News - 25.01.2010

Jacques Martin, l'auteur du "Spectre de Carthage", n'est plus

Jacques MartinIl était un géant de la bande dessinée, un dessinateur qui se voulait d’abord un infatigable scénariste(1), Jacque Martin, le créateur du personnage d'Alix vient de s'éteindre à l'âge de 88 ans.

Avec l’auteur du "Spectre de Carthage", disparaît le dernier grand représentant de l’école dite "de Bruxelles", formée autour d’Hergé à la fin des années 40, à l’heure de la création de l’hebdomadaire "Tintin" : pendant quelque vingt ans, il en sera l’un des auteurs les plus admirés et au au fil du temps, il était devenu un auteur culte, aux plus de quinze millions d’albums vendus, traduits dans une vingtaine de pays.

Français, Jacques Martin fit toute sa carrière artistique en Belgique. Ce n’est qu'en 1948 que sa carrière commencera vraiment : dans le journal "Tintin", paraît la première planche d’"Alix l’intrépide", jeune Gaulois du temps de Jules César. Un héros vient de naître, appelé au plus durable succès. Dans le deuxième volet des aventures d’Alix, "Le sphinx d’or", prépublié à partir de décembre 49, apparaissent deux personnages clé de la saga : Enak - qui deviendra l’inséparable jeune compagnon du blond héros - et l’impitoyable Arbacès.

Jacques MartinIl lisait et relisait avec délectation le "Salammbô" de Flaubert

Vibrant alliage de rigueur et de sensibilité, ce grand scénariste n’aurait pu imaginer, à ses débuts, qu’il sensibiliserait à l’Egypte, à Carthage et à la Rome de l’Antiquité d’innombrables jeunes : bien des vocations d’historiens furent suscitées par la simple lecture des aventures d’Alix...

Jacques Martin s’appuyait sur une monumentale documentation, mais son souci d’exactitude ne s’exerça cependant jamais au détriment de l’émotion chez celui en qui l’on ne peut que saluer un authentique romancier, dont la saga des "Alix" se teinte d’autant de tumulte que de sensualité. Dessinateur, Jacques Martin, on l’a dit, se voyait prioritairement scénariste; pour lui, les récits coulaient de source, résultant d’une imagination dont la fécondité plongeait Hergé dans l’admiration.

Ce qui frappait ceux qui travaillaient avec lui, c’était la prodigieuse énergie qui se dégageait de ce perfectionniste, bourreau de travail, chantre d’une Antiquité méditerranéenne dont il était éperdument épris, un des maîtres incontestés de son art, un inconditionnel amoureux du passé, qui lisait et relisait avec délectation le "Salammbô" de Flaubert.



Vingt-cinq titres des aventures d’Alix ont paru aux Editions Casterman et sont disponibles à la Médiathèque de la Délégation Wallonie-Bruxelles. N’hésitez pas à venir les lire, 55 ter, Tunis-Belvédère.