Pouvoir d'achat : pas de quartier pour les intermédiaires indélicats
Entre le pays réel et les élites gouvernantes, s’est creusé un gouffre abyssal. Et à force de demi-mesures dans le domaine de la distribution des produits agricoles, agriculteurs et consommateurs sont mécontents et inquiets ! Le gouvernement fraîchement installé a mis parmi ses priorités l’inflation et le pouvoir d’achat. Or, voici que le premier slogan qui circule porte sur le gel des prix ! D’aucuns assurent même que ce serait l’erreur à ne surtout pas commettre. Nul n’ignore que nous avons des intermédiaires sans foi ni loi qui s’activent selon des agendas aussi mouvants que les sables du désert. Et l’agriculteur et le consommateur dans tout cela me direz-vous ? Et bien, tous les deux sont les victimes du système. Et un gel des prix ne fera qu’aggraver la situation de tous.
Il sera plutôt question de baisse des prix, et pour ce faire, il faut que le gouvernement actuel ait du courage, de l’autorité et de la vision. Et il est grand temps d’en finir avec ce poison qui gangrène notre système de distribution. Le citoyen lambda doit sentir son quotidien s’améliorer, et l’agriculteur qui n’en peut plus de se voir dicter les conditions des intermédiaires, doit avoir de meilleures marges pour faire face à la flambée de ses charges diverses. Nos anciens ne disent ils pas qu’on ne cultive pas la terre mais on l’emprunte à ses enfants ? Alors faisons attention à ne pas dilapider ce qui ne nous appartient pas.
Au nom de l’urgence et au nom des objectifs de la révolution, l’Etat doit assurer son rôle d’arbitre pour aider à la création immédiate de cinq cents points de vente intitulés « du producteur au consommateur » qui permettront aux agriculteurs de vendre à de meilleurs prix, et aux consommateurs d’acheter moins cher et pas au prix actuel fût-il gelé ! Ce nombre de points de vente doit passer à mille en trois ans. Cette nouvelle approche permettra la création de milliers d’emplois dans l’immédiat et la réalisation se fera par les seuls privés qui s’engageront à respecter un cahier des charges précisant les lignes à ne pas franchir au nom de la liberté d’entreprendre. D’ailleurs, l’Etat pourrait aider des jeunes chômeurs dans certaines régions défavorisées dans le montage financier.
On vit l’overdose de l’abus, le prix de départ de chez l’agriculteur arrive doublé chez le consommateur à cause de quelques intermédiaires sans scrupules. L’Etat doit définir la ligne entre le laisser aller et la fermeté. Pas de dérobade en matière de pouvoir d’achat qui est un des socles de la dignité ! Désormais, il y a un nouveau polluant appelé injustice sociale. Et quand les colères montent, quand la démoralisation envahit l’ambiant, attendons-nous aux pires réactions et à la faiblesse des institutions. Alors de grâce, agissons dans l’intérêt des seuls méritants !
Zouhair ben Jemaa