Le rétablissement de la confiance; une priorité
Certes, nous accordons un préjugé favorable au nouvel exécutif avec ses deux composantes, Président de la République et Gouvernement, d’être en mesure de prendre les mesures à court et à moyen terme appropriées pour engager le pays dans l’effort de redressement, mais cela n’empêche nullement le citoyen de faire les propositions, qu’il juge utile,dans la contribution au rétablissement, dela confiance.
D’abord, et le plus urgent, est de rétablir la confiance en faveur des mal lotis.
On leur a accordé bien des promesses. Le temps est venu de les tenir, au moins partiellement.
Les médias nous ont montré les poches de misère intolérables qui défigurent le paysage de notre pays et qui si elles persisteraient,outre qu’elles seraient un outrage à nos martyrs tombés sur le champ d’honneur, constitueraient une menace réelle pour la stabilité sociale et la poursuite du processus démocratique.
Les nantis doivent, et dans leur propre intérêt, en prendre conscience.
L’hiver est là avec sa rudesse. Si on a le ventre creux et qu’on n’a pas de quoi se couvrir sous un abri de fortune, c’est le moment ou jamais de montrer à nos concitoyens démunis que l’Etat et la société civile ne les ont pas oubliés et sont là pour les aider.
Une large action de solidarité doit être entreprise et dans laquelle nous devrions tous contribuer.
A cet égard, J’ai pensé à l’organisation de caravanes en leur faveur qui sillonneraient le pays pour apporter un brin d’espoir à ces personnes de tout âge. Mais, le tout est de savoir les organiser méticuleusement.
Je propose au moins trois caravanes, l’une pour les régions limitrophes de la frontière algérienne, une pour le centre et la troisième pour le Sud et qui démarreront ensemble à la même date, et travailleront en étroite coopération.
Ces caravanes seront composées par, des représentants de l’Etat (affaires sociales, santé, agriculture …), une ou plusieurs associations caritatives, les représentants de Andi et ceux des deux nouveaux organismes de microcrédits.
La mission de ces caravanes est d’apporter, certes, une aide concrète et immédiate (couvertures, habillement d’hiver, chaussures et bottes, alimentation, pétrole, gaz etc) à tous ceux et celles qui la méritent. Mais,ce sera aussi l’occasiond’enregistrer, l’état des lieux, leurs doléances et leurs cordonnées dans un registre qui sera d’une utilité certaine en cas de volonté de relèvement des prix des produits de base. Ce sera aussi l’occasion de faire, en leur faveur, au moins les premières démarches pour qu’ils aient une CIN pour ceux qui n’en ont pas.
Andi et les deux jeunes sociétés de microcrédit identifieront les possibilités d’octroi de leur aide en nature et sous forme de financement pour ceux et celles qui ont une idée de projet. Je pense, en milieu rural, à faire revivre, par exemple, l’expérience du PDR mais,avec le suivi nécessaire.
Outre l’octroi à ces familles de bêtes à élever, de ruches pour la production de miel, que sais-je encore ,et avec la contribution du Ministère de l’Agriculture, on pourrait prévoir des emplois pour la construction de chemins vicinaux, le reboisementet la protection des sols ainsi que la construction de lacs colinaires pour l’irrigation.
Si dans chaque famille on arrivait à employer, ou à mettre sur pied un projet pour le chef ou la cheftaine de famille ou pour l’un de leurs enfants, on pourrait créer une lueur d’espoir et ramener le goût de la vie et donc du travail.
Quant au financement de ces caravanes tournantes, on doit compter sur l’apport de l’Etat et de la société civile en mettant à contribution les associations caritatives obéissant à des règles de gestion transparentes.
Tant qu’on y est, pourquoi ne pas créer un compte postal(la Poste existe dans les coins les plus reculés), avec les contrôles nécessaires pour recueillir les fonds locaux et étrangers et éviter la triste expérience du 26/26 ?
Quant à la confiance pour la reprise de l’investissement, elle devrait être établie à deux niveaux.
Le premier est l’examen avec le Gouvernement sortant des entraves identifiées à la réalisation des investissements déjà programmés et bloqués pour différentes raisons excepté le financement qui, heureusement, existe.
Qu’est-ce qui retarderait une prise de décision adéquate impliquant une modification rapide des textes pour le déblocage de ces investissements avant de rechercher de nouveaux investissements?
Le second niveau est le sauvetage, d’une part, des PME qui traversent des difficultés et qui constituent l’essentiel de notre tissu industriel et, d’autre part, les unités qui, avec une meilleure gestion et une meilleure gouvernance, pourraient reprendre normalement leur activité.
Je pense particulièrement à la CPG et au Groupe chimique dont la solution de leurs problèmes ne doit plus attendre.
Les pertes de la CPG ne nous auraient-elles pas épargné un endettement accru auprès du FMI ?
Le second niveau consiste dans l’élaboration d’un plan de développement (triennal, quadriennal ou quinquennal) qui donnera aux investisseurs locaux et étrangers une vue claire et chiffrée des objectifs poursuivis et des moyens à mettre en œuvre.
C’est avec ce Plan que les autorités pourront convaincre les pays frères et amis d’accompagner la reprise de notre développement sans lequel l’expérience démocratique ne pourra pas être menée à son terme et perdurer.
La mise en place d’un Conseil économique et social, encore une fois, pourra regrouper nos compétences de divers horizons pour participer à l’élaboration de ce Plan de développement économique et social.
Les objectifs de ce Plan doivent être ambitieux et tabler sur un taux de croissance économique élevé car des taux inférieurs à 5% ne permettront nullement le relèvement des grands défis.
En effet, les économistes s’accordent à dire qu’un taux de croissance de 1% ne parvient à générer que 15 milles emplois environ. A un rythme de croissance aussi faible, combien de temps notre jeunesse pourra-t-elle attendre encore ?
Je crois qu’une action rapide au niveau de ces trois axes serait en mesure de créer l’espoir et de contribuer à la stabilité politique et sociale en emportant l’adhésion de tous, riches et pauvres.
Mokhtar El Khlifi