Hamadi Jebali y avait longuement pensé, mais voilà que Moncef Marzouki, prompt à rebondir, l’y devance en annonçant la création de son Mouvement du Peuple des Citoyens. Chacun voulait capter à son profit les 1 378 513 électeurs qui avaient voté dimanche contre Béji Caïd Essebsi, vainqueur des présidentielles. L’ancien chef du premier gouvernement de la Troïka et secrétaire général démissionnaire d’Ennahdha avait prévu le coup. Dénonçant la non-présentation de son ancien parti d’un candidat à Carthage, il avait mis en garde dans une déclaration, avant le scrutin, à Leaders, contre ce qu’il a qualifié d’ »erreur stratégique fatale (...) en offrant les voix de ses électeurs Marzouki, au lieu de les lui prêter. Nous en verrons les conséquences lors des prochaines élections municipales».
«Je crains fort, avait-il affirmé, de voir Ennahdha s’atomiser, non en raison de mon départ, mais sous le poids de la nouvelle réalité. Nombreux parmi les fils du Mouvement qui sont aujourd’hui perplexes et inquiets, partagés entre leur engagement fidèle et les risques qui menacent la stabilité du pays et sa sécurité. Ils vont essayer de trouver un autre espace, une autre structure. Il y a aussi, hors des rangs d’Ennahdha, des groupes d’intellectuels, de cadres et de simples citoyens à la recherche eux aussi d’un autre cadre mieux approprié à leurs idées et à leur vision pour la société. Je ne prétends pas les réunir, mais si j’estime nécessaire de pouvoir constituer un élément de ce repositionnement, je réfléchirai sans hésitation à structurer cet élan et lui créer le cadre idoine. Ma démarche sera toujours pacifique. Elle ne sera dirigée contre personne. Elle sera en faveur de la patrie».
Comment compte-t-il s’y prendre maintenant ?