Le nouveau ministre des affaires religieuses veut en finir avec le laxisme de ses prédécesseurs
Longtemps cantonné dans un laxisme allant parfois jusqu’à la complicité face aux dérives des extrémistes religieux, le ministère des Affaires religieuses semble, avec la nomination du Cheikh Othman Battikh, décidé à mettre le holà à une situation qui n’a que trop duré. Dans une longue interview au journal Assabah, le nouveau ministre, Cheikh Othman Battikh s'exprime avec beaucoup de franchise sur des sujets que ses prédécesseurs avaient éludés quand ils ne les ont pas carrément occultés.On l'attendait sur la question du port du nikab : «son interdiction est parfaitement licite dans la mesure où il représente un danger pour la société et un moyen dont les terroristes et ceux qui veulent du mal au pays usent pour exécuter leurs basses besognes». Il ajoute :«Contrairement à ce qu’avancent certains, il n’y est fait mention nulle part, ni dans le Coran, ni dans la Chariaa. L'islam propose seulement de couvrir le corps et de porter des vêtements décents».
Concernant les lieux de prière sauvages, le ministre évalue leur nombre à 187: «Ils ont été construits depuis la révolution, sans autorisation et parfois sur des terrains qui appartiennent au domaine public. Ils servent aujourd’hui de couverture à des activités politiques. Les responsable des ces mosquées devront régulariser leur situation, c'est-à-dire en faire don au ministère qui se chargera de les gérer comme c’est le cas pour les 5000 mosquées légales du pays, au plus tard le 6 avril prochain. Faute de quoi, elles seront fermées». S’agissant de la mosquée Zitouna, cheikh Battikh a révélé qu’il avait rencontré dernièrement l’imam autoproclamé de cette mosquée Houssine Labidi pour le convaincre de quitter son poste : « il a refusé s’appuyant sur un document signé par trois ministres de la troika. Nous lui avons répondu que nous avions une décision de justice qui nous autorise à prendre le contrôle de la mosquée. C’est ce qui s’est produit».
S'agissant de l'apostasie, le ministre la considère comme illicite.Si un musulman constate qu'un autre musulman a un comportement contraire aux préceptes de l'Islam, il doit se contenter d'user de persuasion et non de coertition pour le ramener dans qu'il considère le doit chemin, sans plus. L'apostasie, selon la lecture que font les extrêmistes du texte coranique est passible de la peine de mort qu'ils se chargent d'exécuter. Ce en quoi, ils ont tort, parce qu'il faut respecter l'intégrité physique des gens».