Ali Louati, le photographe du Palais de Carthage
Le 17 décembre prochain, il bouclera 40 ans de service au Palais, mais encore plus, au poste privilégié de photographe. Ali Louati, qui prendra dans un an sa retraite, aura fait toute sa carrière en témoin exceptionnel des mandats successifs à la tête de la Présidence. Un témoin qui a fixé pour l’histoire et la mémoire nationale quasiment toutes les activités officielles en Tunisie et à l’étranger. Les années Bourguiba l’ont profondément marqué, les suivantes aussi, à leur manière. Tout jeune photographe diplômé de l’agence de presse allemande ADN, il rejoint à 19 ans l’Agence Tunis-Afrique Presse. Habib Osman, photographe historique du «Combattant suprême», continuait à officier à Carthage, mais commençait à prendre de l’âge et devait se faire assister par un jeune qui prendra la relève.
Abdelmajid Karoui, alors directeur général du protocole, repéra la nouvelle pousse, Ali Louati, et proposera au PDG de la TAP, Slaheddine Ben Hmida, de l’affecter en stagiaire à Carthage. «Le premier jour où j’ai vu de près Bourguiba, c’était le 17 décembre 1974, il m’avait si impressionné que je me suis mis à trembler et j’étais incapable de tirer la moindre photo, se souvient encore avec émotion, Louati. Je me suis dit que je n’y arriverai pas et mieux vaut pour moi de retourner à l’Agence et couvrir d’autres actualités. Tous en ont beaucoup ri et mon chef m’avait alors demandé de retourner au Palais et d’y rester en observateur avec Osman jusqu’à ce que je prenne la main. Je n’en suis pas reparti jusqu’à ce jour».
Ali Louati assistera à la déposition de Bourguiba, l’arrivée de Ben Ali, puis sa fuite, celle de Mebazaa, puis de Marzouki, mais aussi à toutes les grandes rencontres historiques, à toutes les scènes délicates de limogeages et de nominations, gardant une discrétion totale, respectant le secret d’Etat. Témoin, oui, mais juste derrière l’appareil photo. A la fin de la journée, il remettait ses pellicules à l’Agence TAP, mission accomplie, et c’est à l’Agence d’en décider. Depuis Ben Ali et avec l’avènement du numérique, c’est aux services de la Présidence qu’il livre ses cartes à mémoires, en brut, sans rien garder. Il y a quelques années, un autre photographe de l’Agence, Slim Abid, est venu lui prêter main-forte, mais maintenant que les portes de la Présidence sont ouvertes aux photographes de presse, tout ou presque a changé, l’émulation est forte et la compétition rude. Louati garde l’avantage avec Abid de rester toujours dans l’équipe rapprochée du Président et de tirer alors des photos exclusives.
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