Hold up avorté à Carthage !
Holdup avorté ! Montée en commandos au palais de Carthage pour s’emparer des archives de la Présidence de la République, Sihem Ben Sédrine, président de l’Instance Vérité et Dignité, est rentrée bredouille avec les six gros camions qu’elle avait fait venir avec elle. La résistance des vaillants agents de la Sécurité présidentielle l’a en effet empêchée de mettre la main sur ce précieux patrimoine de la mémoire collective. Confondant accès aux archives avec prise en possession, et omettant que l’accès ne peut se faire que pour des documents relatifs à une affaire précise, et selon des procédures indispensables, elle était partie en véritable razzia organisée, heureusement déjouée.
La rumeur circulait depuis plusieurs jours : les archives présidentielles sont sur le point d’être remises à la l’instance Vérité et Dignité présidée par Sihem Ben Sédrine. Elle s’est vérifiée ce vendredi. Peu avant midi, Sihem Ben Sédrine accompagnée de membres de l’Instance conduits en deux voitures s’est présentée avec six camions de déménagement devant le portail du palais de Carthage. Aux agents de sécurité, elle a déclaré être venue prendre possession des archives présidentielles en vertu d’un accord qui aurait été conclu avec le cabinet présidentiel. Faute de document l’autorisant à accomplir cette mission, l’accès du palais lui a été interdit par la Garde présidentielle. Interrogé par Mosaïque fm, le secrétaire général du syndicat de la sécurité présidentielle, Hichem Gharbi a fait remarquer que « les tiraillements politiques ne nous concernent pas. Notre mission est de protéger le président de la République et les archives présidentielles ».
L’initiative de la présidente de l’instance Vérité et Dignité rappelle à bien des égards une opération commando. Tout y est : l’effet de surpris, le déploiement de moyens impressionnants, le moment choisi peu avant midi, à l’heure de la relève de la garde, la prière du vendredi, à la veille du weekend et surtout à trois jours de la passation des pouvoirs. Autant de coïncidences qui donnent à penser que cette opération n’était pas dépourvue d’arrière-pensées.
La première décision prise par l’Instance a été la publication de son règlement intérieur par arrêté N°-2014 en date du 22 novembre 2014 (JORT N° 95 du 25 novembre 2014). En son article 63, ce règlement prévoit la mise sur pied d’une commission de la préservation de la mémoire nationale pour ce qui est des violations concernées. Elle aura notamment à collecter les données y afférentes et recommander les mécanismes de prise en charge par l’Etat et ses institutions des documents constituant la mémoire nationale. Cette commission est composée, selon l’article 64, de neuf membres dont deux désignés parmi les membres de l’IVD et les sept autres, choisis sur appel à candidatures à raison de deux universitaires documentalistes archivistes, deux historiens, deux spécialistes en droits de l’homme, deux figures des arts et lettres, et un architecte.
Pourquoi n’avoir pas attendu la constitution de cette commission, d’autant plus que l’archivage obéit à certains préalables comme la numérisation, les espaces adéquats, le personnel et le gardiennage, autant de conditions qui ne semblent pas réunis pour le moment. Indubitablement, l'opération s'est faite dans la précipitation. On a confondu accès et prise de possession des archives. On aurait pu procéder par étapes au fur et à mesure de la prise en charge des archives, à une mise sous scellés provisoire en attendant d'être outillé pour accueillir cette masse impressionnante de documents.