La Tunisie nous interpelle!
J’ai accompli mon devoir et mon droit. Je l’ai fait avec la fierté d’un citoyen conscient de l’importance de ce geste simple mais combien déterminant, celui de glisser un bulletin dans l’urne. Un geste déterminant parce qu’il conditionnera le modèle de vie de notre société arabo-musulmane, fermement attachée à la modernité et refusant tout dogmatisme et toute sclérose. Déterminant aussi parce que nous croyons sincèrement que les Tunisiens, toutes générations confondues, depuis avant le siècle dernier et durant tout le siècle passé ont créé une spécificité tunisienne, ancrée dans le socle de l’Islam authentique, tolérant et prônant la modération, la convivialité et la solidarité entre tous les êtres humains. Déterminant enfin parce que la Tunisie, si majestueusement installée sur le promontoire du centre de la méditerranée a pu, durant une histoire trimillénaire absorber tant de civilisations et en faire un modèle tunisien que nous ne devons pas avoir peur de qualifier d’unique au monde. Les générations qui ont mené le dur combat de l’émancipation du colonialisme, puis conduit la construction de l’Etat moderne et bâti une Nation, fière et souveraine ont scellé le destin d’une Tunisie moderne, exemple éclatant d’un pays islamique ancré à l’évolution de l’Humanité attachée aux recommandations de l’Islam qui affirme que si l’être humain s’accroche à vouloir connaitre ce qui existe derrière le trône ( de Dieu), il y parviendra.
Le monde autour de nous change de manière radicale grâce au progrès réalisés par tant de pays qui, sont aujourd’hui au sommet de la hiérarchie mondiale du développement et qui hier encore, vers les années soixante du siècle passé nous égalaient dans le dénuement et le sous-développement. S’ils se trouvent aujourd’hui en haut de l’échelle du progrès c’est qu’ils ont travaillé dur pour y parvenir. La Corée du Sud, la Malaisie, La grande Chine, L’Inde.. Des pays dont les peuples se sont parfois et durant de longues années nourris d’herbes folles pour calmer leurs faims pendant les guerres et les après guerres dévastatrices.
Ils sont maintenant pour la plupart d’entre eux aux commandes de l’économie mondiale.
Notre objectif, aujourd’hui, en ce jour déterminant pour notre avenir, celui de nos enfants et de nos petits enfants est de voter pour nous engager, loin des querelles partisanes et de clochers, pour le travail qui est la pierre angulaire de tout progrès et qui – à quelques exceptions près- manque cruellement dans notre pays.
Nous avons vécu ces quatre dernières années avec leur saveur « sucrée et amère ». Beaucoup parmi nous ont été pourchassés, accusés, emprisonnés, voire voués à l’indignité nationale, et continuent d’être privés de leurs droits, y compris constitutionnels.
Ce n’est pas ici le lieu d’en parler davantage en attendant que la justice, souveraine et indépendante prononce son verdict. Elle saura certainement déterminer le bon grain de l’ivraie et mettre fin aux atteintes aux libertés des tunisiens, sans ségrégation, ni exclusion, ni catégorisation, ni appartenance partisane.
Notre vote aujourd’hui doit être celui de l’attachement aux valeurs de liberté, aux fondements de la Démocratie, au respect des droits de la femme et des hommes. Personne n’a le droit de « confisquer la vérité » pour asseoir son hégémonie qu’elle soit sociale, économique ou religieuse. Nous Tunisiens, authentiques, ne devons attendre d’aucune chapelle qu’elle nous délivre un certificat de bons musulmans ou qu’elle nous traite de mécréants. Regardons autour de nous à travers le monde quels sont les pays qui se développent et assurent les conditions de vie décente de leurs citoyens. Ce sont ceux qui ont fait la part des choses et qui tout en préservant leurs religions en tant que legs fondamental, ne la mêlent pas à leurs querelles idéologiques et ne la brandissent pas comme une menace permanente!
Les embrigadements de jeunes innocents nous interpellent pour revoir nos politiques d’éducation, de développement et d’accompagnement de nos jeunes. Nous avons besoin d’urgence de mettre en application nos convictions de solidarité nationale. Sept cent mille jeunes, désespérés veulent vivre leurs vies, gagner un salaire, fonder un foyer ,se sentir libres ,ne pas dépendre de leurs parents . Ils doivent entre prioritaires avant toutes les revendications de ceux qui sont déjà installés dans la vie gagnent leurs vies, certes parfois difficilement par ces temps durs.
Les menaces cathodiques et les appels aux assassinats ne doivent pas nous faire peur . Nous avons le devoir d’agir que tous les égarés reviennent au droit chemin par la persuasion et la rééducation, sinon par la rigueur de la loi républicaine ,sans haines ,ni vengeance.
Pouvons-nous nous reconnaitre, nous tunisiens musulmans imbus de culture islamique et universelle dans ces meurtres atroces de citoyens, de militaires, de policiers égorgés et de ces assassinats politiques qui ont visé des leaders de la révolution?
Pouvons-nous accepter que notre sainte religion soit mise à l’index à Sydney, Berlin, Paris ou Stockholm parce que des personnes arborant le drapeau de l’Islam « Rayet Ettaouhid » se permettent d’y tuer des innocents et d’y semer la panique?
Non, la Tunisie nous regarde du haut de son piédestal pour nous exhorter à rester fidèles à notre islam tolérant, à protéger nos valeurs et à construire, ensemble, toutes tendances qui croient en la démocratie, une Nation unie, forte et solidaire.
Mustapha Khammari