Abou Al Hassan Al Chadhili : une vie à la quête du «Pôle des saints»
«Al Chadhili» est, en fait, un patronyme dont on ne connaît pas l’origine. De son vrai nom, Ali Ben Abdallah Ben Abd Al Djabbar, il est l’une des grandes figures du soufisme confrérique. Son enseignement donna naissance à l’essor d’une « tariqa » qui, elle, enfanta à son tour des ramifications multiples et dynamiques, constituant une école mystique très répandue en Afrique du Nord. Elle est présente également dans le reste du monde, en France, au Canada et jusqu’en Islande. C’est ce qui a du reste fait dire à Bayram IV, un mufti hanéfite du XIXe siècle, qu’en Tunisie il y avait un Chadhili pour sept Tunisiens.
Al «Chadhili » est né dans le nord du Maroc à Ghumara entre Tanger et Ceuta. Il faisait remonter son ascendance au Prophète par Al Hassan. Après avoir poursuivi ses études à Fez, il pratiqua d’abord l’alchimie qu’il délaissa pour la voie mystique. Il partit alors vers l’Orient —en Irak— où il espérait trouver le «Pôle des saints». Un maître lui suggéra, néanmoins, de regagner le «Maghrib». Là, il rencontra Abdessalem Ibn Mechiche, dont Al Chadhili dit qu’il était son unique maître. Celui-ci fut assassiné plus tard sous le règne des Almohades.
Al Chadhili passa trois jours chez Ibn Mechiche. La légende dit qu’Al Chadhili interpellait continuellement son maître sur le nom de Dieu, pourtant innommable. La légende dit aussi qu’il y avait un bébé qui parla: «Le nom de Dieu est en toi». Ibn Mechiche répliqua : «Mon petit-fils a deviné.»
«Notre rencontre est terminée. Maintenant tu vas aller à Ifriqiya (La Tunisie) et ton nom est désormais» «Al Chadhili».
Al Chadhili s’exécuta et vint s’installer à la Mornaguia. Son enseignement connut un essor rapide et on lui attribuait même de nombreux prodiges. Il a vécu à Tunis 24 années, des temps du règne des Fatimites. Mais harcelé (après le départ des Fatimites pour conquérir Le Caire) par Abou Zakaria Al Hafsi, il partit s’installer à Alexandrie, où il professait le soufisme tout en pratiquant, fréquemment, le pèlerinage. Devenu aveugle, il combattit pourtant lors des dernière croisade, distribuant l’eau et secourant les blessés. Il est mort à Humeithra, en Haute Egypte, aux confins de la mer Rouge, sur sa route vers La Mecque.
La vie d’Al Chadhili nous est connue à travers des textes rédigés par ses disciples dans une perspective nettement hagiographique. D’ailleurs, il disait : «Mes livres sont mes disciples». Deux d’entre ceux-ci émergent du lot : un Espagnol, Abu Al Abbes Al Mursi, et son disciple Ibn Abdallah Al Iskandarani, qui a exposé minutieusement la principale base de la Chadhoulia, dans son fameux livre : Lataief Al Minan.
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