Incendie au dépôt des livres de la Bibliothèque d'IBLA: le conservateur présentait des signes de dépression
On apprend de source judiciaire que l’instruction relative aux circonstances de l’incendie qui s’était déclenché, le 5 janvier 2010, à la bibliothèque de l’Institut des belles-lettres arabes «Ibla» de Tunis, causant le décès de son conservateur, progresse.
Les éléments établis par l’instruction, au vu des constatations effectuées sur les lieux de l’incendie et les expertises techniques qui s’en sont suivies, ont révélé l’existence de traces d’essence qui était à l’origine du déclenchement de l’incendie.
Les témoignages recueillis auprès des employés de l’Institut, dont une ouvrière, ont révélé que le défunt avait apporté dans la matinée du jour de l’incendie, à la bibliothèque, un récipient en plastique contenant un liquide de couleur jaune. Des éléments dudit récipient ont été retrouvés sur les lieux de l’incendie. Les analyses effectuées ont démontré que ce récipient contenait de l’essence dont des traces ont été, par ailleurs, retrouvées sur les vêtements du défunt.
Le foyer du déclenchement de l’incendie a pu, d’autre part, être localisé au lieu où le corps du défunt a été retrouvé.
Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que ce dernier montrait, ces derniers temps, d’après certains témoignages, des signes de dépression.
Le dépôt des livres de la bibliothèque de l'IBLA, l'Institut des Belles Lettres arabes, fondé à Tunis en 1931, avait subi un incendie qui a coûté la vie à un missionnaire italien, « Père Blanc », le P. Père Gian Battista Maffi (54 ans), apprend Leaders. L’incendie s’est déclaré mardi 5 janvier vers 14h. « Le père José Maria Cantal, provincial des Pères Blancs, descendu de sa chambre est entré dans la bibliothèque muni d’un extincteur. En arrivant sur le lieu des flammes, il a trouvé le corps allongé et inerte par terre. José María est convaincu qu'il était déjà mort. Il est retourné quelques instants plus tard avec John MacWilliam pour essayer de sortir le corps. C'était déjà impossible à cause des flammes et de la fumée », précise une source proche des P. José Cantal, Provincial du Maghreb et Giovanni Marchetti Provincial d'Italie. Pompiers et secouristes ont été prompts à se rendre sur les lieux ainsi que les autorités concernées et se sont déployés pour circonscrire le feu et procéder aux investigations.
Le P. Gianbattista Maffi (26 de vie missionnaire) travaillait à la bibliothèque de l'IBLA depuis le 1er octobre 2007.
Un fond bibiothécaire et documentaire précieux
L'histoire d'IBLA commence en 1926 avec la décision des Pères Blancs de créer une maison d'études et de recherche au Maghreb pour ceux qui y travaillent. Installée d’abord la ferme de Boukhris près de La Marsa, elle se déplace à la rue des où elle prend officiellement le nom d'Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA) et occupe effectivement son siège actuel à la rue Jamaa al-Haoua le 15 février 1932. Déjà en 1928, le centre d'études publie "Les Cahiers Tunisiens et Documents Tunisiens". En 1937 naît la revue "Ibla".
IBLA comprend aujourd'hui deux bibliothèques, une pour les jeunes lycéens du quartier et une autre pour des professeurs d'université, chercheurs et étudiants à partir du troisième cycle..
La bibliothèque compte environ 34000 monographies, dont la moitié en langue arabe et le reste dans les principales langues européennes. Les revues (dont 150 en échange) sont dépouillées systématiquement. Tous les fichiers, auteurs et matières, ont été informatisés. Toutefois, les fichiers auteurs manuels continuent d'être tenus au jour. Dans le fichier matières, la « Tunisie » a droit a un fichier propre.
Si aucune indication précise n’a pu être obtenue sur l’ampleur des dégâts subis par les fonds bibliothécaires d’IBLA et le nombre d’ouvrages et de documents carbonisés, les chercheurs tunisiens, attristés par la nouvelle, sont unanimes à regretter à cette perte qualifiée par certains de « catastrophe incommensurable ». Ils espèrent que tous les efforts se déploient pour sauver le plus grand nombre de publications et de les restaurer, recommandant de procéder sans tarder à la numérisation des fonds documentaires et bibliothécaires de Tunisie.
Mise à jour
TUNIS, 21 jan 2010 (TAP) - M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine, a renouvelé, jeudi après midi, en recevant au siège du ministère, le Père Jean Fontaine, chercheur et responsable de la bibliothèque de l’Institut des belles lettres arabes (IBLA), les sentiments de sympathie du Président Zine El Abidine Ben Ali à l’égard de cette institution culturelle prestigieuse, à la suite de l’incendie qu’elle a subi récemment.
Il l’a informé que le Chef de l’Etat a ordonné de fournir à la bibliothèque IBLA l’aide nécessaire afin qu’elle puisse reprendre la place et le rayonnement qu’elle connaît depuis le début du siècle dernier.
Le Père Jean Fontaine a, de son côté, exprimé sa profonde gratitude à la Tunisie, à sa direction et à son peuple, pour la sympathie et la solidarité exprimées envers IBLA, saluant la position du Président Zine El Abidine Ben Ali et son souci constant de soutenir la culture et la création afin que la Tunisie demeure à jamais un berceau des civilisations et un symbole de tolérance, de modération, d’ouverture et de diffusion des nobles valeurs universelles et éternelles.
Notons que le Président Zine El Abidine Ben Ali avait chargé le ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine, aussitôt informé de la catastrophe, de se rendre sur les lieux pour évaluer les dégâts.
Il a également ordonné d’apporter toute l’aide nécessaire en vue de restaurer le fonds de la bibliothèque en livres et ouvrages, de remplacer les titres tunisiens détruits en recourant au fonds du ministère, et de contribuer au réaménagement du siège de la bibliothèque et de sa rénovation.