Al-Araby TV veut supplanter Al Jazeera
Une nouvelle chaîne satellitaire sur vos écrans, est-ce une chaîne de plus parmi la multitude de l’offre télévisuelle ou est-ce une chaîne qui peut offrir le plus que beaucoup de monde attend. Avec des milliers de chaînes sur les satellites, est-ce bien raisonnable de lancer une nouvelle?
C’est pourtant le pari qu’ont pris les promoteurs d’Al-Araby-TV, une chaîne satellitaire généraliste dont le siège central a été placé à Londres comme au bon vieux temps des années 1980-90. Elle est en diffusion expérimentale depuis le 25 janvier 2015 sur Nilesat et Suhailsat (ex-Arabsat). Chaîne unique au départ, Al-Araby sera en fait à terme un bouquet de chaînes.
Dotée de capitaux du Qatar et d’Egypte, cette chaîne aurait été lancée sur les «directives» de l’Emir du Qatar, Cheikh Tamime, et sur les conseils d’Azmi Bichara, ancien député arabe palestinien à la Knesset israélienne, en vue de contrer «l’animosité» que suscite désormais la chaîne qatarie Al-Jazeera parmi les téléspectateurs arabes, selon le site «arabianbusiness.com ». Cette chaîne est dirigée par l’Egyptien Ahmed Zine, un ancien d’Al-Jazeera-Mubasher-Misr. Le président de son conseil d’administration est aussi un Egyptien, Islam Lotfi. Dès son lancement, elle s’est dotée de bureaux, huit au départ (à Sanaa, Bagdad, Istanbul, Washington, Palestine, Londres, Beyrouth et Tunis). Il est prévu que les deux derniers deviennent des bureaux régionaux, l’un pour le Moyen-Orient, l’autre pour le Maghreb arabe.
Le directeur du bureau de Tunis, M. Alaeddine Zaatour, est déjà à pied d’œuvre. Jeune journaliste tunisien, il a entamé sa carrière après un mastère de marketing et de commerce international à l’ISG dans la presse électronique avant de sauter le pas dans le journalisme télévisuel comme présentateur à la chaîne TNN dont il deviendra le rédacteur en chef. Il a déjà déniché les locaux du bureau au Centre Urbain Nord, près de la Cité des Sciences à mi-chemin entre le centre-ville et l’aéroport. Disposer des différentes autorisations n’a pas été chose aisée avec une administration qui est restée malgré tout tatillonne. C’est déjà fait, il ne reste plus qu’à doter le bureau de la fibre optique et cela ne va pas tarder. M. Zaatour, qui a déjà lancé l’émission-phare de son bureau «Magharibi» où une fois par semaine, le samedi, il fait un focus sur les questions maghrébines, politiques, économiques mais aussi les questions de société, parle de sa chaîne avec enthousiasme. Il sait que la concurrence sera rude et que dans un paysage télévisuel saturé, il ne sera pas facile de gagner sa place. Mais il sait aussi qu’Al-Araby s’est dotée de tous les moyens pour être une chaîne qui captive ses téléspectateurs. Ce sera d’abord une chaîne généraliste qui ne sera pas focalisée sur l’information quand bien même cette partie tiendrait une bonne place dans la grille des programmes. Des émissions phares ponctueront la journée. «Al-Araby Al-yaoum» sera quotidienne et évoquera les sujets qui concernent le monde arabe. «Boursat-Array» le sera aussi et traitera des différentes opinions sur les sujets d’actualité. Pour les informations, on s’en tient à des règles de conduite et de professionnalisme qui ont déjà fait leurs preuves sur les chaînes où la neutralité et l’objectivité sont les maîtres-mots, comme la BBC. Ainsi exit le terme martyr (chahid), on parlera de tués ou, tout au plus, de victimes. On ne dira pas non plus groupes terroristes mais groupes armés. On sera à égale distance de tout le monde. Ainsi en Palestine, il y aura des correspondants à Gaza, à Ramallah et à Al-Qods pour donner les différents sons de cloche.
Les journalistes de la chaîne viendront de tous les pays arabes. Il y aura des transfuges de grandes chaînes comme la BBC, France 24, Al-Jazeera et d’autres qui mettront leurs compétences au service de la nouvelle chaîne.En plus, Al-Araby sera une chaîne faite par des jeunes pour des jeunes. La moyenne d’âge de l’équipe dirigeante comme des journalistes ne dépasse guère la quarantaine, ce qui leur permet de s’adresser à la jeunesse arabe, un auditoire important.
M.Zaatour a l’ambition de faire du bureau de Tunis une plaque tournante sur tout le Maghreb. Déjà il alimente quotidiennement la chaîne d’informations sur la Tunisie. Son émission hebdomadaire «Magharibi» commence à être connue et appréciée. Il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. De 8 personnes actuellement, son bureau, qui ne date que de juillet 2014, verra son effectif plus que doubler d’ici peu avec le renfort de Tunisiens, mais aussi d’Algériens et pourquoi pas d’autres nationaux des autres pays du Maghreb. Il fourmille d’idées : il prévoit la production de documentaires mais aussi la diffusion de fictions dans les dialectes maghrébins avec, si nécessaire, l’incrustation de la traduction en arabe littéral pour familiariser les autres téléspectateurs avec le parler tunisien, marocain ou algérien. Il est satisfait que la programmation sportive de la chaîne soit faite à partir du bureau de Tunis. Une responsabilité qu’il mesure à sa juste valeur. Pour lui, compte tenu des atouts dont dispose la Tunisie (liberté de presse et d’expression, ouverture sur les nouveautés technologiques et compétences humaines avérées), sa réussite ne fait pas de doute. La concurrence ne manquera pas pour captiver et fidéliser des téléspectateurs plutôt enclins au zapping. Mais la tâche ne semble pas impossible à celui dont la devise est : «Pouvoir c’est vouloir». Et Alaeddine Zaatour ne semble pas manquer de volonté.
R.B.R.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
MOUSSA EL HAJ, HAJ MOUSSA?Wait and see.
Tel père tel fils . Cheikh Hamad a son joujou "Al-Jazeera" et le fils "Temime" a son "Araby Tv" ... tous les chemins mènent à Doha !!