Le peuple a-t-il mal voté ?
Au lieu d’analyser sereinement les raisons de leur débâcle aux élections législatives, la plupart des dirigeants des partis perdants se sont répandus en déclarations incendiaires visant surtout le parti vainqueur. Et d’incriminer «l’argent politique», «les accointances avec l’ex RCD», le fameux slogan «le vote utile» et in fine, l’ingratitude des Tunisiens accusés d’avoir mal voté. Alors qu’ils ont été incapables de s’unir avant les élections, ils appellent aujourd’hui à une sainte alliance entre «tous les blessés» de ces élections pour se mettre d’accord sur un candidat unique.
Malheureusement pour eux, ces gesticulations ne portent pas à conséquence, compte tenu des rivalités entre les dirigeants. Mustapha Ben Jaafar est allé jusqu’à appeler à la rescousse deux vieux politiciens au rancart, Ahmed Ben Salah et Ahmed Mestiri. «Ils n'ont pas le droit de se taire aujourd'hui» s'est-il exclamé. Ce qui donne une idée sur le vent de panique qui souffle sur ces partis. L'ex président de l'ANC a eu une pensée émue pour Maya Jribi, Mohamed Hamedi, Selma Baccar et Samir Taïeb, battus aux élections: «Je n'arrive pas à faire à l'idée que la prochaine assemblée sera privée des talents de ces gens-là». Pourtant, Il le faudra bien. La démocratie a droit à l'ingratitude. C'est cela l'alternance au pouvoir. Et puis, il n'y a pas de gens irremplaçables. Les cimetières en sont pleins.
Dans une première réaction, l’Instance constitutive de Nidaa réunie ce jeudi a souligné «la volonté du parti de réussir le passage du provisoire à la légitimité et la stabilité». Elle a réitéré son attachement «au dialogue et au consensus» et appelé «à mettre fin aux tiraillements en faisant preuve de plus de retenue et de sagesse» dans une allusion aux attaques dont Nidaa fait l'objet depuis dimanche.
Hedi