La Culture fête la démocratie
L’association Al-Awan, en collaboration avec des artistes et intellectuels tunisiens lance l’initiative du «Manifeste de la Culture de 2014», manifeste qui annonce les principes qui doivent guider toute politique culturelle qui se veut respectueuse des droits et libertés dans le contexte de la démocratie naissante.
Le Manifeste de la Culture sera adopté lors d’une soirée culturelle qui réunira les artistes et gens de la culture à la Salle LE RIO le jeudi 20 novembre 2014(1).
La soirée comportera des paroles libres d’artistes et intellectuels et sera aussi musicale.
Le Manifeste proposé à l’adoption par l’assemblée des gens de la culture
Pour une culture nationale fondée sur la liberté et la création et orientée vers la contribution à la pensée humaine et aux valeurs universelles
La Tunisie a contribué, tout au long de l’histoire, à la construction de la civilisation humaine en raison de sa position géographique et du dynamisme de ses gens. Elle a ainsi diffusé l’alphabet sur tout le continent africain et rayonné, depuis l’époque carthaginoise sur toutes les rives de la Méditerranée. L’islam kairouannais y a pris son départ et son essor pour diffuser les principes de la connaissance et de la pensée éclairée au Maghreb et en Andalousie. C’est de Tunis, sa capitale, que la pensée khaldounienne a émergé ainsi que des générations d’ulémas éclairés. Une renaissance intellectuelle et littéraire y a vu le jour depuis le milieu du XXème siècle. Elle a, par la suite, posé les fondements du projet réformiste national et de l’édification de l’Etat national moderne.
Ce rôle vital assumé par la Tunisie au fil des époques dans la propagation de la culture de la tolérance, de la pensée éclairée, dans l’impulsion de l’énergie créatrice des jeunes doit se poursuivre avec le soutien de la nouvelle Constitution qui indique le rôle de l’Etat comme garant du droit à la culture pour tous sans exception, c’est pourquoi, les intellectuels et les artistes impliqués dans le mouvement démocratique et attachés aux valeurs éternelles de la liberté et au caractère civil de l’Etatproclament dans ce qui suit les principes sur la base desquels les politiques culturelles futures doivent être élaborées dans une interactionavec la société civile et en partenariat avec ses forces créatrices et culturelles:
Premièrement: le développement de la conscience de la citoyenneté par l’enracinement des valeurs de la rationalité, de la liberté de la pensée et par l’incitation de la jeunesse à la création et à la l’innovation libre.
Deuxièmement: la conception du projet culturel national comme un élément fondamental du projet de développement souhaité. Il ne peut y avoir de développement humain sans développement culturel égalitaire, ni de liberté politique sans liberté de la pensée et de la création, ni de sécurité durable sans lutte contre le terrorisme et contre le repli sur soi, quelles que soient ses justifications et ses couleurs.
Troisièmement: l’engagement de l’Etat à protéger les droits culturels des créateurs et des citoyens et à les garantir dans les limites de la loi et sans jouer le rôle du censeur de la création artistique et intellectuelle.
Quatrièmement: la garantie par l’Etat des droits culturels en offrant les moyens matériels, en élaborant une législation appropriée et en planifiant le développement culturel durable sur la base de la décentralisation et de la bonne gouvernance en partenariat avec les représentants de la société civile et les acteurs dans les domaines de la culture et de la création.
Cinquièmement: l’essor de la recherche cognitive par la création de centres spécialisés dans le développement de l’action culturelle et dans la sauvegarde du patrimoine et son développement dans le but de protéger le caractère populaire de notre culture, de préserver la mémoire culturelle nationale et d’accorder à la culture la place importante qui doit lui revenir dans le système éducatif.
Sixièmement: la nécessité de placer le patrimoine culturel national dans sa profondeur et sa diversité au cœur du dialogue sur la nature de la société à laquelle nous aspirons, en ce sens où il constitue une référence primordiale chaque fois qu’un appel est lancé pour l’attachement aux valeurs civilisationnelles et aux valeurs de tolérance. Aussi la révision des politiques mises en place en vue de sa valorisation, pour faire connaître son importance et pour sa prise en compte comme une source du développement humain est-elle inéluctable.
Les intellectuels et les artistes appellent, en conclusion, à partir de leur position toutes les composantes du monde politique et de la société civile à adopter ces principes et à offrir les conditions de succès à un dialogue national relatif à l’avenir de la culture en Tunisie.
(1) La Culture fête la démocratie, salle «Le RIO» rue Radhia Haddad,Jeudi 20 novembre 2014 à 19h.