Mehdi Jomaa représentera la Tunisie à la marche républicaine dimanche à Paris
La symbolique sera forte. Le chef du gouvernement Mehdi Jomaa représentera en personne la Tunisie à la marche républicaine organisée ce dimanche après-midi à Paris, en hommage aux victimes des récents attentats de la capitale française. Cette participation et son niveau élevé témoignent de l’indignation des Tunisiens et de leur solidarité avec la France dans cette rude épreuve. Conçue comme une démonstration européenne, cette marche républicaine s’élargit ainsi à la rive sud de la Méditerranée et aux pays arabes et islamiques.
Selon des sources protocolaires françaises, Mehdi Jomaa sera l’unique chef du gouvernement d’un pays arabe et musulman à y prendre part. Il y retrouvera plusieurs chefs de gouvernement occidentaux, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi et le premier ministre espagnol Mariano Rajoy ainsi que le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
La Tunisie, déjà éprouvée par le terrorisme, en mesure l'ampleur
Le message que portera après son entretien avec le président Béji Caïd Essebsi samedi matin, sera important. Il confirme l’attachement de la Tunisie à la liberté de la presse, aux valeurs universelles et à la tolérance, mais aussi sa ferme condamnation du terrorisme et sa détermination à le combattre et l’éradiquer. Si l’ancrage profond de la Tunisie, après la révolution, est celui dans la défense des libertés, à commencer par la liberté d’expression, encore plus pour les journalistes, son grand combat est aujourd’hui contre l’obscurantisme takfiriste et le jihadisme terroriste. Le prix qu’elle est en train d’en payer est fort. Rien que ces derniers jours, deux journalistes tunisiens, pris en otage en Libye, sont sous grande menace d’assassinat. Des agents des forces de l’ordre ainsi que d’humbles citoyens continuent à être lâchement assassinés, malgré le renforcement de la traque lancée contre les terroristes.
"Avec beaucoup de détermination, déclare à Leaders un analyste, le gouvernement Jomaa a su faire face à ces graves attaques, mobilisant les Tunisiens et le soutien international dans cet immense effort nécessaire. En dépit de la situation en Libye, du caractère très sensible de la dernière phase de la transition démocratique et de la concentration sur les élections, la Tunisie n’a pas fléchi face au terrorisme. Gagnant chaque jour davantage de terrain dans ce combat, pourchassant sans relâche les criminels au Chaambi et ailleurs, enchaînant le démantèlement des filières terroristes et celles d’envoi de jeunes Tunisiens combattre avec Daech en Syrie et en Irak, la Tunisie a tenu son pari politique, celui d’organiser des élections libres et incontestables. Aucune concession n’a été faite lors de ce processus quant aux libertés et à la démocratie et aucune confusion éventuelle n’a été faite entre islam et terrorisme".
Ainsi sont les Tunisiens, dans leur immense majorité, en Tunisie et de par le monde : musulmans, tolérants, libres et démocrates. Ils sont ouverts sur le monde, modernistes et avides de progrès. Fort indignés, ils ne peuvent que condamner fermement toute atteinte aux libertés, tout attentat terroriste. D’une même voix, le président de la République et le chef du gouvernement l’ont affirmé. C’est le message qu’ira porter Mehdi Jomaa dimanche à Paris.