Vivement l’égalité et la fraternité
Après la France et le Danemark, l’humanité vient de payer cher une nouvelle folie meurtrière de deux traîtres terroristes qui ont lâchement attaqué un groupe de touristes au Musée du Bardo à proximité de l’Assemblée des Représentants du Peuple à Tunis !
Qu’elle se veuille atteinte à la démocratie naissante, à l’inégalité qui se prolonge, à la richesse qui se concentre chez une minorité, au développement qui tarde, aux emplois qui se perdent, à la liberté qui dérange, à l’Histoire et la Culture ou à la Diversité, cette catastrophe a fait des victimes innocentes, endeuillé leurs familles et proches, mobilisé et soudé les tunisiens et les amis de la Tunisie. Elle a également indigné à travers le mondeles défenseurs des libertés et de la démocratie, du développement économique et du progrès social, de l’éthique et de l’environnement, ainsi que les combattants du terrorisme et de l’anarchie.
Ces terroristes dans leur folle détresse se sont-ils pris pour des Islamistes voire des Djihadistes ?Si oui, qu’ils sachent que l’Islam condamne l’assassinat d’innocents et punit de tels crimes sur terre comme dans l’au-delà. Seuls des ignorants peuvent commettre de tels crimes en rêvant de finir au Paradis !
Ne devons-nous pas nous poser des questions sur l’éducation appropriée à offrir notamment aux plus démunis ou perdus de nos citoyens ? N’est-il pas opportun d’entreprendre vite des actions pour minimiser la casse qui frappe nos sociétés déjà en proie à de nombreuses ruptures ? Peut-on se contenter d’une sécurité plus agressive/répressive ou pouvons-nous faire de la communication préventive/éducative ? Faut-il un armement moral ou un armement militaire suffirait ?
Les rescapés revenants de Syrie ou de Libye se comptent en centaines et en milliers, leurs retours s’échelonnant sur des mois, ils reviennent chargés de rage, de frustration et d’agressivité !
Comment les ignorants en détresse et terroristes potentiels parmi eux peuvent-ils arrêter de penser qu’ils feraient mieux de commettre des actes terroristes« au nom de Dieu »et « mourir en martyr » si nous ne prenons pas la peine de rappeler que selon le Coran, les assassins d’innocents finiraient en enfer ?
La Tunisie est certainement sur une « meilleure voie que ses voisins méditerranéens touchés par le printemps arabe » comme une majorité de ses dirigeants se plaisent à le rappeler mais sa trajectoire est parsemée d’embuches à risques de plus en plus élevés si ses réformes profondes prennent encore plus de temps que ce que ses citoyens en détresse peuvent endurer.
Seul un développement économique et social accéléré, une meilleure répartition de ses richesses, une plus grande citoyenneté, une meilleure gouvernance… peuvent sauver le pays de sa perte. Serait-ce possible sans une plus grande efficacité dans le travail productif et sans une meilleure contribution de ses « élites » ?
Les conservateursparmi nous sont-ils encore tentés de préserver les avantages acquis et les rentes de situation, tout en se présentant comme des réformateurs progressistes pour continuer à tirer sur la corde ? Que faudrait-il de plus pour qu’ils réalisent que la société tunisienne a beau être paisible et tolérante, sa corde est déjà à la limite de sa rupture depuis quelques années !
A quoi bon d’inscrire dans la nouvelle constitution tunisienne que la Tunisie est une république dont l’arabe est sa langue et l’islam est sa religion si nous ne donnons pas du sens à la solidarité entre frères de la République et/ou frères de l’Islam dans notre vie de tous les jours plus que dans nos discours !
Il y a quelques semaines, la question s’est posée en France où on a tellement défendu la Liberté qu’on a pu croire que cette dernière était plus sacrée que l’Egalité et la Fraternité ! Il semblerait qu’en Tunisie aussi la Fraternité soit en détresse !
Le monde ne perdrait-il pas de son Humanité sans Fraternité ?
A défaut d’une fraternité des fils d’Adam ou des fils d’Abraham, faisons vivre à minima une fraternité républicaine et si possible étendue à une fraternité entre citoyens du monde libre, civilisé et instruit.
Mounir Beltaifa