News - 29.10.2014

Choses vues au cours des elections à Paris

J’ai eu l’honneur d’assurer la présidence d’un bureau de vote à Paris avec des assesseur(e)s jeunes, dynamiques et dévoué(e)s.

Au cours de ces trois jours, nous avons été sur le pont de 6heures à 18heures et, dimanche soir, le dépouillement ne s’est achevé que tard dans la nuit - sans difficultés majeures et en présence des délégués de listes et d’observateurs attentifs et sur le qui-vive qui n’ont formulé aucune réserve à la fin de l’opération.

A aucun moment, nous n’avons eu à gérer les queues énormes d’électeurs observées en 2011 au Consulat Général de la rue de Lübeck ou à celui de Pantin, par exemple. Les compatriotes étaient visiblement motivés voire graves, absolument conscients de l’importance de ce scrutin pour le devenir de notre pays. Certains sont venus en famille et parlaient aux enfants de « leçon » et d’ «occasion historique ». Beaucoup nous remerciaient d’être là,  exprimaient leur amour pour la Tunisie et leur désir d’un scrutin exemplaire  et sans taches.

Force est cependant de constater que ces élections libres et transparentes ont remporté la palme de l’abstention - grand vainqueur, hélas, de ce scrutin crucial. Il faudra que la classe politique et la société civile décryptent d’urgence le message que portent cette démission et cet abstentionnisme choquants alors que l’écho du 14 janvier est encore si présent dans le pays et dans le monde comme le montrent la presse internationale (Al Ahram, Le Monde, The New York Times,  L’Humanité….)
Tout n’a pas été idyllique et sans épines cependant. Il ne s’agit pas de dire que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».
Non.

Les dysfonctionnements au niveau des inscriptions sur les listes électorales ont été nombreux et ont fortement agacé nos compatriotes. Un nombre non négligeable d’électeurs dûment inscrits (preuves souvent en main) n’ont pas trouvé leur nom sur les listes à la disposition du bureau de vote. Des bureaux de vote ont changé d’adresse peu avant le début du scrutin, obligeant à de longs déplacements. Un couple inscrit à Auxerre (166 km de Paris) a eu la surprise de constater que l’époux votait à Paris…

Il est pourtant venu accomplir son devoir sans rechigner !

Par moment, la tension était palpable. Des mots de déception et de dépit compréhensibles ont fusé de temps à autre. Il fallait bien décharger sa colère et sa frustration car comment rater, sans réagir, ce rendez-vous exceptionnel  avec le pays quand on est à 2000 km de la terre natale?

Membre de l’IRIE France 1 en 2011, j’avais adressé un rapport de fin de mission au Président le 12 décembre 2011 dans lequel j’écrivais : « …S’il y a une leçon à tirer, à chaud, c’est qu’il nous faut établir des listes électorales fiables de nos concitoyens établis en France. C’est pour moi la tâche prioritaire de l’ISIE si l’on veut éviter cafouillages et improvisations pour les prochaines consultations ».

Personne n’a apparemment tenu compte de cet appel.

Dommage car les bruits et la fureur vécus le week-end dernier auraient été évités.
On ne peut nier que des efforts ont été faits sur le plan de la communication mais il aurait fallu tenir compte du fait que tout le monde n’a pas accès à un ordinateur.

Pour l’heure, tout doit être mis en œuvre pour que les Tunisiens de l’étranger ne se voient pas nier, à nouveau, leur droit de vote aux élections présidentielles de novembre prochain. 
A l’éloignement du pays natal, n’ajoutons pas l’exclusion.
D’autant qu’il s’agit d’un droit garanti par la Constitution (Article 34) régi,  bien entendu,  par la loi mais dit l’économiste Ludwig von Mises : « Croire en la démocratie implique que l’on croie d’abord à des choses plus hautes que la démocratie ».

Mohamed Larbi Bouguerra
 

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