Grippe H1 N1: a-t-on exagéré les dangers de l'épidémie?
L'OMS qui annonce la fin du pic de la pandémie de grippe H1N1; des pays qui cherchent à se débarrasser de leurs stocks de vaccins: de là à dire que la campagne menée à l'échelle planétaire depuis près d'un an aura été une mystification, il n'ya qu'un pas que beaucoup ont franchi allègrement. Certains n'hésitant pas à dénoncer "une collusion" entre l'OMS et les laboratoires pharmaceutiques. On comprend "la déception" des amateurs de sensations fortes qui s'attendaient sans doute à une hécatombe, à des cadavres jonchant les rues ou à un remake de la grippe espagnole de 1920. C'est qu'ils oublient que le monde a changé depuis cette date.
Des progrès immenses ont été accomplis en matière d'hygiène, d'éducation et de prophylaxie, sans parler des avancées technologiques qui ont tranformé la planète en "village global" où rien n'échappe à la vigilance des big brothers des temps modernes que sont les mass média. Si cette épidémie a été circonscrite à temps (on compte 15.000 morts contre une moyenne 100.000 pour une grippe saisonnière), c'est bien grâce à cette veille mise en place à l'échelle mondiale, à ce tapage médiatique. Et dans ces cas, le danger n'est pas d'en faire trop, mais de n'en faire pas assez.
Oui, la dramatisation est de bon aloi quand il s'agit de sensibiliser les gens aux dangers d'une maladie, comme la grippe porcine ou d'une pratique comme le tabagisme. Cela est d'autant plus vrai s'agissant d'une maladie émergente dont on ignore à peu près tout.
Il est facile, a posteriori, de parler de "grippette", ou de dénoncer "une médiatisation excessive". Mais, ce disant, on oublie que l'issue aurait pu être plus grave s'il n'y avait pas eu ces campagnes de sensibilisation et cette mobilisation d'une envergure sans précédent.
Ce qu'il faut craindre aujourd'hui, ce n'est pas tant la poursuite de la campagne que la démobilisation. Car, baisser la garde, reviendrait à courir le risque d'une résurgence de la maladie peut-être sous des formes plus virulentes.