Le triomphe des sondeurs
De tous les métiers de la communication et du marketing politique qui ont fleuri lors des élections législatives et présidentielle, c’est sans doute celui des études d’opinion qui l’a le plus emporté. En donnant, moins de deux heures après la fermeture des bureaux de vote, des estimations proches des résultats définitifs, Sigma a impressionné les Tunisiens et gagné en légitimité. Longtemps brocardé et mis en doute, il obtient une véritable reconnaissance. Quant à 3C, il a failli cette foi-ci par un écart significatif et a fait amende honorable.
A la tête de Sigma qu’il a fondé il y a 17 ans, Hassen Zargouni a compris l’ampleur de l’enjeu: pas de droit à l’erreur. Il a alors mis l’investissement nécessaire. «J’ai dû mobiliser plus de 300 enquêteurs et superviseurs sur le terrain, 120 téléopérateurs au call center et 10 analystes. C’est une très grosse opération, sans compter l’ingénierie informatique». Combien cela a coûté, l’échantillon étant de plus de 9 000 enquêtés? Il préfère rester discret, affirmant qu’il a pu la financer grâce à la chaine Al Hiwar Ettounsi, à la radio Mosaïque, au quotidien Le Maghreb et à son investissement personnel.
Pour Hichem Guerfali, patron de 3C, un institut d’études d’opinion de création plus récente mais aussi performant, le sondage à la sortie des urnes a été traité avec beaucoup d’attention. Il a tablé sur un échantillon de 15 000 personnes interrogées en face-à-face, ajoutant des appels téléphoniques et des sondages par internet. Le dispositif mis en place compte 123 enquêteurs et superviseurs sur le terrain, 100 téléopérateurs et 16 analystes et cadres d’appui. Lui aussi reste discret sur les coûts.
En fait, la Télévision tunisienne (Watanya 1 et 2) avait lancé un appel d’offres pour acquérir en exclusivité les résultats estimatifs pour chacun des scrutins. Les soumissions ont varié entre 40 000 et 60 000 dinars pour chaque élection, ce qui nous donne une idée approximative quant aux coûts.