À quoi joue l'UPL ?
L'UPL semble se faire plaisir à jouer au mauvais joueur pour peser de  tout son poids de troisième parti de l'Assemblée des Représentants du  Peuple sur la formation du gouvernement. Pour le moins, en effet, il  semble réussir à en retarder l'annonce.
  
  Ce faisant, il ne fait que semblant de ne pas savoir à quel haut degré  d'instabilité et de dépendance des contingences obéit la formation d'un  gouvernement de coalition, surtout avec une assemblée en mosaïque comme  c'est le cas en Tunisie.
  De fait, c'est une tactique bien rodée de se rendre encore plus  intéressant, valoriser son poids en exigeant le plus pour avoir le  moins.
  
  Dans une déclaration aux médias, le secrétaire général du parti, M. Ben  Dhia déplore aujourd’hui ce qu'il considère être un manque de respect  par le chef du gouvernement désigné d’un engagement de principe  antérieur donnant à son parti un rôle éminent en rapport avec son poids  dans l'Assemblée. D'après lui, M. Essid ne propose désormais à l'UPL  qu'un simple secrétariat d'État sans même en définir la nature. Ces  propos traduisent un changement dans la position de ce parti car  jusque-là, ce dernier avait affiché une certaine indifférence quant au  nombre de portefeuilles que pouvait lui proposer Habib Essid. Ses  dirigeants et notamment son président, Slim Riahi avaient même affirmé  qu'ils étaient prêts à soutenir le nouveau gouvernement quand bien même  leur formation n'en feraient pas partie. En fait, la réaction aussi  brutale qu'inattendue de l'UPL de suspendre ses concertations avec le  Chef de gouvernement désigné montre que ce parti n'était pas aussi  indifférend qu'il voulait le faire accroire. Selon des sources dignes de  foi, son président qui lorgnait le ministère de l'économie a été ulcéré  d'apprendre de la bouche même de M. Essid que non seulement il n'aurait  pas le portefeuille qu'il convoitait, mais ne ferait même pas partie du  gouvernement.
  
  Or, l'esprit même qui inspire le parti de M. Riahi devrait lui faire  passer l'intérêt du pays au sien propre. Cet intérêt est que le  libéralisme, qui semble marquer désormais l'orientation économique du  pays avec la présence simultanée quasi acquise d'Afek et d'Ennahdha, ne  soit pas — du moins aussi tôt — assimilé à l'affairisme qui caractérise  son image dans les esprits avec tout ce que cela emporte de soupçons  d'excès et d’abus.
  
  Se suffire d'un secrétariat d’État permettrait déjà à l'une des  compétences avérées de l’UPL de faire assez amplement montre au  gouvernement de  ce que pourrait apporter le libéralisme à la Tunisie.
  
  Pour le reste du travail — l'essentiel pourrait-on dire —,il pourra et  devra se faire à l'ARP où l’UPL aurait alors avoir à coeur de défendre  une conception éthique du libéralisme.
  
  Cela serait dans le cadre de la réforme de l'arsenal juridique obsolète  du pays afin que le libéralisme retrouve son esprit premier de libertés  tous azimuts, y compris et surtout dans le domaine social.
  
  Ainsi et ainsi seulement l’UPL servira dans le même temps sa doctrine et  la Tunisie en faisant en sorte que le libéralisme de bas étage, limité à  un capitalisme sauvage, n’y soit pas consacré, car cela ne saurait  réussir aucunement dans notre pays.
Mise à jour : l'UPL a décidé se revenir sur sa décision de suspendre sa participation aux tractations relatives à la formation du gouvernerment après la rencontre jeudi après midi de Slim Riahi et le secrétaire général de l'UPL, M. Ben Dhia avec le Chef de gouvernement désigné. M. Ben Dhia a déclaré que l'entretien a permis de dissiper tous les malentendus. "Nous avons eu toutes les assurances qu'on attendait" a-t-il affirmé.
Ferhat Othman