Transport : le grand chambardement
Mahmoud Ben Romdhane n’a pas eu une seule seconde de répit à la tête du ministère du Transport. A peine la passation effectuée avec son prédécesseur Chiheb Ben Ahmed, on lui annonce la noyade d’un agent de la Stam au port, alors qu’il conduisait un minibus. Il fallait promptement tout gérer, de la famille de la victime à l’enquête interne. Préavis de grèves et débrayages tournants s’enchaînent sans tarder.
Economiste de renom et coauteur avec Slim Chaker du programme économique de Nidaa Tounès, Mahmoud Ben Romdhane est plutôt versé dans l’analyse stratégique, l’élaboration de nouveaux schémas, espérant pouvoir, en tant que ministre, les mettre en œuvre. A sa grande surprise, il découvre l’état lamentable du secteur du transport, surtout le transport public. Vétusté des véhicules, manque d’entretien, déficit structurel et relâchement quasi généralisé. S’il a accepté ce département, c’est pour s’atteler à le réformer et le relancer.
Contraint de jouer au pompier pour éteindre les foyers de tension, il s’emploiera à la fois à désamorcer des crises et poser les premiers jalons des réformes. La stratégie d’ensemble est passée au crible, mise à jour, programmée et budgétisée. Il faudrait alors des hommes et des femmes pour la porter, surtout à la tête des entreprises publiques les plus concernées. Des PDG sont débarqués, Serra Rjeb succède à Salwa Seghaier à Tunisair et, pour la première fois, une femme dirige la Sncft. Les nouvelles nominations se poursuivent, les chantiers d’études et de réalisation s’ouvrent, des appels d’offres, longtemps bloqués, sont lancés et une nouvelle dynamique commence à s’instaurer. Les défis restent cependant énormes, tant pour ce qui est du déficit structurel que pour le renouvellement du parc et le changement des mentalités du personnel, comme des usagers.