Monsieur le Journaliste, c'est votre Président

J’ai pris pour toi les meilleurs attachés de presse, filles et garçons, barbus ou non, voilées ou non. Pour la première fois, j’ai été voir une esthéticienne, j’ai changé de look, de coiffure, de costumes, de montre, de chaussures, de voiture. J’ai pris un coach, suivi des séances de média-training, appris à te parler, à parler à la caméra, à poser ma voix, à fixer mon regard doux et câlin, surveiller ma tenue droite sur une chaise... J’ai posé pour de grands photographes, soigné mon langage, appris par cœur ma leçon, mes leçons. Je n’ai jamais été aussi poli, aussi entreprenant, aussi attentif à l’autre, aussi classe. Le look c’est important. Le total look, body-gards, compris. 

 

Je n’attends pas que tu m’invites. C’est à moi de le faire. Alors j’enchaîne petits-déjeuners de presse, déjeuners, dîners. Je t’emmène dans les meilleurs restos, je te « traite » comme un grand seigneur. Je sais que tu cherches la petite phrase qui fait mouche, qui fait grimper ton audimat, alors je te la sers toute prête, courte, incisive, percutante.

 

Elle fera la manchette de ton journal, tournera en boucle sur ta radio, reviendra souvent sur ta télé et fera le buzz sur le Net. Ainsi m’ont appris mes coachs. Tu ne seras pas déçu.

 

Le reste, tu sais que ce n’est pas mon genre, ni le tien, d’ailleurs. Mais, je saurais être reconnaissant, je saurais être généreux... en amitié, bien sûr ! Voyez-cela avec mes équipes...

 

Alors, mon Cher, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Tu me traiteras bien ? Tu me reluiras ? Tu me tendras la perche. 

 

N’oublie surtout pas, mon cher, que ce qui m’intéresse le plus, c’est ta réussite. En, fait, la mienne. On verra après.

 

Je t’attends à Carthage.

 

Ton candidat unique,

 

(A suivre...)