Qui veut enfoncer un coin entre la Tunisie et l'Algérie?
J'avais affûté ma plume et m'apprêtais à foncer sur ma proie, Nicolas Sarkozy va en entendre des vertes et pas mûres. L’ancien président français, Nicolas Sarkozy ne passe pas pour avoir la langue dans sa poche. On ne compte plus ses dérapages verbaux. Est-ce le cas des propos tenus dernièrement à Tunis ? Par acquit de conscience, j'ai voulu revoir ces propos par lesquels le scandale est arrivé. Stupeur. Il n'y est question ni de malédiction, ni d'attaques contre l'Algérie. S’adressant aux Tunisiens, Sarkozy a déclaré «qu'ils n'avaient pas choisi leur emplacement géographique entre l'Algérie, qui a souffert de l'intégrisme dans les années 90, et la Libye, actuellement en proie au chaos ». Des propos qui prêtent peut-être à exégèse. Mais cela suffit-il pour lui faire dire des choses qu’il n’a pas dites ? En tout cas, il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’enflamment et que certains commentateurs tunisiens et algériens se laissent aller à des interprétations qui relèvent du procès d’intention.Traduction (très libre) de ces propos par un journal, « cela revient à dire que la proximité de l’Algérie est une malédiction pour la Tunisie». En filigrane, la Tunisie est pointée du doigt. Comment a-t-elle toléré qu'un pays frère soit traité de cette façon ?
Ces réactions épidermiques ont quelque chose d’inquiétant. Avec une constance remarquable, on cherche, depuis des mois, à enfoncer un coin entre la Tunisie et l’Algérie en colportant les rumeurs les plus folles comme l’installation d’une base militaire américaine à Remada puis tout récemment à El Haouaria, l’adhésion de la Tunisie à l’OTAN, et même une rupture imminente des relations diplomatiques, connaissant l'extrême sensibilité des Algériens à ces questions. Le caractère récurrent de ces indiscrétions ne laisse subsister aucun doute sur les intentions réelles de leurs auteurs. Si on a échoué à semer la zizanie entre les deux pays, ce n'est pas faute d'avoir essayé. On tronque les propos, on les sort de leur contexte, on scrute les faits et gestes des officiels dans l'espoir d'y trouver le moindre indice d'un désaccord entre les deux pays. Par une heureuse coïncidence, et alors que les rumeurs de rupture refont surface, on apprend que le président Bouteflika a ratifié un accord de prêt de 100 millions de dollars à la Tunisie. C'est le pied de nez à tous ces pêcheurs en eaux troubles. Ce geste hautement symbolique montre en tout cas l'inanité de leur entreprise
Mustapha