Si Lassaad Ben Osman, le grand militant que j’ai connu

 

Un jour, au mois de mai 1980, je lui organise une journée de travail dans la région de Sfax. Le programme était chargé : des visites, des réunions, de pose de la première pierre des projets économiques, culturels et sociaux. A chaque fois, j’étais heureux de l’entendre discourir, et faire état de ses connaissances précises de notre pays et des projets à réaliser dans le cadre des programmes de développement économique et social. De passage dans une route menant à Bir Ali Ben Khalifa, il m’interpelle sur la région d’El Aradh et de la route qui doit y être réalisée partout de Bou Hajla et menant à la Skhira sans passer par la ville de Sfax, évitant ainsi, encombrements et pollution. Il insiste pour que j’examine ce projet et faire en sorte qu’il se réalise rapidement, en tout cas avant la fin de mon mandat de gouverneur de cette région, connaissant en moi, dit-il, des qualités de persévérance et de suivi. J’avoue que, nouveau responsable de cette région, je ne connaissais pas ce projet auparavant. 

 

Aussi, à mon retour au gouvernorat, je demande au secrétaire général si nous avions un dossier concernant ce projet. « Affirmatif » me répondit-il. Je prends des connaissances de ce dossier et me met immédiatement au travail en commençant par une réunion avec Si Mansour Moalla, Ministre du plan et des finances qui m’informe que le projet est dans le pipe. C’est une question de financement. A ce sujet, le FADES (fonds arabes de développement économique et social) a montré de dispositions pour le financement. Coïncidence ou pas, le lendemain, le Président Bourguiba m’appelle au téléphone à sept heures du matin pour me demander ce que je compte faire pour le projet de route d’El Aradh ! Ah j’étais sauvé par Si Lassaad, je lui réponds que le projet est en marche, et qu’il se réalisera dans les plus brefs délais. 

 

Quelle coïncidence ! J’apprends que le Président qui a l’habitude de recevoir les militants tous les vendredis, a reçu la veille les militants de Mazzouna qui se sont plaints de l’état des routes dans leur région qui, à la moindre pluie, la vie s’arrête, notamment pour les enfants qui ne peuvent plus aller à l’école. Le Président est très sensible à ce problème et ne peut tolérer une telle défaillance. Tous les Gouverneurs qu’ils considèrent comme ses représentants à l’intérieur et de surcroît pionniers de la République, sont passés par là et savent qu’il ne peut tolérer aucune carence au sujet des services rendus aux citoyens. D’autres projets ont été cités pour la région que Si Lassaad approuve et m’encourage à veiller à leur exécution : l’aéroport de Sfax, la rocade, les inondations, le dessalement de l’eau d’un puits à Kerkennah, l’agrandissement du port de Sidi Youssef et enfin la construction d’un pavillon de chirurgie à l’hôpital de Kerkennah.

 

Tous ces projets ont été réalisés grâce à la sollicitude des Ministres militants (MM. Mansour Moalla, Rachid Sfar, Mohamed Sayeh, Sadok Ben Jomaa, Azzouz Lasram et Mohamed Kraiem) et d’autres formés à l’école de l’UGET.

 

Telle a été ma feuille de route que j’ai essayé de suivre avec conviction, enthousiasme et sans doute succès. 

Merci Si Lassaad. Que Dieu ait ton âme.