La seule façon de lutter efficacement contre le terrorisme
Le terrorisme vient de frapper lâchement et frappera probablement encore. Sa tactique est de créer la peur et de semer le doute dans les esprits. Mais sa stratégie reste la même : saboter le processus démocratique et réinstaurer la dictature dans le pays.
Ce que cherchent les terroristes, c'est une dictature morale venant s'ajouter aux lois scélérates laissées par la dictature déchue.
C'est pour cela que le gouvernement en place a intérêt de ne pas tomber dans le piège des terroristes. Or, il le fera en réagissant par un tour de force répressif, non seulement en maintenant plus longtemps l'arsenal juridique en vigueur de l'ancien régime, mais aussi en aggravant le caractère liberticide de ses lois contraires aux libertés par d'autres mesures de circonstance et par des pratiques s'en prenant aux libertés au nom de la sécurité.
Une confiance manquante
En ce moment de deuil, il faut bien sûr une union sacrée autour des dirigeants du pays qui, plus que jamais, se doivent d'honorer les valeurs cardinales du pays : son ouverture à l'altérité, sa tolérance et sa joie de vivre.
Ce n’est qu’avec des lois nouvelles rendant leurs libertés privées aux citoyens que le gouvernement y arrivera, car il s'attaquera alors au terrorisme qui se niche dans les têtes, rompant le lienpourtant absolument nécessaire de confiance devant exister entre les citoyens et leurs dirigeants.
C'est l'absence d'une telle confiance qui fait descendre, aujourd'hui, dans nos rues les ennemis de nos libertés. Seules donc des libertés seront en mesure de contrer leurs horribles menées, les citoyens étant alors mobilisés pour défendre leurs libertés, synonyme de leur dignité.
Aujourd'hui, hélas, les barbouzes du terrorisme trouvent des complicités dans la société, souvent auprès de gens de peu, qui les aident moins par conviction que par défiance à l'égard des autorités en place.
Privés de dignité du fait de lois liberticides héritées de l'ancien régime, certains parmi eux manifestent ainsi inconsciemment leur esprit de contradiction, s'adonnant à la contestation sans se rendre compte nécessairement qu'elle est aussi criminelle.
Un arsenal juridique à réformer
Il est temps que les plus sages dans ce pays comprennent quela seule façon pour triompher du terrorismeest que tout le peuple soit, comme un seul homme, derrière ses gouvernants. Cela ne peut advenir que si l'État est véritablement de droit, ce qui est loin d'être le cas avec l'arsenal répressif de la dictature pas encore abrogé.
Le terrorisme n'est qu'une forme extrême et dégénérée de la contestation; or,étymologiquement, celle-ci signifie témoigner avec (cum testare), rester tributaire de quelque chose ou de quelqu’un dont on n’arrive pas à se déprendre.
C'est le cas de ces Tunisiens anonymes qui trouvent des excuses aux terroristes, allant jusqu'à être leurs complices objectifs ou actifs. C'est à ce niveau que l'on doit s'attaquer en premier; viser le terrorisme mental.
Qu’on le veuille ou non, cela commence par la nécessité de détricoter les lois du pays qui alimentent un tel terrorisme en semant les graines de méfiance dans le peuple par la crainte d’autorités se permettant les abus qu’autorise la législation.
Or, pour réussir à contrer le terrorisme et finir par l'éradiquer,il faut aux autorités un citoyen digne, car libre dans sa vie et ses idées. La réforme juridique n’en est que plus urgente, car elle éliminera le terrorisme dans le mental qui régit tout en l’homme.
Farhat Othman