Qui est Mohsen Marzouk, le conseiller politique du Président Caïd Essebsi
Celui qui avait subi les pires controverses au lendemain de la révolution a fini par gagner ses galons d’habile stratège et d’interlocuteur agréable et convaincant. Mohsen Marzouk, directeur de la campagne électorale de BCE, savait à quels risques il s’exposait en cas d’échec et les rivalités qui l’attendaient après le succès. Edifié par les épreuves, guère grisé par la victoire, il préfère rester lui-même: l’intelligence souriante et l’ambition personnelle bridée. Cet enfant de Mahrès, orphelin de père à l’âge de 5 ans, contraint de travailler pour aider sa maman, s’illustrera dans les années 1980 par son engagement militant dans les grèves au Lycée de garçons de Sfax. Renvoyé de tous les établissements scolaires, il sera sauvé par le proviseur du Lycée du 15-Novembre, Ahmed Zeghal, décrochera alors son bac avec brio et sera aussi le lauréat du prix de philo... Inscrit à la faculté des Lettres de Tunis, il s’adonnera à fond à l’action politique. Arrestation, incorporation d’office sous les drapeaux avec affectation un an durant au fond du désert à Rejim Maatoug avant de regagner la faculté et de rejoindre l’UGET.
Marzouk intègrera Eltaller, l’ONG fondée par Nelson Mandela, puis au début des années 2000 le Bureau international du travail. Il sera ensuite nommé à Doha secrétaire général de la Fondation arabe de la démocratie et président de la commission exécutive du centre de formation Al Kawakibi. Il se spécialisera dans les transitions démocratiques à préparer, puis à gérer et réussir. Celui qui le 13 janvier 2011 interpellait Ben Ali sur Al Jazeera à propos des carnages à Sidi Bouzid, Kasserine et Thala ne pouvait que rebondir le lendemain pour contribuer à une transition pacifique et démocratique. Dès le 21 janvier 2011, Mohsen Marzouk appelle à l’adoption d’un pacte républicain, un classique des périodes de transition.
Coopté membre de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, il sera un fervent adepte d’un référendum constitutionnel, avec un agenda précis des différentes étapes pour gagner du temps. Peu écouté, Marzouk ne baissera pas les bras pour autant. Il aura l’occasion de rencontrer BCE, alors Premier ministre, et de faire la connaissance de Rafaa Ben Achour, Ridha Belhadj et autres membres de son équipe gouvernementale. Avec l’arrivée de la Troïka au pouvoir, il se mettra au vert, mais pour quelques semaines seulement, sans jamais perdre le contact avec Caïd Essebsi. Et quand celui-ci publiera le 26 janvier 2012 sa fameuse déclaration fustigeant la non-limitation du mandat de l’ANC à un an seulement comme prévu, il était déjà à ses côtés. Pour ne plus le quitter. L’Appel de la Patrie, lancé en juin 2012 en plateforme pour la création de Nida Tounès sera l’amorce d’un long combat qui mènera à Carthage. Homme de contacts, au carnet d’adresses bien garni, cultivant les relations à l’international et nouant des contacts suivis avec des acteurs significatifs de tous les milieux à l’intérieur du pays, il se tiendra à l’écart des mouvances de l’appareil du parti, méritant une place de choix dans l’équipe rapprochée de BCE. Alors qu’on le poussait à briguer un siège au Bardo, il préfèrera rester à la disposition de son président, sans la moindre ambition de postuler à un poste ministériel. Peu l’avaient cru à l’époque, lui prêtant la ferme intention de réclamer le ministère des Affaires étrangères. Il le suivra donc à Carthage comme conseiller politique. Et plus, certainement.