Un plan d’action ambitieux contre le terrorisme
Le terrorisme a frappé et ne s’arrêtera pas de sitôt. Il nous faut comprendre, mais aussi les partenaires de notre pays, que c’est le modèle tunisien qui est visé. Notre ouverture à l’Occident, notre expérience démocratique et notre islam tolérant ne plaisent pas et on fera tout pour semer le chaos en Tunisie.
Or, si la Tunisie échoue, c’est toute la Méditerranée et l’Occident qui en pâtiront ; alors que sa réussite est la garantie d’une paix durable dans la région, mais aussi dans le monde.
L’Occident et l’Europe autiste à nos portes doivent en être conscients et décider au plus vite un plan ambitieux et réellement utile pour la Tunisie capable de la sortir du bourbier où elle s’enlise chaque jour davantage. Les paroles vides de sens et de réalisations concrètes ne suffisent plus!
Voici l’esquisse d’un plan d’action multilatéral qu’on gagnera à mettre en œuvre au plus vite aussi bien du côté tunisien seul qu’avec ses partenaires. Cela doit venir s’ajouter aux partenariats actuels plus spécifiquement ciblés contre le terrorisme liant notre pays à l’Algérie, aux États-Unis et à l’Europe.
Urgence de l’État de droit
C’est le défi premier que le terrorisme lance à la Tunisie : Redoubler d'efforts pour transformer le pays en un État de droit. Aussi, on ne doit pas céder à la panique en improvisant des lois sous l’émotion, qui plus est d’inspiration purement sécuritaire.
Il ne nous faut pas oublier que si le terrorisme a prospéré chez nous, c’est à la faveur de la misère et des abus de la dictature. Or, son arsenal juridique est encore en vigueur brimant les jeunes, justifiant les exactions diverses et les limitations des libertés.
Ce sont ces lois scélérates qu’il faut commencer par abolir, dépénalisant des pratiques qui ne relèvent pas du délit et qui occupent certaines de nos forces d sécurité à poursuivre des innocents que de se consacrer aux seuls terroristes, seule menace sérieuses dans le pays à la paix civile.
Urgence d’une société de droits
Ce toilettage de l’arsenal répressif de la dictature doit se faire au plus tôt afin de rendre sa dignité au citoyen qui a le droit de jouir de toutes ses libertés en matière de la sphère privative de sa vie.
On ne peut plus continuer à museler la société par des lois répressives ou des diktats supposés moraux quand ils sont immoraux. On ne peut non plus priver le Tunisien de son droit imprescriptible à la dignité afin de vivre librement dans son pays et dans le monde, en mesure d’yrêver à un meilleur sort.
Notre société mérite d’avoir des lois démocratiques et égalitaires qui ne briment pas ses membres, mais les encouragent à assumer leur génie, faire montre de leur originalité patente. Ce qui exige une société de libertés et de totales égalités.
Un environnement de libertés
Cela exige aussi que l’environnement international de la Tunisie ne soit plus fermé comme aujourd’hui, car une démocratie ne saurait être érigée dans une réserve.
Aussi est-il impératif que la Tunisie exige de ses partenaires la levée du visa pour la libre circulation de ses ressortissants. Seul un tel saut qualitatif dans les rapports de la Tunisie avec l’Occident est de nature à détourner notre jeunesse du désespoir du terrorisme.
Un espace démocratie méditerranéenne où la liberté de mouvement sera garantie pour un visa biométrique de circulation doit être envisagé et mis en œuvre dans les meilleurs délais.
Un environnement de solidarité
Cela ne saurait bien évidemment pas suffire eu égard à la situation économique actuelle, catastrophique à plus d’un point de vue. Aussi, l’Europe et les États-Unis doivent décider un vrai plan Marshall pour notre pays.
Pour le moins, un moratoire à la dette tunisienne doit être décidé incontinent ; et pourquoi pas l’effacement total de cette dette qui est pour l’essentiel scélérate, étant le legs de l’ancien régime.
Les pressions actuelles de la part des financiers internationaux et des lobbys européens et américains pour faire de la Tunisie un pur marché doivent cesser, sinon ils ne feront du pays qu’un charnier.
Oui, la Tunisie est acquise à l’Occident et son devenir sera occidental ou il ne sera pas. Mais cela doit se faire en tenant compte des spécificités tunisiennes et des attentes de son peuple.
Que l’Occident réalise enfin à quel point il a gros à perdre en Tunisie à continuer son attitude actuelle qui équivaut à un suicide pour la démocratie tunisienne naissante.
Farhat Othman