News - 21.04.2015
Qui veut rafler l’ambassade de Tunisie à Paris
De folles rumeurs s’entrecroisent pour affirmer la désignation d’un nouvel ambassadeur de Tunisie à Paris. Jeune Afrique annonce l’ancien ministre et conseiller de Caïd Essebsi, Rafaa Ben Achour, rue Barbet de Jouy, siège de notre ambassade. Un journal en ligne évoque avec insistance le nom de Férid Memmiche, l’ancien conseiller du président Mebazaa à Carthage et proche de BCE. Un troisième confrère parle de Hélé Béji, l’auteur entre autres d’un livre sur BCE. Chacun y va de son candidat favori.
S’intensifiant quelques jours seulement après la visite d’Etat effectuée en France les 7 et 8 avril 2015, ces rumeurs ne peuvent que laisser perplexes. La visite a-t-elle échoué, ou du moins, a-t-elle souffert de ratages significatifs et une sanction de la mission diplomatique tunisienne est nécessaire ? Ce n’est guère le cas, affirment ceux qui ont participé à cette visite. Tout était bien huilé et l’ensemble des membres de l’ambassade ont fonctionné harmonieusement sous la conduite du chef de poste, Mohamed Ali Chihi. Nommé à Paris en septembre dernier, l’ambassadeur a réussi en quelques mois seulement à relancer les activités et mobiliser immédiatement et fortement les amis de la Tunisie dès les premières heures de l’attaque du Bardo, affirment ceux qui le connaissent. C’est du moins la partie apparente, le reste de l’évaluation revient à son département.
Ce qui est intriguant, c’est que ces appétits de rafler l’ambassade de Tunisie à Paris s’attisent alors que le vrai travail amorcé avec la visite du président Caïd Essebsi ne fait que commencer. Le chef de l’Etat a posé avec son homologue français et ses différents interlocuteurs de haut niveau le cadrage politique et stratégique d’une nouvelle relation tuniso-française. Comme il l’avait déclaré, il a tenu à laisser aux gouvernements des deux pays de s’employer la mise en œuvre. C’est dire tout l’immense effort nécessaire pour récolter les dividendes de cette visite et aller vers le concret. Un comité de dialogue présidé par les deux chefs de gouvernement est appelé à se réunir rapidement et des visites de ministres à se multiplier dans les prochaines semaines, avec tous les préparatifs que cela exige.
Paris est certes un poste convoité. Très convoité, souvent réservé aux proches les plus fidèles. Mais, alors que les énergies diplomatiques tunisiennes doivent s’y consacrer, voilà courir ces rumeurs de désarçonnement. Le ministre des Affaires étrangères est dans son plein droit de décider le changement qu’il juge nécessaire à la tête de n’importe quel poste consulaire ou diplomate tunisien. Mais, il est de son devoir de mettre fin à toutes rumeurs en annonçant le plus rapidement possible soit du moins le principe d’une nouvelle nomination, soit la confirmation du titulaire du poste. Il y va de la sérénité des équipes en place et de leur crédibilité vis-à-vis des autorités de leur pays d’accréditation et de tous leurs interlocuteurs. Ce qui n’échappe guère au ministre Taieb Baccouche et à ses conseillers.