News - 16.01.2015
Comment Habib Essid compose son gouvernement
C’est désormais devenu un rituel pour tout nouveau chef de gouvernement désigné, depuis Mehdi Jomaa, il y a juste un an. Habib Essid n’a pas transgressé la règle : recevoir les chefs de partis et des figures nationales pour les consulter et leur demander de lui soumettre dans une première étape, leurs propositions pour le programme du gouvernement. Puis, on passe des principes généraux et des priorités d’action, au vif du sujet, les candidatures. Il les invite alors à lui suggérer de bonnes pointures qui méritent de faire partie de son équipe.
C’est à Dar Dhiafa (l’ancienne Dar Maghrebia à Carthage) qu’Habib Essid a établi son quartier général provisoire. Du matin au soir, il reçoit des visiteurs et voit pleuvoir sur son bureaux notes et CV. Pour l’assister dans cette phase délicate, il s’appuie sur une équipe restreinte formée de trois hauts commis de l’Etat qu’il avait eu l’occasion de connaître lors de sa longue carrière. Deux ont servi à des postes clefs au Premier ministère et le troisième, ingénieur issu d’une grande école, jouit d’une riche expérience à la tête d’entreprises publiques et dans de hautes charges gouvernementales. Deux assistantes et un chargé de protocole, affectés par la Kasbah, assurent l’intendance.
Dar Dhiafa offre autour du patio d’accueil une série de salons et de bureaux qui se prêtent particulièrement aux consultations confidentielles. Mais, quand la délégation reçue est nombreuse, elle est installée dans la grande salle intérieure ou un salon pouvant accueillir jusqu’à une douzaine de personnes a été installé.
Jusque-là, rien ne filtre, sauf quelques confidences égrenées ici et là par les visiteurs. . Au fil des entretiens commencés dès sa nomination le 5 janvier dernier, il a bien rôdé son message. Tous soulignent la capacité d’écoute du chef du gouvernement désigné, son sens du consensus et son attachement au travail en profondeur et à des ministres compétents.
Le chef du gouvernement sortant, Mehdi Jomaa l’a rencontré plusieurs fois. L’autre soir, dans les bureaux du Premier ministère au Lac, leur entretien s’est prolongé jusqu’à tard dans la soirée. « Il est très bien, très ouvert et très serein », a-t-il confié à ses proches. Lui a-t-il suggéré des noms ? « Nullement, a-t-il affirmé. On a discuté du fond, des priorités et des urgences. D’ailleurs nous allons assurer une bonne passation des pouvoirs, innovante qui doit faire désormais référence... »
Patient, le futur chef du gouvernement écoute et prend son temps. Il ne veut pas confondre vitesse et précipitation, évitant de chercher tout chambouler, mais de marquer ses balises. Tunis bruit des rumeurs les olus folles quant aux futurs membres du gouvernement. Les lobbyistes s’activent, les réseaux s’échauffent, chacun se positionne. Mais, ils ne connaissent pas encore suffisamment bien Habib Essid.