Ce que cachent les larmes de Adnan Mansar
Les Tunisiens ont fait leurs gorges chaudes des larmes de Adnan Mansar et du récit de sa conversation avec sa fille inquiète de voir son père aller en prison en cas de victoire de Béji Caïd Essebsi aux élections. Que cette conversation ait eu lieu ou non, que les larmes de Mansar étaient sincères ou non, n’a finalement qu’un intérêt anecdotique. Ce qui importe ici, c’est le message subliminal que voulait nous livrer le porte-parole du candidat Marzouki. Terminées les tirades sur Ettaghaoul et le retour des fouloul. Le procédé, usé jusqu'à la corde, est passé de mode. La communication électorale de Marzouki s'apprête à utiliser un autre filon qui a été déjà testé avec succès dans le sud, ces dernières semaines. Ce qui avait fait sortir les gens dans la rue, ce n'était pas tant les déclarations de Caïd Essebsi à RMC où il n'était nullement question du sud, ni de terrorisme, que les milliers de tracts présentés comme des notes internes de Nidaa Tounès qui faisaient état notamment d'une décision de ce parti de renvoyer en prison tous les militants d'Ennahdha qui étaient internés sous l'ancien régime. C'est en tout cas ce qui apparait en filigrane dans les propos de Mansar. Ennahdha avait déjà usé du même procédé sans grand succès par le passé . Malheureusement, quatre ans après la révolution, la crainte de connaître ce sort taraude un grand nombre d'anciens prisonniers et c'est ce qui explique qu'ils soient aussi réceptifs à ce genre de propagande.
Deux autres points dans les propos de Mansar appellent des remarques :
- Il trouve normal que le président provisoire supprime la subvention mensuelle qu'il accordait personnellement à Ali Ben Salem depuis qu'il avait rejoint Béji Caïd Essebsi. Or il ne précise pas si Marzouki prélevait cette somme sur son salaire ou sur les fonds spéciaux de la présidence dont la moitié est consacrée aux cas sociaux.
- Il reproche à Béji Caïd Essebsi de n'avoir pas démissionné de son poste de président de la Chambre des députés dans les années 92-94 qui ont été marquées par une répression féroce des islamistes. Or BCE a occupé ce poste du 14 mars 1990 au 9 octobre 1991.