Du bon usage des crises
La révolution a démocratisé la dépression nerveuse. Celle-ci n’est plus l’apanage des riches et des intellectuels. Ce qui est tout à fait compréhensible quand on lit la presse, écoute la radio ou regarde la télévision. A force de focaliser sur les trains qui arrivent en retard, les médias nous ont plongés dans un abîme de désespoir.
Pourtant, ce chaos généralisé auquel on assiste aujourd'hui a quelque chose positif. Il favorise les débats de société et fait sauter les tabous : la peine de mort, le racisme, la corruption. On citera également ce fameux article 52 sur l’usage des stupéfiants qui remonte à 1992 et dont personne n’avait osé demander la suppression malgré ses effets pervers évidents. Ces changements ne peuvent pas se faire en temps normal. On a besoin de crises pour dépoussiérer nos idées, débloquer la société et dépasser les pesanteurs socioculturelles. La nature humaine est ainsi faite. Il tombe sous le sens que cela ne peut se faire que dans la douleur et au prix de tiraillements souvent violents. Il faut donc dédramatiser. A charge pour nous de savoir jusqu'où il ne faut pas aller trop loin pour éviter le pire. Et on repense une fois de plus à cette réflexion géniale de Gramsci : « La crise, c’est quand le vieux meurt et que le neuf hésité à naître ».
Hedi
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