News - 10.12.2014

Il faut sauver la Zitouna

Faut-il  en rire ou en pleurer ? Le « cheikh » de la Grande-Mosquée, Houssine Labidi s’en est pris dernièrement à « un candidat à la présidentielle » dont on devine aisément qu’il ne s’agit pas de Moncef Marzouki puisqu'il  veut « réinstaurer la dictature dans le pays ». « Je me suis laissé dire qu’il a rencontré des cheikh de la Zitouna, mais qui d’autre que moi est cheikh de la Zitouna», s'est exclamé Labidi avant de taxer ledit candidat d’apostasie. «D'ailleurs a-t-il ajouté, il n'a pas le droit d'accéder à la salle de prière puisqu'il porte des couches» au milieu des rires de ses adeptes et gardes du corps recrutés pour la plupart dans le milieu interlope de la capitale. 

Ce n’est pas la première fois que ce triste personnage défie les lois de la république. Depuis la révolution, ce «cheikh» surgi de ne ne sais d'où a tranformé ces lieux chargés d'histoire qui ont vu défiler depuis plus de mille ans, les plus grands esprits de ce pays en un espace de non droit où les lois de la République sont bafoués , où il n'hésite pas à faire l'apologie de la violence dans ses sermons du vendredi du haut du minbar où l'avaient précédé Ibn Arafa, les Rassaa et les Bokri, Tahar et Fadhel Ben Achour, les Chérif et les Mohsen.

Parlant des Tunisiens, l'ancien roi du Maroc, Hassan II aurait dit un jour qu'il les enviait pour « deux choses», La Zitouna et le Cheikh Mohamed El Fadhel Ben Achour. C'est dire le prestige dont jouissaient (malheureusement, il faut utiliser l'imparfait car ce n'est plus le cas aujourd'hui) cette institution et ses ulama dans le monde arabe. Faut-il le rappeler, la Zitouna est la première université dans le monde, puisqu'elle est devenue un lieu d'enseignement en 737, bien avant El Qaraouiyine et El Azhar fondées par des Tunisiens (Fatma El Fehria El Qauraouania et El Mouez Li din  Ellah, le Fatimide).

Ce temple du savoir et ce haut lieu de l'islam sunnite au Maghreb est passé sous le contrôle d'un cycliste de Souk Elblat à Tunis. Profitant de l'impunité sinon de la complicité des anciens responsables de la troika, il a poussé son avantage en occupant la Khaldounia et les anciens locaux de la bibliothèque d'El Attarine et s'emploie à récupérer les biens habous de la Zitouna. Mais le plus grave, c'est l'indifférence des Tunisiens face à cette profanation d'une institution qui a porté haut l'étendard d'un islam tolérant dans nos contrées. Qu'attendent donc les autorités pour récupérer cet édifice emblématique de l'islam tunisien et mettre fin à une situation intolérable qui n'a que trop duré ? La priorité  du prochain gouvernement devra être, plus que la sécurité ou le redressement économique, la récupération de la Grande-Mosquée, symbole s'il en est de notre identité arabo-musulmane.

Hédi 

 

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