Pour une véritable démocratie au service du peuple: Une nouvelle conception de la politique
La politique est la « manière de gouverner un Etat (politique intérieure) ou de mener les autres Etats (politique extérieure) » (Le Robert Illustré, 2013, p. 1486) ou la «manière d’exercer l’autorité dans un Etat ou dans une société» (Dictionnaire Encyclopédique Illustré, 1997, p. 1230). Dans le domaine du management d’entreprise, la politique traduit la nature des relations de l’entreprise avec les tiers internes et externes. Dans le présent article, l’objet de nos propos est la politique intérieure de l’Etat, plus particulièrement la nature de la relation de l’Etat avec le citoyen ou le peuple (constitué par l’ensemble des citoyens), qui est de nature à impulser et à mettre l’économique et le social dans le chemin de l’excellence.
Il existe plusieurs formes ou manières de gouverner ou d’exercer l’autorité dans la société. Il y a lieu de citer notamment les formes radicalement opposées : la forme dictatoriale où l’on observe une concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un individu, d’une assemblée, d’un parti ou d’une classe et la forme démocratique «dans laquelle la souveraineté appartient au peuple» (Le RI, 2013, p. 521). Ainsi, dans une dictature, aucun pouvoir, n’est attribué au citoyen. Par contre, dans une démocratie, le peuple détient une souveraineté (contrat social) et un certain pouvoir. Par suite, l’on peut observer plusieurs types ou formes de démocratie selon la nature et le degré de la délégation du pouvoir. Nous considérons que la démocratie est synonyme de progrès socioéconomique assurant au citoyen son bien être, son épanouissement et son bonheur. Sans véritable démocratie, on ne peut pas aspirer à un tel progrès ; tout ce qu’on peut atteindre, et au meilleur des cas, c’est le progrès économique (des chiffres fort éloquents et flatteurs) mais avec une répartition très inéquitable de la richesse et sans épanouissement du citoyen. Le modèle chinois ou le modèle occidental lui-même (à commencer par les EU) n’est pas un bon exemple de la véritable démocratie. Dans une véritable démocratie, la politique est au service de l’économique et du social. Dans une dictature, civile ou théocratique, c’est plutôt l’inverse. L’économique et le social (plus particulièrement la religion dans le régime théocratique) sont au service de la classe politique.
Il est clair que la forme dictatoriale de gouverner un Etat ou d’exercer l’autorité dans une société n’est pas un mode politique approprié au progrès socioéconomique. Ainsi, parmi les diverses formes politiques qui sont démocratiques, il y a lieu de déterminer le mode démocratique le plus approprié au progrès socioéconomique. L’observation des différentes formes de démocratie exercées depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, nous permet de distinguer les modes démocratiques suivants: démocratie directe, démocratie représentative, démocratie religieuse et démocratie populaire. Un aperçu succinct de l’évolution historique permet de mieux cerner les contours de chaque mode démocratique.
Aperçu historique
La démocratie, plus précisément la démocratie directe, est née à Athènes au VIè siècle av.J.C. Périclès la défini en tant que « le gouvernement du peuple et pour le peuple » (Vè siècle av. J.C.). La démocratie directe est alors un mode politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même sans l’intermédiaire d’un organe représentatif. La décision politique est prise directement par l’assemblée des citoyens (agora). Le citoyen délibère et décide des affaires de la cité (les affaires publiques). Faut-il préciser que le citoyen n’exécute pas: il fixe la loi, détermine les décisions que les magistrats, le gouvernement vont exécuter. Cependant, femmes, esclaves, métèques (étrangers) sont exclus de l’orgora.
Platon et Aristote distinguent la démocratie (gouvernement par le peuple) de l’aristocratie (gouvernement par les meilleurs). Aristote remarque combien rapidement le peuple se laisse entraîner vers tous les excès par les démagogues : la démocratie n’est possible que s’il existe un système de valeurs commun à tous, que l’éducation a comme mission de vulgariser. La démocratie directe, où le peuple exerce sans intermédiaire le pouvoir législatif, est encore le cas, aujourd’hui, dans certains cantons suisses, par exemple.
Dès la République romaine (509-27 av. J.-C.), on passe de la démocratie directe à la démocratie représentative où des mécanismes de délégation de pouvoir sont créés à travers notamment l’élection des représentants interposés. «Tel est le cas dans les grandes démocraties modernes qui émergent avec la seconde révolution d’Angleterre (1688), la Constitution américaine (1787) et la Révolution française (Constitutions de 1791, 1793, etc). La représentation est rendue nécessaire par l’importance numérique du corps électoral, mais apparaît aussi comme une garantie d’équilibre et de sagesse par rapport à l’emportement parfois irrationnel de démocratie directe» (Le RI, 2013, p. 521).
Actuellement, la démocratie représentative est le mode le plus répandu. Dans ce mode, nous pouvons distinguer notamment trois régimes politiques: parlementaire, présidentiel ou parlementaire modéré. Montesquieu a posé le principe de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Le peuple est constitué par l’ensemble des citoyens «libres et égaux». C’est sur cette base qu’on peut distinguer les trois régimes politiques:
- régime parlementaire où les citoyens confient à un Parlement élu le pouvoir législatif. Le Parlement à son tour désigne le chef du Gouvernement, contrôle le travail du Gouvernement et peut le renverser. Le rôle du Président de la république est plutôt symbolique;
- régime présidentiel où les citoyens font élire aussi bien ses représentants du Parlement que le Président de la république qui détient la totalité du pouvoir exécutif (c’est lui qui désigne le premier ministre ou le chef du Gouvernement);
- régime quasi parlementaire (ou plus simplement régime parlementaire modéré) où le Parlement ainsi que le Président de la république sont élus par le peuple. Mais le Président ne dispose que d’une fraction du pouvoir exécutif et éventuellement d’une toute petite fraction du pouvoir législatif. Ainsi, le pouvoir exécutif est partagé entre le Président et le Chef du Gouvernement en faveur du dernier (qui accapare la grande part du pouvoir).
Montesquieu voit dans la séparation des trois pouvoirs un gage d’équilibre des institutions et une garantie contre les abus. Mais l’expérience a montré que ce principe n’était pas suffisant pour éliminer de façon significative les abus de pouvoir et le scramble au pouvoir. Nous sommes arrivés à un point où la politique
peut être caractérisée par les deux choses suivantes:
- la fin justifie les moyens (même les plus bas);
- le grand fossé existant entre les promesses électorales et les réalisations.
C’est peut être dans ce contexte que nous pouvons lire l’émergence, quoique timide, de la démocratie chrétienne qui est inspirée par la morale sociale chrétienne, plus précisément la doctrine sociale de l’Eglise catholique. Il s’agit d’un mouvement politique apparu en France dans la première moitié du XIXè s. La démocratie chrétienne aspirait à instaurer un régime démocratique fondé sur les valeurs de l’Evangile, en particulier dans le domaine social. Le parti populaire italien (PPI), l’union chrétienne-démocrate (CDU) allemande et le parti social-chrétien (PSC) belge en sont issus.
Enfin, il y a lieu de mentionner également des mouvements politiques qui se proclament démocrates mais qui sont en réalité dictatoriaux. Nous citons plus particulièrement les mouvements islamistes et les démocraties populaires. Les mouvements islamistes, notamment ceux appartenant à la confrérie internationale des musulmans, prétendent qu’ils sont des partis civils et veulent instaurer un régime démocratique fondé sur les valeurs de l’Islam. Mais l’observation fine de leurs comportements et de leur pratique politique, une fois accédés au pouvoir, montre qu’ils sont contre les notions de l’Etat et de la citoyenneté (pour le système de «El Khiléfa»), contre le progrès économique et social, et contre les valeurs essentielles de l’Islam même. La religion musulmane est ainsi déformée, défigurée et interprétée à leur guise afin de manipuler une grande part des citoyens arabes (ils méconnaissent l’âme de l’Islam) et de faire ce qui est convenu de dire «le lavage du cerveau» dans le but suprême de se servir du peuple, dont la majorité devait devenir aveugle et obéissante, au moindre frais et au nom de la religion, afin de satisfaire leurs bas et égoïstes besoins et d’atteindre leur finalité.
Quant à la démocratie populaire, elle est le nom donné aux régimes d’inspiration marxiste léniniste qui furent mis en place dans certains pays de l’Europe de l’Est après la seconde Guerre mondiale. En principe, la démocratie populaire stipule la nécessité d’un parlement élu par tous les citoyens. Cependant, on y observe une concentration de tous les pouvoirs qui sont exercés par un parti unique et son secrétaire général, s’appuyant sur une police politique omniprésente. D’ailleurs, ces régimes étaient supprimés pour la plupart en 1990. Cette démocratie n’a existé qu’en apparence.
Cet aperçu historique montre clairement qu’il n’existe pas de démocratie idéale et qu’il faut se méfier des mouvements qui s’autoproclament injustement démocrates. De là vient la nécessité d’un critère ou principe objectif permettant de choisir le mode démocratique qui s’approche, au tant que faire peut à l’idéal. A défaut d’un tel mode, faut-il le confectionner.
Principe de sélection ou de conception
Dans le processus de sélection d’un point de vue, parmi une diversité divergente de points de vue ou de solutions, nous avons observé deux attitudes dominantes:
- l’attitude d’exclusion qui consiste à dire que tel point de vue ou telle proposition ou encore telle théorie est dépassé et ne vaut même la peine d’être examiné;
- l’attitude d’exclusivité qui consiste à juger que telle chose est la seule qui doit être retenue et elle est capable de résoudre seule les problèmes observés.
Nous ne pouvons pas concevoir qu’un courant (politique ou scientifique) ou théorie à lui seul, pourrait résoudre tous les problèmes d’une discipline scientifique ou d’une société, à l’opposé, qu’un courant, qui à un moment donné de l’histoire de la science s’était fait une place au soleil, est devenu totalement caduc et sans intérêt. La démarche de ces deux attitudes est répréhensible, contre-productive et à l’encontre du progrès de la science et de la société:
- Qui peut se vanter avoir conçu une théorie achevée sans aucun reproche?!
- Qui peut démontrer qu’une théorie, qui s’est répandue à un moment donné dans la littérature, même si elle a été vraiment dépassée par d’autres, ne possède aucune chose intéressante de spécifique à elle?!
Ainsi, au lieu des attitudes d’exclusion et/ou d’exclusivité vers tel auteur, telle théorie, telle école ou telle méthode, il s’agit, dans le cadre de résolution d’un problème ou d’un processus de découverte d’un point de vue supérieur, de prendre au sérieux l’apport de tous nos prédécesseurs, et ce qu’elle que soit les approches méthodologiques adoptées et qu’elle que soit l’appréciation des commentateurs, afin d’emprunter tout le meilleur des choses étudiées et d’en faire disparaître les inconvénients dans un tout cohérent..
Par conséquent, dans le cadre de recherche d’une forme démocratique la plus appropriée à une politique intérieure qui est de nature à promouvoir l’économique et le social et à propulser le citoyen aux sommets d’autoréalisation et de bonheur, il s’agit d’emprunter tout le meilleur de chacune des formes démocratiques et d’en éviter les inconvénients. Faisons alors comme préalable le bilan de chacune de ces formes démocratiques
Bilan
• La démocratie directe est le mode de gouvernement qui s’approche le plus à la forme idéale de la démocratie dans la mesure où c’est le peuple qui maîtrise sa souveraineté et son destin, c’est lui qui décide (sans aucun organe intermédiaire) et par suite c’est lui qui gouverne. C’est lui qui vit et sent ses problèmes quotidiens, et par suite il est bien placé à connaître ses besoins et les moyens qui sont de nature à les satisfaire. Toutefois, cette forme apparaît, notamment de nos jours, plutôt utopique qui ne peut s’apprêter à l’application effective, et risque même de se dévier du chemin idéal. En effet, devant une masse (en nombre) de plus en plus grande du peuple associée à une diversité grandissante de culture, nous voyons mal comment peut-il prendre les décisions et maîtriser (sans anarchie) son sort et sa souveraineté sans pour autant recourir à des organes intermédiaires qui lui représentent. Nous savons que le plus souvent, notamment dans les domaines politiques et idéologiques, la passion et les préjugés l’emportent sur la raison même chez les intellectuels ; que dire alors chez les analphabètes et les frustrés de la société. Ceux-ci ne peuvent être que des proies faciles devant les démagogues. Le fait de se laisser entraîner, avec conviction, par les démagogues vers tous les excès, ne peut que conduire le peuple vers un chemin opposé à son propre intérêt mais à son insu.
• La démocratie représentative, contrairement à la démocratie directe, est opérationnelle et non utopique. Cependant, elle risque aussi de se dévier du chemin de la démocratie, pour que celle-ci, soit réduite au bulletin de vote. En effet, l’observation des pratiques de la démocratie représentative laisse apparaître notamment trois faits conduisant à la déviation du droit chemin:
- les élus, tenus pour représenter les orientations et les choix du peuple, choisissent plutôt les priorités et les choix de leur parti;
- la séparation des pouvoirs s’est avérée nécessaire mais non suffisant pour être une barrière hermétique contre l’abus de pouvoir;
- le pouvoir est émietté à travers le pouvoir informel (mais réel) des chefs de partis et des intermédiaires qui n’ont aucun pouvoir formel (officiel et légal).
Le plus souvent, les ténors politiques ne représentent plus le peuple. Pour en être convaincu, il suffit d’observer le grand fossé existant entre les promesses des partis durant la compagne électorale et leurs réalisations effectives durant leur mandat, une fois élus par le peuple. Ce sont les dirigeants des partis qui choisissent les priorités. Le citoyen n’a pas le choix, voire même n’a pas des idées. Il est cantonné à élire le parti de moindre mal (défaut d’un parti qui lui représente véritablement) et de subir les effets des choix adoptés par les élus sans aucun pouvoir réel de changement de la politique suivie par le parti vainqueur aux élections. Bien entendu, les citoyens, qui sont facilement influencés par la démagogie, ne peuvent qu’obéir aveuglement (sans raison et avec totale conviction et engagement) leurs maîtres pour être exploités et perdre leur dignité à leur insu. En conclusion, dans le mode de démocratie représentative, nous pouvons souligner l’incapacité ou l’impuissance du citoyen à décider sur son sort ce qui est diamétralement opposé au concept de la démocratie.
En principe, les élus du parlement devaient accaparer une grande partie du pouvoir: ils détiennent constitutionnellement le pouvoir législatif et contrôle (au sens large et anglophone: maîtriser la situation) le pouvoir exécutif. Mais dans les faits, ce grand pouvoir est usurpé par les chefs de partis. L’on observe alors un déplacement du pouvoir vers les chefs de partis au lieu d’être détenu par les représentants et les élus du peuple. Que dire alors pour le cas des pays qui ne sont pas suffisamment initiés à la démocratie tels que la Tunisie. Le rôle de contrôle ne peut en aucun cas être exercé par le parlement pour des raisons psychosociologiques : ce sont les dirigeants du parti vainqueur des élections parlementaires qui serait promus et désignés comme membres du gouvernement, et un élu, membre du parti vainqueur (qui ne figure pas dans la classe dirigeante) ne peut pas adresser un blâme (carton rouge), voire une simple remarque ou critique (carton jaune) à son dirigeant. Ainsi, dans les faits c’est le gouvernement qui va contrôler, voire diriger même, le travail du parlement, et par suite la démocratie représentative, plus particulièrement lorsque le régime est parlementaire, conduit à l’emprise du chef de parti vainqueur (et non les élus) aux élections législatives sur les pouvoirs exécutif et législatif.
Le problème se pose avec une plus grande acuité lorsque le chef du parti vainqueur aux élections législatives n’est désigné ni comme président du parlement ni comme chef du Gouvernement ni encore désigné ou élu comme président de la république. Dans ce cas, le chef du parti accapare les pouvoirs alors que officiellement et légalement, il n’a aucun pouvoir sur le pays. Par suite, il échappe à toute responsabilité lors d’un abus de pouvoir ou lors d’une prise de décision à l’encontre de l’intérêt du pays puisque théoriquement et légalement ce n’est pas lui qui a un pouvoir décisionnel. C’est le cas frappant du président d’Ennahda, dans les périodes allant de 2012 jusqu’à la fin de l’année 2014, qui n’a formellement aucun pouvoir mais réellement et informellement possède tout le pouvoir. Les trois présidents (de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée constituante) suivent à la lettre ses directives. Le pouvoir est ainsi émietté, s’il n’est pas confisqué, à travers le pouvoir informel sans aucune responsabilité. Cela provoque un déséquilibre certain, si ce n’est pas un total déséquilibre, entre responsabilité et pouvoir en faveur de celui-ci, et par suite un abus de pouvoir. Montesquieu dans l’Esprit des lois : «C’est une expérience éternelle, tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites».
Le pouvoir informel ne se limite pas aux chefs de partis. Il s’étend même à d’autres acteurs. Une série d’acteurs et de réseaux détiennent un certain pouvoir informel mais réel. Comme si cela ne suffit pas, ils sont sponsorisés par les médias et l’Etat alors qu’ils ne figurent pas de façon transparente dans la constitution comme pouvoirs reconnus. Ainsi, la démocratie est confisquée par des intermédiaires, tels que partis, médias, syndicats et diverses autres organisations, devenus des pompes à aspirer l’argent et le pouvoir invisible (impunité oblige au pouvoir réel mais sans responsabilité). Un tel déséquilibre, même léger, entre pouvoir et responsabilité ne peut que conduire à détruire la démocratie et la réduire au bulletin de vote. Le citoyen a l’illusion d’exercer un contrôle, à travers le bulletin de vote, alors qu’en fait, il ne contrôle rien et n’a aucune maîtrise sur son sort.
• Nous arrivons enfin au dernier mode démocratique, à savoir la démocratie chrétienne ou, si l’on veut généraliser ce mode, la démocratie religieuse. Le grand avantage qu’on peut tirer de ce mode est la «moralisation» de la politique. Une politique fondée sur les valeurs essentielles d’une religion peut être un bon rempart (ou un substitut) contre une politique régnante où la fin justifie les moyens (même les plus bas). Faut-il préciser que la morale constitue une bonne part des valeurs essentielles de toute religion qui n’a pas subi de déformations. Cependant deux grands dangers guettent ce mode : la transformation d’un système politique laïque en un système théocratique et la défiguration de la religion. Etre inspiré des valeurs essentielles d’une religion, prônant la morale et l’amour, pour moraliser la politique ne devait en aucun cas un alibi pour que le religieux exerce un quelconque pouvoir politique ou administratif et détruit ainsi la laïcité qui a comme finalité d’empêcher les religieux de se servir de la religion et imposer une dictature théocratique. Cette forme est la pire des dictatures notamment si les religieux font instrumentaliser le sacré et déforment la religion. C’est le cas frappant des islamistes (à distinguer du terme musulman).
Nous arrivons maintenant au moment crucial de notre étude à savoir la synthèse permettant de prendre tout le meilleur des divers modes démocratiques et de construire un point de vue supérieur dans un tout cohérent.
Synthèse
L’application du principe directeur adopté débouche notamment à dégager d’abord le meilleur de chacun des trois formes démocratiques:
- la démocratie directe représente la démocratie idéale ou l’essence de la démocratie : c’est le peuple qui maîtrise son propre sort, c’est lui qui détient directement le véritable pouvoir décisionnel (sans organe intermédiaire), et par suite c’est lui qui gouverne;
- la démocratie représentative permet notamment de palier l’utopie de la démocratie idéale (en rendant la démocratie opérationnelle), essaye de la protéger des démagogues et constitue un gage, quoique non suffisant, contre l’abus de pouvoir;
- la démocratie religieuse présente notamment l’avantage de moraliser la politique.
Cependant, faut-il signaler deux choses essentielles. La première consiste à observer que la substitution de la démocratie représentative à la démocratie directe (qui ne peut être de nos jours appliquée) a fait enlever le caractère essentiel de la démocratie: la détention du peuple du véritable pouvoir décisionnel. Ainsi, cette substitution a vidé la démocratie de sa substance. Nous venons de voir que le citoyen a plutôt l’illusion d’exercer un contrôle, à travers le vote, alors qu’en fait, il ne contrôle rien et n’a aucune maîtrise sur son sort. Le pouvoir est confisqué par des acteurs, de tout bord autres que les représentants du peuple, à travers le pouvoir informel, afin de régner au pouvoir et en abuser. La deuxième fait que la démocratie religieuse risque fort de se dévier de la laïcité à travers l’instrumentalisation du sacré, la défiguration de la religion et l’emprise totale sur les citoyens qui méconnaissent les valeurs essentielles de leur religion.
Selon notre humble avis, prendre tout le meilleur de chacun des trois modes tout en évitant les inconvénients consiste à octroyer au citoyen la part adéquate du pouvoir décisionnel, à octroyer aux véritables représentants du peuple le reste du pouvoir, à conserver le principe de séparation et d’indépendance des quatre pouvoirs (il ne faut pas oublier le pouvoir des médias) tout en combattant l’abus de pouvoir, et à moraliser la politique sans pour autant détruire le principe de la laïcité. Ce mode peut être désigné, par analogie au mode participatif du management, par la démocratie participative. En termes plus simples, ce mode a comme finalité le bonheur du citoyen et est fondé sur les valeurs universelles de la morale ainsi que l’âme de la religion du pays (l’amour et la vertu) et sur le partage du gouvernement de l’Etat entre le peuple et ses représentants formels (les élus et seulement les élus) selon des principes combattant notamment l’abus de pouvoir et la corruption. Faut-il préciser que l’âme de toute religion (bien entendu, celle qui n’est pas déformée et manipulée) comprend notamment l’appel à l’amour du Dieu et du prochain (aimer autrui) et à la vertu.
Il est important de soulever que les démocraties modernes ont tendance à instaurer certains moyens et structures permettant au citoyen de participer à la prise de décision relative au gouvernement de l’Etat.
«Les démocraties modernes recourent parfois à la démocratie directe. On peut penser à la pratique du référendum, par exemple, mais aussi aux affaires locales, de plus en plus souvent traitées en faisant précéder les décisions par des délibérations publiques, avec des panels de citoyens : on parle alors de démocratie participative» (Le RI, 2013, p. 521).
Afin que le fondement et les principes de la démocratie participative prennent corps et forme, et s’apprêtent à l’application effective, il y a lieu de décrire l’organisation du pouvoir de l’Etat, dans ses grandes lignes, notamment en ce qui concerne le volet de moralisation de la politique et le partage du pouvoir entre le peuple et ses représentants formels.
Moralisation de la politique
Les mensonges, les coups bas, les magouilles, la perfidie, l’ingratitude, bref tous les actes qui sont opposés à la morale sont devenus monnaie courante dans la vie politique. On est arrivé à un point où tels actes sont justifiés, tant qu’ils entrent dans la sphère politique. La politique est devenue un concept opposé à la morale où la fin justifie les moyens. Or la raison d’être de la politique est d’éclairer, d’orienter l’économique et le social dans les meilleures directions afin de servir le citoyen et promouvoir l’Homme. C’est cette politique qui représente réellement le citoyen, alors que la politique régnante est destinée à servir plutôt et en premier lieu, si ce n’est pas uniquement, la classe politique. Ainsi, pour rétablir le véritable sens de la politique, il est nécessaire qu’elle soit interprétée en tant que synonyme de la morale. Afin de renforcer le degré d’adhérence à ce sens, de la part des citoyens et de la classe politique, il y a lieu de se référer aux deux piliers de l’âme de toute religion à savoir l’amour (du Dieu et du prochain) et la vertu.
Dieu nous a créé libre. Par suite la classe dirigeante n’a pas à imposer par la force et l’agressivité (allant jusqu’au lynchage pour les islamistes) les préceptes et les obligations religieuses alors qu’elle emprunte un chemin opposé à celui de la religion, mais plutôt à montrer l’exemple en matière du droit chemin (au niveau discours et actes politiques). Cela permet non seulement de rétablir le sens de la politique, mais également d’entraîner positivement et efficacement une grande part des citoyens vers un comportement sain, noble et responsable pour leur propre bien et pour le bon sort du pays, rétablir ou consolider (selon le cas) la prestance de l’Etat et de donner aux représentants du peuple l’audace nécessaire pour décider sur les grands choix , entamer les réformes radicales et oser affronter les conflits, les réactions violentes des acteurs ayant des grands privilèges non légaux, les attitudes irresponsables, passives et destructives de certains citoyens tout en faisant preuve de réussite dans les épreuves de confrontation.
Cependant, faut-il faire les précautions nécessaires afin que le recours à l’âme d’une religion ne soit un alibi pour que les religieux accèdent à la sphère politique et détruisent le système laïc. Il ne suffit pas alors de s’autoproclamer en tant que parti civil pour qu’un mouvement religieux puisse avoir l’autorisation d’exister dans la sphère politique. Aussi bien le discours que les actes, les comportements et les décisions politiques doivent converger vers les caractères essentiels d’un parti véritablement civil et non théocratique. A défaut de convergence, le droit d’exercer dans la vie politique devait être purement et simplement retiré de tout mouvement théocratique, même s’il ne déforme pas la religion, qui s’autoproclame injustement parti civil.
Nous arrivons maintenant au grand volet du partage du pouvoir entre le peuple et ses représentants formels. Il y a lieu d’abord de traiter le pouvoir à attribuer au peuple, c'est-à-dire le degré de délégation du pouvoir. Ensuite, il s’agit notamment de décrire, dans les grandes lignes, l’organisation du pouvoir des véritables représentants du peuple. Nous considérons que les principes et les méthodes du management de l’entreprise peuvent nous inspirer sur les manières les plus efficaces de gouvernance de l’Etat. Ainsi, nous avons intérêt à soulever certains traits ayant attraits à la décentralisation du pouvoir dans le domaine du management de l’entreprise, et plus particulièrement le mode participatif du management puisqu’il est question de traiter la démocratie participative.
Délégation du pouvoir
Le management participatif implique que le personnel en bas de la hiérarchie (les ouvriers) participe à la conception du travail et à la prise décision. En d’autres termes, le management participatif implique la décentralisation du pouvoir. Celle-ci est une mesure dans laquelle le pouvoir décisionnel est diffusé dans les niveaux inférieurs de l’Organisation. Par contre, plus l’Organisation est centralisée et plus les décisions sont prises à des niveaux hiérarchiques supérieurs de l’Organisation. Faut-il préciser que le terme Organisation (où la première lettre O est toujours en majuscule) est à entendre au sens de l’action d’organiser ou son résultat afin de le distinguer du terme organisation qui désigne toute entité socioéconomique.
L’un des objectifs de la décentralisation est d’exploiter au mieux des sources d’informations disparates et disponibles localement dans des contextes particuliers en déléguant tout ou partie du pouvoir de décision à différents niveaux de l’Organisation. La question qui se pose est quel est le degré approprié de décentralisation? Selon, la théorie de la contingence, le degré de décentralisation dépend de la situation particulière de l’entreprise. De façon générale, l’Organisation d’une entreprise (la décentralisation est une variable endogène parmi d’autres variables organisationnelles) devait être contingente aux conditions particulières de son environnement interne et externe. Le théorie de la contingence, parfois qualifiée dans le monde anglo-saxon d’approche situationnelle, est venue remplacer certains principes de management trop simplistes, tels que celui de «one best way». Elle est une approche intégrée du management, qui affirme qu’il n’existe pas une méthode idéale qu’il suffirait d’appliquer, mais que les types d’approches ou de solutions envisagées dépendant toujours du contexte et de la situation rencontrés : l’environnement externe et l’environnement interne (taille, technologie, âge, particularités individuelles).
Par analogie au management participatif, dans la démocratie participative le degré de décentralisation du pouvoir politique, plus précisément le degré de participation du citoyen à la prise de décision, dépend de la situation du pays. Nous citons plus particulièrement les facteurs contingents suivants : histoire et culture du pays aux niveaux liberté et pratiques démocratiques d’une part, et les particularités individuelles du peuple telles que le taux d’alphabétisation, de degré de maturité (notamment au niveau civique) et l’état d’esprit d’autre part. Plus les facteurs contingents sont appropriés à la démocratie et plus le degré de participation du citoyen à la prise de décision politique devait être fort. Cependant, si l’on aspire à la démocratie participative, il faut commencer à initier le citoyen aux pratiques démocratiques et lui déléguer un seuil minimum de pouvoir politique même si les facteurs contingents ne convergent vers la démocratie. L’apprentissage par essais et erreurs en matière de démocratie est nécessaire sinon on serait enfermé à jamais dans un système dictatorial ou un système pseudo-démocratique se réduisant à un bulletin de vote. L’objet du palier minimum de pouvoir à déléguer au citoyen consiste notamment à faire face contre l’abus du pouvoir des représentants du peuple. Le seuil de pouvoir est de nature à contraindre et obliger tout responsable politique à montrer l’exemple en matière du droit chemin de sorte que la politique devient synonyme de morale (et non d’opportunisme et de mensonges) dont la finalité est de servir le peuple. Il y a lieu en premier abord, de faire doter à tout citoyen trois types de pouvoir permettant de contrôler la droiture des hauts responsables de la sphère politique allant du président du Gouvernement, du Président de la république, du président et des élus de l’assemblée législative, en passant par les hauts responsables du pouvoir judiciaire jusqu’aux responsables des diverses autres organisations publiques. Les trois formes à attribuer au citoyen sont les suivantes:
- pouvoir de vigilance, de surveillance et de suivi s’exerçant en permanence pendant la durée de chaque mandat;
- pouvoir d’impulser celui qui s’est dévié du droit chemin à prendre les actions correctives de façon à remédier les dégâts et faire en sorte que de telle déviation ne se reproduit plus;
- pouvoir de dénonciation en cas où le responsable en question n’a pas pris au sérieux les mesures correctives. La dénonciation serait divulguée d’abord à l’opinion publique à traves les masses-média, notamment la TV. Si le responsable continue à ignorer les faits qui relevaient d’un abus de pouvoir ou d’une attitude opportuniste, la dénonciation passe alors à un palier supérieur pour porter les abus à la connaissance de la justice.
Bien entendu, les moyens et les structures à déployer permettant au citoyen d’exercer efficacement ces trois formes de pouvoir, feront l’objet de participation de toutes les forces vives de la nation. La participation est primordiale pour vaincre le phénomène des résistances au changement. Il y a lieu également de retirer dès le début du mandat, toute impunité à tout élu de l’assemblée et à tout chef exécutif qu’il soit président ou ministre. Il y a lieu de traiter maintenant le pouvoir détenu au sommet de la hiérarchie du pouvoir politique.
Nous avons déjà souligné que l’expérience a montré que le principe de Montesquieu (séparation des trois pouvoirs) n’était pas suffisant pour assurer l’équilibre entre les institutions et pour éliminer de façon significative les abus de pouvoir. Il est alors nécessaire de repenser l’Organisation des pouvoirs détenus par les institutions du haut sommet de la hiérarchie politique de façon à consolider et assurer les buts du principe de Montesquieu. Pour cela, il y a lieu d’évoquer le pouvoir des médias, de déterminer le régime politique qui permet un meilleur équilibre entre les quatre pouvoirs, de traiter le principe d’équilibre entre pouvoir et responsabilité ainsi que la règle d’or en Organisation à savoir « l’homme qu’il faut dans la place qu’il faut ».
Pouvoir des médias
Désormais, on ne peut plus ignorer le pouvoir des médias, notamment la télévision, qui ont un grand impact sur l’orientation de l’opinion public. On parle d’un quatrième pouvoir. Nous pouvons même avancer que ce pouvoir pourrait devenir le premier et devancer ainsi les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Et c’est ce que nous recommandons pourvu que les médias mènent leur travail de façon neutre (envers tous les courants politiques) et professionnelle et adoptent comme finalité d’être au service du peuple et du pays. Tout pays, qui a déjà dépassé le stade de vote, doit entamer de façon progressive la mise en place des piliers de la démocratie participative, à commencer par le premier et crucial pilier, celui des médias en tant qu’outil et moyen par lequel les citoyens peuvent exercer leur volonté, leur pouvoir délégué et leur souveraineté. La ligne éditoriale de chaque média devait fondre complètement dans ce rôle principal selon les règles de la neutralité, de transparence, d'objectivité et de la pensée construtive loin des idées préconçues, des sentiments et des influences des lobbys financiers ou politiques. Cela nécessite que les médias soient en premier lieu un pont crucial et un lien de communication et de dialogue constructif entre le peuple et les forces politiques, et plus particulièrement les détendeurs des trois autres pouvoirs. L’assurance d’un tel pont exige de la part des médias de contrôler le travail des institutions de l’Etat : vérifier notamment l’efficacité (le fait d’atteindre les objectifs escomptés) et l’efficience de leur travail (sans gaspillage) et s’il existe des indices ou des traces de corruptions à travers des enquêtes permanentes menées sur le terrain. Cela exige également que les médias soient à l’écoute des préoccupations, des besoins et des problèmes des diverses franges de la population sans aucune descrimination. Il est important que les résultats des enquêtes de contrôle et d’écoute soient diffusés sans biais. Cela permet au citoyen d’être convenablement éclairé sur la qualité du travail des diverses institutions de l’Etat, plus particulièrement celles de ses représentants afin qu’il puisse mener à bien le pouvoir qui lui est délégué. La diffusion de tels résultats est de nature à inciter les diverses institutions à améliorer la qualité de leur travail, à réaliser les actions correctives dans les plus brefs délais et à réveiller leur conscience. Cela permet également que chacun des organes des trois autres pouvoirs puissent contrôler les deux autres. Faut-il préciser que c’est le peuple, notamment à travers les médias, qui contrôle tous les institutions de l’Etat.
Il est recommandé que l’une des chaines nationales de la télévision soit spécialisée et réservée dans la mission de pont entre le peuple et les institutions de l’Etat afin d’être au service du citoyen. Faut-il alors octroyer à telle chaine tous les encouragements moraux et matériels pour mener à bien cette mission à travers notamment les enquêtes permanentes et les débats télévisés.
Régime politique
Il est facile d’observer que l’étendu du pouvoir exécutif dépasse l’étendu de chacun des trois autres pouvoirs. Le régime parlementaire modéré prône le partage du pouvoir exécutif entre deux pôles ou têtes : le Président de la république qui est élu par le peuple et le chef du Gouvernement qui est désigné par le parti vainqueur dans les élections législatives. Par contre les régimes présidentiel et parlementaire donnent lieu respectivement à un pouvoir excessif au président de la république ou au chef du Gouvernement (cas du régime parlementaire). Ainsi, le régime parlementaire modéré est le mieux plaçé à assurer un meilleur équilibre entre les pouvoirs.
Cependant, il n’est pas exempt de défaillances ou de lacunes, notamment au niveau du principe d’indépendance des pouvoirs. En effet, dans ce régime, c’est le parti vainqueur dans les élections législatives qui choisit le chef du Gouvernement (et par suite les membres du gouvernement), contrôle le travail et les décisions du Gouvernement. Comme conséquence, le parti vainqueur, en coalition avec d’autres partis, aurait la mainmise sur un grand part du pouvoir exécutif représenté par les prérogatives du chef du gouvernement beaucoup plus larges que celles du Président de la république. Ajoutant à cela, l’expérience montre que lorsqu’un parti désigne et choisit un haut responsable, même si ce dernier est indépendant, celui-ci n’agit pas en tant que représentant de tout le peuple tunisien mais en tant que représentant du parti qui lui a offert ce privilège de choix. L’exemple de Mr Mahdi Jomâa prouve nos dires avancés. Malgré sa bonne volonté et sa compétence, il n’a pas pu (et peut être aussi n’a pas osé) appliquer la feuille de route et prendre les décisions des grands choix qui sont de nature à sortir la Tunisie de l’impasse afin de ne pas provoquer la colère d’ennahda. Ainsi, le régime politique actuel conduit inéluctablement à la mainmise du parti vainqueur dans les élections législatives de deux grands pouvoirs à savoir le pouvoir législatif et une grande partie du pouvoir exécutif. Or, une des règles élémentaires de la démocratie consiste dans la séparation et l’indépendance de chacun des pouvoirs par rapport aux trois autres. Il suffit qu’un des quatre pouvoirs s’empare à un autre pouvoir pour que l’édifice de la démocratie s’écroule.
La solution consiste à ce que le chef du Gouvernement, comme c’est le cas du Président de la république, soit directement élu par le peuple. Un chef élu, notamment lorsqu’il est savamment élu par le peuple et possède le sens de l’Etat, ne peut agir qu’en tant que représentant de tous les citoyens tunisiens et non pas en tant que représentant de son parti ou du parti vainqueur dans les élections législatives.
Il en est de même pour la loi électorale des législatives qui adapte le scrutin de liste. Ce mode ne permet à l’électeur de choisir directement ses représentants indépendamment de leur appartenance. Le mode devait permettre à l’électeur de choisir ses représentants (de façon nominative) indépendamment de la liste auxquels ils sont inscrits (même s’ils appartiennent à divers partis). Dans ce cadre, le parti ne peut pas avoir une grande emprise sur l’élu, et par suite ce dernier peut représenter réellement son peuple et non pas son parti. Et c’est dans ce cadre que le citoyen ne serait plus infantilisé. Par ailleurs, nous pouvons nous demander au nom de quoi, les élus ou plus précisément les hauts dirigeants du parti vainqueur aux élections législatives choisissent à la place du citoyen un chef du gouvernement qui possède la grande partie du pouvoir exécutif ?!
Equilibre entre pouvoir et responsabilité
Il n’est point inutile de rappeler la proposition de Montesquieu: «C’est une expérience éternelle, tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites». Nous considérons que l’un des moyens efficaces qui constituent une limite et une barrière contre l’abus du pouvoir est le fait d’appliquer le principe d’adéquation ou d’équilibre entre pouvoir et responsabilité. Un déséquilibre en faveur de l’un des membres de l’équation (Pouvoir = Responsabilité) n’est pas un facteur d’efficacité. Il suffit que le pouvoir d’un détendeur d’un poste dépasse sa responsabilité (Une partie du pouvoir sans responsabilité) pour qu’il passe, parfois même involontairement, à l’abus de pouvoir. Par contre, lorsqu’un manager est tenu responsable des décisions d’autrui (responsabilité dépasse pouvoir), cela constitue un facteur de démotivation et de sentiment d’injustice. Il s’agit là d’une des règles d’or du management d’entreprise, plus précisément d’Organisation. Cependant l’application effective de cette règle n’est pas aussi évidente et simple qu’on pourrait y penser en premier abord. L’application stricte de l’équation correspondante au principe est un idéal auquel on a droit d’y aspirer mais aucunement une réalité. Appliquer, autant que faire se peut, ce principe nécessite notamment la distinction entre pouvoir et responsabilité et l’adoption de certaines précautions.
Distinction entre pouvoir et responsabilité
On a souvent tendance à confondre entre responsabilité et pouvoir. En effet, lorsqu’on évoque le terme responsable ou l’expression «un grand responsable», on entend par là une personne qui a un large pouvoir décisionnel ou tout simplement une personne puissante qui est distincte d’une personne responsable (qui assume bien ses responsabilités). La responsabilité est marquée par trois caractères ou notions distincts:
- la sanction qui est la marque essentielle de la responsabilité. Elle doit exister par tout, même au sommet de la hiérarchie;
- l’engagement morale à remplir convenablement une mission, considérée comme un devoir, une obligation de résultats traduisant les objectifs de la mission;
- l’aptitude du détendeur du pouvoir d’assumer ses responsabilités, les conséquences de ses actes et de ses décisions ainsi que ceux de ses subordonnés. «Etre homme, c’est précisément être responsable» (Saint-Exupéry).
Ainsi, une personne véritablement responsable c’est quelqu’un qui possède nécessairement ces trois traits de caractères marquant la responsabilité. Quant au pouvoir, il comprend plutôt trois notions distinctes:
- liberté d’agir, de prendre des décisions avec une réelle marge de manœuvre et d’autonomie (pouvoir formel délégué);
- compétence, capacité et potentiel reconnus dans un domaine délimité, plus particulièrement celui qui fait l’objet de la délégation;
- autorité: qualité, ascendant par lesquels quelqu’un se fait obéir, indépendamment de son pouvoir formel, à travers notamment sa supériorité de mérite ou de séduction imposant l’obéissance, le respect et la confiance. Il s’agit d’une puissance, d’une autorité de fait et non de droit détenue sur quelqu’un, sur quelque chose.
Précautions d’application
L’adéquation entre la responsabilité et le pouvoir dans une délégation consiste notamment à rendre responsables les individus dans la mesure du pouvoir qui leur est conféré. Cela nécessite de prendre les précautions suivantes:
- Un manager ne peut être tenu responsable que de ce qu’il doit et peut décider.
- Un manager doit être tenu pour responsable de tout ce qu’il doit et peut décider.
- Toutes les responsabilités doivent être endossées de façon non équivoque.
- Un manager, en prenant ses responsabilités et rien que ces responsabilités, doit agir dans l’intérêt supérieur de son organisation.
Il est facile d’observer, dans les pays qui n’ont ni une expérience managériale ni une culture démocratique, que le principe d’adéquation entre pouvoir et responsabilité est rarement appliqué aussi bien au niveau de l’entreprise qu’au niveau de la sphère politique. Il n’est pas étonnant alors d’y observer un abus de pouvoir très grotesque au niveau des sommets de la hiérarchie et une démobilisation totale au niveau de la hiérarchie inférieure. Il est difficile alors, dans ces circonstances, de s’attendre à des performances significatives (notamment l’efficacité et l’efficience) tant au niveau microéconomique qu’au niveau macroéconomique. Pour réduire, autant que faire se peut, l’abus de pouvoir des hauts cadres du sommet de la hiérarchie et pour mobiliser le cadre intermédiaire, le personnel d’exécution et le citoyen vers la route de l’excellence de l’entreprise et du pays, il est nécessaire que les chefs d’entreprise et les politiciens prennent conscience de l’importance cruciale de la règle d’or en Organisation et suivent une formation continue en matière du management, plus particulièrement dans le domaine de l’Organisation. Contrairement aux idées reçues, la base du management n’est ni la comptabilité et la finance, ni les méthodes quantitatives mais plus plutôt tout ce qui a attrait aux flux physiques (logistique et qualité), à l’Homme (valorisation du travail et impulsion), à l’Organisation et au choix pertinent de la stratégie. Peter Drucker affirme sans équivoque que «le premier test de la compétence en gestion est la productivité». Faut-il soulever un problème de taille au niveau de l’enseignement supérieur: les cursus d’études des écoles d’ingénieurs et de gestion ne comportent pas des matières relevant des techniques qui sont de nature à améliorer la productivité, voire même à mesurer cet indicateur de performance!
L’homme qu’il faut à la place qu’il faut
La règle classique stipulant «l’homme qu’il faut dans la place qu’il faut» reste encore, voire pour toujours, valide. Cette recommandation constitue également une règle d’or en Organisation où le poste de travail constitue le noyau et l’unité de base de toute structure. Elle comporte deux volets: les postes nécessaires à la structure et l’adéquation entre le profil exigé du poste et le profil réel du tenant du poste.
Pour construire une structure efficace, il ne s’agit de multiplier les postes de travail. Il faut plutôt penser à des structures légères ne comportant que les postes véritablement nécessaires dont leur service dépasse leur coût d’usage et de fonctionnement. Une structure légère repose également sur sa forme structurelle qui, doit être légère, plate et large où le nombre de niveaux hiérarchiques est faible. Le degré de décentralisation dépend des facteurs contingents (internes et externes). Faut-il signaler que la décentralisation du pouvoir accompagnée d’un contrôle insuffisamment rigoureux sur les activités et les individus, peut conduire au désordre. Pour que le contrôle ne soit pas contradictoire à la notion d’autonomie, et soit plutôt un facteur de coordination, de mobilisation et d’intégration, il y a lieu de prendre les mesures suivantes:
- une promotion proportionnelle aux succès obtenus;
- le droit à l’erreur où les sanctions en cas d’échec ne sont pas systématiques (l’apprentissage par essai et erreur);
- la mise en œuvre de moyens susceptibles de développer les initiatives couronnées du succès;
- la distinction des fins en finalité et buts d’une part et en objectifs d’autre part: les objectifs concernent exclusivement les centres opérationnels et autonomes, la finalité et les buts concernent l’entreprise de façon générale et déterminent les différentes cellules de base, ainsi que leur carte.
Une structure efficace est par essence une structure managériale et non une structure administrative. Les mots d’ordre de la structure managériale sont l’innovation, l’initiative, la compétence, l’engagement, l’action, la productivité et l’efficacité, bref tout ce qui est moteur aux réalisations et aux performances. Le respect aux procédures juridiques, l’importance donnée à la comptabilité et au contrôle (au sens restreint de surveillance ou police) est relégué au second plan car il constitue un frein aux réalisations. Ce frein est ce qui caractérise la structure administrative. Il est clair, d’après ce qui a été avancé, que tout Gouvernement d’un pays a plutôt intérêt d’adopter une structure à la fois légère et managériale.
Nous arrivons maintenant au deuxième volet de la règle d’or. Toute structure est constituée par un ensemble de postes de travail agencés selon notamment les besoins de différenciation et d’intégration. Une fois résolu le problème de détermination des postes véritablement nécessaires et le problème de la forme structurelle à adopter, il s’agit de définir le profil exigé de chaque poste et rechercher l’homme ayant un profil qui se rapproche le mieux au profil exigé.
Les exigences d’un poste peuvent être définies par les cinq critères suivants: savoir de base, savoir-faire, aptitudes physiques, aptitudes mentales et psychiques, et aptitudes sociales (notamment relationnelles) et culturelles. Faut-il préciser que l’accès au savoir-faire ne se limite pas à l’expérience active et au bon sens. Il est nécessaire que le savoir-faire soit enseigné. Notons que l’expression «savoir-faire» comporte le terme savoir. Le savoir-faire est le fait d’être capable d’appliquer le savoir ou la théorie sur le terrain et traduire fidèlement la théorie en actions et réalisations concrètes. Par exemple, il ne suffit de connaître les deux règles d’or en Organisation pour affirmer qu’on peut acquérir le savoir-faire correspondant à travers le bon sens et la pratique. Il faut, d’abord et avant tout, acquérir le savoir et le savoir-faire en matière des techniques qui relèvent de fonction Méthodes (organisation du travail) pour arriver à définir convenablement les critères du profil exigé d’un poste donné. En effet, la fonction Méthodes permet d’analyser, de définir le contenu du poste de travail dans ses trois dimensions (technologique, économique et humaine), de déterminer le mode opératoire le plus productif et le plus ergonomique, et de créer les meilleures conditions de valorisation du travail. Ainsi, le mieux placé à déterminer le profil exigé est le spécialiste en Méthodes qui a reçu une formation pratique et théorique en la matière où il y a un équilibre entre savoir et savoir-faire. Or, le système d’enseignement supérieur est marqué par un déséquilibre flagrant en faveur du savoir ou plus précisément d’un pseudo savoir car dans les domaines de l’action et l’efficacité, tels que la gestion et l’ingéniorat, le savoir et le savoir-faire sont deux écueils complémentaires où l’un enrichit et complète l’autre.
Personnellement, sans la formation complémentaire que j’ai reçue (après les études supérieures de la maîtrise) de la part d’un expert du Bureau International du Travail (Monsieur Roger Lansley) je n’aurais jamais saisi, compris et maîtrisé de façon convenable l’organisation du travail. Cette formation a duré toute une année de six heures /jour (sans les vacances du système d’enseignement) comportant à part le volet théorique, des exercices, des simulations, d’applications sur le terrain pour chaque technique (suivis et contrôlés par l’expert) et un projet de fin de formation qui abouti à l’amélioration de la productivité de l’atelier étudié. Ce n’est qu’à partir de cette formation que j’ai commencé à comprendre la gestion de la production et à saisir le grand fossé séparant croire comprendre avec évidence la théorie et comprendre véritablement la théorie (après avoir accédé au savoir-faire).
Comme en Tunisie les spécialistes en Méthodes sont une denrée très rare, on ne tient pas compte du fichier des exigences du poste. On évalue plutôt l’emploi et la qualification notamment par le niveau de scolarité corrigé par des affectations professionnelles en adoptant le classement sectorielle des emplois. Le classement résulte des négociations sociales entre les différents partenaires sociaux aboutissant aux conventions collectives. Le secteur le plus standardisé et le plus clair relativement est le travail administratif. Les entreprises privées recopient le système public.
Il est clair maintenant qu’il est très difficile d’appliquer convenablement la règle stipulant «l’homme qu’il faut dans la place qu’il faut», vu le manque flagrant de véritables spécialistes en Méthodes. En attendant, une réforme radicale du système d’enseignement, je suggère aux diverses Universités de la Tunisie d’organiser des compléments de formation au niveau savoir-faire au profit des enseignants universitaires eux-mêmes afin de combler leur déficit en matière de savoir-faire. La formation doit être assurée par des enseignants, indépendamment de leur grade, ayant eu l’occasion d’accéder au savoir-faire dans leur domaine respectif. Cela permet de gagner tant de temps (l’horizon des réformes radicales est le long terme), d’éviter tant de gaspillages et de profiter de tant d’opportunités en formant des enseignants universitaires qui, à leur tour, forment des cadres capables de concevoir des structures, au niveau de l’entreprise et du Gouvernement du pays, selon les principes du management, plus particulièrement ceux de l’Organisation.
En attendant une réforme législative et organisationnelle des rouages de l’état soit prête pour que l’Administration soit un moteur incitatif à l’initiative, à la production et à l’investissement et non un frein retardant les délais et augmentant de façon considérable le gaspillage en énergies, en temps et en matériels, il y a lieu de prendre des actions et des décisions à court terme. La première des actions consiste à faire du Ministère du développement régional un appareil de coordination entre les divers rouages de l’Etat (y compris les ministères) afin de débloquer dans les plus bref délais toute sorte de frein à l’initiative, à la production ou à la création d’entreprise (dans ce dernier cas, le délai ne doit pas dépasser un mois pour que le détendeur d’un projet d’entreprise obtienne l’autorisation), même si cela n’est pas en totale conformité avec la législation. Le chef du Gouvernement ainsi que ses ministres devaient nécessairement être audacieux et avoir les sens d’initiative et de responsabilité. Ceux qui ne possèdent pas ces traits de caractère n’ont pas de place à de tels postes.
Enfin, dans cette période de crise économique, on ne peut pas ignorer l’économie politique, plus précisément le régime économique le plus approprié à la relance économique et aux progrès à la fois social et économique.
Régime économique
Nous partons du postulat que le capital et le travail ou l’économique et le social sont deux dimensions ou écueils complémentaires où l’un agit et fait enrichir l’autre et aucunement opposés. Privilégier l’une de ses deux dimensions au détriment de l’autre c’est aller inéluctablement, du moins à long terme, à l’échec. Une simple lecture de l’histoire économique montre bien nos dires avancés.
- le régime économique d’extrême droite, qui se préoccupe presque exclusivement à l’aspect économique, finit par se détruire lui-même par la dégradation continue du pouvoir d’achat de la plus grande part de la population affectant ainsi négativement la pierre angulaire de ce régime, à savoir la demande ;
- le régime économique d’extrême gauche conduit dans les faits à répartir la pauvreté au lieu de répartir équitablement la richesse : objectif très noble mais non réaliste du socialisme. La négligence de la dimension économique (notamment la productivité) entraine un manque d’investissement au niveau social. L’on perd ainsi aussi bien au niveau économique qu’au niveau social.
Indépendamment de la désignation du régime (gauche modéré et moderne, droite modéré, centriste ou libéral social), dont il est très difficile de faire une distinction nette des nuances, l’essentiel est d’être convaincu franchement de la complémentarité de deux dimensions au niveau de la planification économique et au niveau du management de l’entreprise. Que l’on cesse alors de diaboliser l’entrepreneur ou de dévaloriser le travail. Le travail est une valeur sûre et inestimable. Il est la première source du bien-être, d’épanouissement et du bonheur. C’est sous cet angle que la notion de travail devait être divulguée et non sous l’angle d’une obligation, d’une contrainte pour pouvoir répondre aux besoins vitaux de l’homme tels que la nourriture, le logement et la sécurité. Un travail, notamment bien accompli et novateur, est source d’estime et d’autoréalisation. Quant à l’entrepreneuriat, il est une denrée assez rare et d’une importance capitale dans le progrès socioéconomique. Créer une entreprise et réussir n’est pas à la portée de tout le monde. La création d’entreprise conditionne, dans une large mesure, la création de la richesse d’une nation. Toutefois, faut-il distinguer entrepreneuriat et management et arrêter de diaboliser l’entrepreneur. Il est vrai qu’il existe quelques entrepreneurs qui ne pensent qu’à accumuler de l’argent par tous les moyens et sans se soucier des droits d’autrui. Néanmoins, on trouve également des gens qui ont créé leur entreprise pour d’autres motivations telles que le haut rang social, l’autoréalisation, une contribution dans l’effort national de création d’emploi et de richesse pour le bien du pays, etc. Ils sont d’abord très intelligents et ont des qualités rares et distinctives telles que le flair et l’intuition (ils peuvent par exemple convenablement lire l’environnement et saisir les opportunités sans aucune étude sérieuse préalable), le sens de l’initiative, la prédisposition à encourir le risque où l’échec (qui peut entraîner sa faillite) est considérée comme une occasion d’apprendre quelque chose (le risque du manager est insignifiant : perdre son job), et l’art de diriger les hommes (sans pour autant étudier la psychologie). Sans entrepreneurs et sans force de travail, convenablement valorisés, on ne peut aspirer au progrès socioéconomique.
En guise de synthèse-résumée, nous pouvons affirmer qu’une politique véritablement démocratique ne peut être que centrée sur l’Homme et pour l’Homme afin de satisfaire ses besoins, l’épanouir et assurer son bonheur. Dieu nous a crée libre. « Etre homme, c’est précisément être responsable ». Par suite, le mode démocratique à adopter doit répondre au caractère distinctif de l’Homme à savoir la liberté responsable. Cela implique que le citoyen ait le droit d’être maître de sa souveraineté et de son sort à travers un pouvoir politique qui lui revient. Comme la démocratie directe ne peut être appliquée sans anarchie et sans être détournée de sa finalité (sous l’influence dangereuse des démagogues), il y a lieu que le peuple délègue une partie de son pouvoir à des élus qui lui représentent effectivement. Il n’y a pas un degrés de délègation qui soit universel pour tous les pays. L’essentiel est que ce pouvoir délègué ne soit pas usurpé par des acteurs intermédiaires de tout bord. Pour cela, il y a lieu d’appliquer le principe de Montesquieu tout en le consolidant et le renforçant par les principes d’équilibre et d’indépendance des quatres pouvoirs, ce qui aboutit au régime parlementaire modéré où le chef du Gouvernement soit élu par le peuple, et certains principes organisationnels qui sont de nature de limiter, autant que faire se peut, l’abus du pouvoir de la classe dirigeante du pays et d’assurer les meilleures performances économiques et sociales, à travers des structures légères et managériales (et non pyramidales et administratives). Faut-il souligner que dans ce mode participatif, le rôle des médias, notamment la télévision, serait déterminant pour favoriser la participation active de toutes les forces vives de la nation au pouvoir politique qui lui revient. Dans cet ordre d’idées, il y a lieu de faire, de l’une des deux chaines nationales, un lieu de débats et de préconisation de solutions permettant de prendre tout le meilleur des idées de chacune des forces vives et d’y éviter les inconvénients. Faut-il encore multiplier d’autres espaces publics comme lieu de débats, de synthèse et de prise de décision politique.
Les évènements qui ont suivi la révolution tunisienne montrent la responsabilité n’est pas partagée par la majorité des tunisiens, qu’ils soient au sommet ou au bas de la hiérarchie. En attendant, une réforme radicale du système d’enseignement, nous pouvons concevoir des actions à court terme qui sont de nature à responsabiliser davantage le citoyen tunisien. Cette conception pourrait faire l’objet d’un autre article.