Hommage à…. : Alya Bellamine Dlimi la diplomate et l'esthète
Mme Alya Bellamine Dlimi vient de tirer sa révérence.
Une grande dame de la diplomatie tunisienne vient de s’éteindre subitement, dans l'exercice de ses fonctions.
Ministre Plénipotentiaire, en poste à Bruxelles, elle nous a quittés sur la pointe des pieds, laissant toute sa famille, ses amis, ses proches collaborateurs et la grande famille diplomatique dans le désarroi le plus total.
Cette diplomate chevronnée, unanimement reconnue pour sa compétence et ses qualités humaines, a toujours servi son pays de manière humble et avec le dévouement naturel et total qui la caractérisait.
Née à Tunis en 1958, issue d’une des familles militantes de Thala, avec un père, Ahmed Bellamine, Mathématicien de la Sorbonne, membre de la première Assemblée Constituante, un oncle Mohammed Bellamine, grand commis de l’Etat, ayant occupé diverses hautes fonctions, Alya faisait de la carrière diplomatique une vocation et non un métier. Diplômée d'une maitrise en droit, en 1983, de la faculté de Tunis et naturellement attirée par le droit international, elle intègre le Ministère des affaires étrangères la même année, sous l’autorité alors, du Ministre des affaires étrangères M. Béji Caïd Essebsi. Admise en 1985, au concours de Secrétaire des Affaires Etrangères, elle y découvre peu à peu les arcanes du Ministère, s’immergeant avec aisance dans les différentes directions occupées (protocole diplomatique, direction Europe, direction générale des organisations et des conférences internationales).
Remarquée en 1988 par feu Monsieur Mahmoud Mestiri, Ministre des affaires étrangères, elle est appelée à son cabinet jusqu’en septembre 1989, où elle est affectée à la mission permanente de la Tunisie auprès des Nations-Unies à New York, en charge de la commission juridique et du conseil de sécurité.
Ayant assuré avec succès la mission de chargée d’affaires, durant la guerre du Golfe en 1990 à New-York, les Nations-Unies n’auront pour elle plus aucun secret, sous l’autorité notamment de Monsieur Ahmed Ghezal, haut représentant de la mission tunisienne, et du Ministre Habib Ben Yahia.
Elle sera affectée, à l’Ambassade de Tunisie à Bruxelles en septembre 1993, en charge du dossier du Parlement européen. Elle sera successivement la précieuse collaboratrice des ambassadeurs Tahar Sioud et feu Slaheddine Ben M’barek.
De retour à Tunis en 1996, elle sera admise au concours de conseiller, affectée à la Direction Générale Europe chargée des pays d'Europe Centrale et Orientale. En 1997, elle rejoint l’unité des droits de l’Homme puis la direction Europe en 1998 en tant que chef de division. Nommée de nouveau en 2000 à la Direction Générale des Organisations et des conférences internationales, elle y exercera en 2002 en tant que directeur adjoint.
L’opportunité de servir son pays hors des frontières se représente à elle et le poste de Bruxelles qui lui sied comme un gant lui est proposé de nouveau, qu'elle accepte de rejoindre sans hésitation en Août 2011.Elle sera en charge de la coopération avec le Luxembourg, du suivi du dossier des avoirs du président déchu, de la coopération culturelle avec la Belgique et des questions consulaires relevant de l'ambassade.
Elle sera nommée Ministre Plénipotentiaire en 2013 et occupera le rang de second à l'ambassade dès le mois d'août. Elle participera activement à la réalisation de nombreux accords de partenariat avec le Royaume de Belgique et le Grand Duché du Luxembourg.
Ce parcours professionnel, si riche en rencontres des grands de ce monde et des grands commis de l'état aura marqué cette grande dame. Sa personnalité discrète aux goûts éclectiques multiples, son amour des arts, du raffinement et du savoir vivre, ont fait d'elle, dans sa vie de tous les jours, une personne à la bonté et générosité immense.
Sa devise était de toujours bien faire son travail, et de porter haut l’étendard de son pays et de le faire briller dans le concert des Nations, malgré ses ressources naturelles limitées. Elle reprenait souvent la célèbre maxime de Fouché : « un pays sans ressources est un pays pauvre, mais un pays sans Nation est un pauvre pays ».
L’amour de la Nation aura toujours été présent dans le cœur de cette talentueuse diplomate et artiste dont l’absence nous fera cruellement défaut. La célèbre phrase de Jean d’Ormesson nous reviendra toujours en tête : « il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ».
Abou Ahmed
Au nom de ces femmes et ces hommes qui l'ont accompagnée.