Abidjan- De notre envoyé spécial – Il fallait voir l’explosion de joie du gouverneur pour les pays Bas à l’annonce de la victoire du candidat nigérian, Akinwumi A. Adesina, à la présidence de la Banque africaine de Développement (BAD) pour comprendre l’importance de l'enjeu que représentait cette élection. Il n’était pas le seul, d’autres avaient bien du mal à contenir leur grande satisfaction, jeudi soir à l’issue de plusieurs rounds éliminatoire successifs. Jaloul Ayed, candidat officiel de la Tunisie se savait déjà sacrifié. Il avait rapidement compris le jeu et n’a pas attendu la « lettre de remerciements », signifiant son élimination, au troisième tour. Les voix de l’Algérie et de la Libye, lui avaient fait défaut contrairement à celles du Maroc et de l’Egypte qui sétaient portées sur sa candidature.
Calmement, Ayed s‘est replié sur sa suite au 5ème étage de l’hôtel Sofitel, transformée en QG de campagne, se préparant à rentrer le soir-même à Tunis. Yassine Brahim, gouverneur pour la Tunisie a fuité la victoire du Nigérian sur son compte twitter. Dans une déclaration de presse, il a pointé du doigt la défection de nos deux pays voisins. Récit exclusif d’une élimination annoncée.
« Je n’aurais pas aimé vivre ce jour et être ici aujourd’hui »: le gouverneur Libyen se confondait en excuses après le vote, s'avouant surpris par la position de son gouvernement : « Vous connaissez bien la situation en Libye. Tout allait bien jusqu’à hier soir, mais les dernières instructions reçues étaient claires. Moi-même, je ne comprends pas », reconnait-il.
Déjà la veille, des « amis » égyptiens étaient au parfum et interrogeaient leurs pairs tunisiens s’ils étaient sûrs du vote de l’Algérie et de la Libye. La stratégie était de se présenter en bloc nord-africain solidaire jusqu’au bout pour donner un signal fort aux pays continentaux (africains) et non-régionaux (tous les autres). Les Tunisiens ne pouvaient pas en avoir l’ombre d’un doute. Le président Caïd Essebsi avait dépêché en envoyé spécial, son représentant personnel, Me Lazhar Karoui Chebbi, auprès du président Bouteflika. S’il n’a pas obtenu un engagement ferme, il a trouvé auprès de lui « de la bienveillance ».
A Abidjan, le gouverneur pour l’Algérie était évasif. Pressé par Yassine Brahim, à l’issue du vote, il lui confiera : « En fait, nous en avons été saisis très tard. Le gouvernement précédent n’avait pas sollicité officiellement le parrainage de l’Algérie. Nous étions déjà en concertations avancées avec d’autres pays ». C’était cuit. A Alger, Jaloul Ayed passait déjà pour le favori des Marocains. Mais au-delà de ces considérations et des susceptibilités éventuelles qui ont présidé au non-vote en faveur du candidat tunisien, il apparait que dès le départ, nos voisins étaient déterminés à voter en faveur du candidat d’un grand pays pétrolier, le Nigérian.
« Il faut dire, confie à Leaders Yassine Brahim, que le Nigéria qui postule à la présidence de la BAD avec persévérance pour la quatrième fois, a présenté un bon candidat. Akinwumi A. Adesina Akinwumi A. Adesina a fait une présentation très impressionnante de son programme et bénéficie d’un large soutien continental et hors-continent. Même s’il était resté au dernier tour, Jaloul Ayed n’aurait probablement pas résisté à la forte vague qui porte le Nigérian ».
Taoufik Habaieb
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