Une jeune tunisienne développe un capteur pour la détection d'explosifs et de stupéfiants
Une jeune tunisienne, Raafa Manai, vient de soutenir brillamment sa thèse de Doctorat en Physique Chimie des matériaux à l’Université Pierre et Marie Curie (UMPC), à Paris sponsorisée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) en France. Sa thèse, obtenue avec mention très honorable avec félicitations du Jury, a été réalisée dans le cadre du projet européen SNIFFER au laboratoire Capteurs Diamant (LCD) au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Saclay, France.
Elle s’est consacrée durant sa thèse à développer un capteur mimant l’olfaction pour la détection de stupéfiants et composés explosifs. Ce capteur biomimétique permettra d’apporter un complément au travail des chiens renifleurs sur leur terrain d’investigation. La technologie repose sur l’utilisation de protéines olfactives de type «Odorant BindingProteins» (OBP) immobilisées chimiquement sur la surface de microbalances ultrasensibles à base de diamant de synthèse. Les OBP sont des petites protéines solubles localisées chez les mammifères dans le mucus nasal et qui sont impliquées dans la perception et la reconnaissance de molécules odorantes.
Les OBP sont aussi présents chez les insectes au niveau de leurs antennes et celles-ci sont capables de se lier aux odeurs et aussi aux phéromones sexuelles. Ces protéines sont très stables en température et peuvent subir des variations de conditionnement sans se détériorer.
Un des enjeux de ces travaux a consisté à déposer de façon homogène et reproductible une couche d’OBP sur la surface des capteurs en diamant. Diverses techniques de caractérisation, telle que la microscopie à fluorescence, ont été mises en œuvre pour mettre en évidence la bonne immobilisation et la correcte orientation des OBPpour améliorer le signal de détection.Cette technologie innovante contribuera à la lutte contre le terrorisme international grâce à la détection rapide et efficace des colis piégés dans les lieux publics très fréquentés, et donc à risques, tels que les aéroports et les gares.
En parallèle à sa thèse, Raafa Manai a également effectué des missions de conseil et d’expertise scientifique auprès d’incubateurs de start-ups et accélérateurs d’entreprises. Elle est aussi engagée dans l’association PhD Talent qui a pour but de valoriser et d’améliorer l’insertion professionnelle des doctorants.