Le comportement suicidaire du syndicat de l'enseignement
Il est malvenu dans le cas d’espèce de prendre des précautions de langage, de renvoyer dos à dos, enseignants et Etat. Car on a beau s'efforcer à l'objectivité, on a du mal à trouver une seule justification à ces grèves à répétition que les enseignants mènent depuis des mois pour mettre à genoux l'Etat. Il faut appeler un chat, un chat : le bras de fer engagé par le syndicat de l’enseignement secondaire contre le ministère de l’éducation national relève tout simplement de l’autodestruction. Prendre en otage les élèves comme le font les enseignants, c’est dépasser toutes les lignes rouges, c’est prendre le risque de perdre le respect de leurs élèves et l’estime de leurs parents qui se saignent aux quatre veines pour garantir à leur progéniture un avenir meilleur, c’est mettre le doigt sur un engrenage dont aucune partie ne sortira indemne, ni l’Etat dont l’autorité est, une fois de plus, bafouée, ni les enseignants qui risquent de voir fondre dans cette affaire leur cote d’amour dans la société, ni les élèves menacés d’une année blanche.Que le pouvoir d'achat des enseignants ses soit érodé depuis quelques années, nul ne le conteste. Mais c'est le lot de la majorité des Tunisiens. Et il se trouve que les enseignants ne sont pas les plus à plaindre. Car que dire des smigards ou des chômeurs qui vivent dans des conditions infrahumaines mais qui n'ont que leurs yeux pour pleurer. Il faut être autiste pour ne pas mesurer la gravité de la situation et continuer à réclamer toujours plus d'avantages alors que tout le monde sait que l'Etat n'est pas en mesure de les octroyer.
Il faut savoir terminer une grève. C'est le seul conseil qu'on peut donner à nos enseignants grévistes et il n'émane ni d'un «complice des sionistes», ni d'un «membre des LPR» de triste mémoire, ni même d'un «milicien du nouveau parti au pouvoir», mais d'un Tunisien moyen qui voit son pays glisser inéxorablement sur la pente savonneuse qui mène à la banqueroute et peut-être au chaos.
Mustapha