Une feuille de route pour gérer les flux migratoires
« Les tensions encore persistantes, au moins à moyen terme, sur le marché du travail des pays Maghrébins, et les besoins de l’Europe d’une population active accrue, militent pour la mise en œuvre d’une politique migratoire en tant que composante à part entière de la politique de l’emploi, et même davantage d’une politique de développement équilibrée entre les deux rives de la méditerranée. » C’est un message clair que la Tunisie réitère, par la voix du Ministre de l'Emploi et de l'Insertion Professionnelle des Jeunes, M. Slim Taltli, à la faveur de la tenue, mardi à Tunis, d’une conférence conjointe avec la Banque mondiale sur la mobilité des personnes et la migration.
Pour la Tunisie, « les déficits du Nord et les excédents du Sud ne pourraient être comblés d’une manière spontanée ou de façon unilatérale. Une position passive en matière de migration aura pour conséquence, outre une minoration du nombre des émigrants notamment maghrébins, le développement de l’émigration clandestine, le développement de trafics de tous genres et la prolifération des intermédiaires illégaux. »
Une action concertée doit « combattre l'émigration clandestine en ouvrant des possibilités réelles d'émigration régulière (…) lutter également contre les abus constatés des intermédiaires illégaux qui profitent des aspirations des jeunes et parfois de leur détresse (…) et préparer l’avenir.»
Il s’agit surtout, comme l’a souligné M. Tlatli de « conjuguer les efforts dans le domaine de la formation des compétences et des ressources humaines destinées aussi bien pour les pays d’accueil que pour les besoins du développement des pays émetteurs.» Dans ce domaine, «les pays du Sud n’ont aucunement vocation à supporter seuls les coûts inhérents à la formation des compétences pour les besoins du marché international de l’emploi. Cela serait injuste et économiquement insupportable.»
Pour M. Tlatli, « une gestion active des flux migratoires exige une approche concertée et une préparation institutionnelle (…) les positions isolationnistes ou protectionnistes ou purement égoïstes ne peuvent, en aucune façon préparer l’avenir, un avenir «gagnant pour tous».
La Tunisie se prévaut d'une expérience qui peut servir de modèle dans la mesure où l'accord conclu, en l'occurrence avec la France, "permet de lutter contre l'immigration illégale, consacre une gestion de la migration légale et apporte une contribution au développement des compétences et des ressources humaines en Tunisie". L'originalité de cet accord, le premier en son genre entre la France et un pays maghrébin est qu'il permet de "conjuguer les efforts des deux parties dans la formation des compétences destinées à la fois au pays d'accueil et pour les besoins du développement des pays émetteur".
Cette coopération constitue le principe de base des propositions tunisiennes tant il est vrai que les pays du sud n'ont pas vocation à supporter les coûts inhérents à la formation des compétences pour les besoins du marché international de l'emploi. On lira plus loin dans le détail ces propositions. Elles constituent une plateforme idéale pour un accord sur une question qui ne cesse d'empoisonner les relations entre le nord et le sud. C’est en effet la première fois qu'une feuille de route est proposée aux uns et aux autres qui rompt avec les erreurs du passé et notamment avec le tout- sécuritaire et propose une série de propositions à la fois cohérentes et réalistes.
Lire le texte intégral