Quand la realpolitik prend le pas sur les tiraillements idéologiques
Après de longs conciliabules, le Conseil de la Choura d’Ennahdha ne serait pas parvenu à un accord sur un candidat consensuel aux élections présidentielles et n'aurait pas donné de consigne de vote à ses adhérents qui auraient toute latitude de voter pour le candidat de leur choix.. L'idée d'un «président consensuel» serait donc définitivement abandonnée. Ainsi prendrait fin un suspense qui aura duré des mois. Une décision qui n’arrangerait pas les affaires du président provisoire qui avait fait ces derniers temps le forcing auprès de dirigeants du Mouvement dans l'espoir d'obtenir leur appui.
Parallèlement, on constate chez les islamistes une volonté d'assuer la réussite de l'alternance.Dans son dernier numéro, l'organe d'Ennahdha titre en page une : «Ennahdha et Nidaa : le consensus, c’est ce qu’il y a de mieux pour la Tunisie». Il renvoie à un article en page une intérieure où il est question d’union nationale, de consensus qui doit permettre d’éviter pour une certaine période d’éviter « les tiraillements et de consolider l’expérience démocratique ». Ennahdha semble avoir pris acte du bouleversement du rapport de forces dans le pays après les élections législatives illustré par la montée en puissance de Nidaa Tounès d'où son souci de ne pas hypothéquer ses relations futures avec le premier parti tunisien.
Même si toute alliance entre les deux partis est exclue du moins pour le moment, car leurs bases respectives ne l’accepteraient pas, on semble s’acheminer vers un accord a minima, une sorte de pacte de non belligérence qui permettrait au moins au nouveau gouvernement de démarrer dans les meilleures conditions. Ainsi, la realpolitik a pris le pas sur les divergences idéologiques et c'est tant mieux pour la jeune démocratie tunisienne.