguiba ne savent pas ce que c'est.
C´est le "capitalisme de Copinage" qui est mis sur les rails á l´instar du "capilisme de voisinage" en vigueur ailleurs.