Caïd Essebsi il n'y a pas eu d'interférences étrangères dans notre choix d'un gouvernement de coalition
45 jours après son entrée en fonction, M. Béji Caid Essebsi s’est adressé mardi soir à travers la chaîne El Watanya aux Tunisiens. Assis derrière le bureau qui fut pendant trente ans celui de Bourguiba, entre les bustes de ce dernier et d'Hannibal, très à l’aise dans ses habits neufs de président de la République, il nous a livré ses réflexions sur les problèmes de l’heure.
- Les évènements du sud : autant nous comprenons la détresse des habitants, leurs aspirations à une vie meilleure, autant nous émettons des réserves sur l’opportunité de ces manifestations alors que le gouvernement vient à peine d’entrer en fonction et que leur principale revendication, la suppression de la taxe de voyage est mentionnée dans notre programme électoral,
- Le gouvernement Essid : nous devons respecter la volonté des Tunisiens. Bien sûr, on aurait voulu un gouvernement uniquement composé de ministres nidéens. Mais nous n’avons qu’une majorité relative et le gouvernement qu’on aurait pu former même avec Afak et l’ULP aurait été fragile parce que s’appuyant sur une majorité étriquée. Nous devons donc composer avec les autres partis y compris Ennahdha pour disposer d’un gouvernement viable et capable d’engager des réformes profondes. Quant au choix de Habib Essid, il a été motivé par les qualités de cet homme mais aussi par notre souci de ne pas donner prise aux accusations d’hégémonisme (taghaouel) que ne manqueraient de nous lancer certains partis. Depuis mon élection, je suis le président de tous les Tunisiens et plus que jamais, je suis attaché à ma devise « la patrie avant les partis »
- Il n’y a pas eu d’interférences étrangères pour nous imposer ce choix. Quand on a travaillé avec Bourguiba, on n’accepte aucune immixtion d’où qu’elle vienne. Ce choix est donc le nôtre.
- Je ne suis pas inquiet pour Nidaa même si les risques de dissidence sont réelles Celle qu’a faite Bourguiba en 1934 était une dissidence bénie parce qu’elle a fait bouger les choses. Ce n’est pas le cas pour Nida Tounès. J’espère que la raison finira par l’emporter. Je mets tous ces tiraillements auxquels on assiste sur le compte de l’inexpérience, car le parti est jeune. En tout cas, Nidaa Tounès est un élément essentiel dans l’équilibre du paysage politique, et doit le rester,
- les assassinats politiques : j’ai pris l’engagement de n’épargner aucun effort pour démasquer les assassins de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi,
- Politique étrangère : il faut revenir à nos fondamentaux, pratiquer une diplomatie d’ouverture, celle qui nous a valu des satisfactions par le passé, nouer des relations d’amitié avec les pays voisins, éviter les décisions précipitées comme celle qu'on a prise avec la Syrie.