Malek Ellouze, l'homme qui veut mettre la musique classique arabe dans l'air du temps
Ils étaient plusieurs centaines de personnes à avoir braver le froid et la pluie pour venir assister dimanche dernier au théâtre municipal de Tunis au concert de Malek Ellouze. Un public constitué il est vrai de mélomanes avertis était curieux de découvrir le premier CD de Malek, intitulé Racines. Les amateurs de musique classique arabe connaissaient bien ce virtuose au sein de la Troupe Farabi, parfois aussi en solo à l’Oud et juste un cithariste et un percussionniste en accompagnement. Le voilà, sans quitter sa troupe-mère, donner un concert exceptionnel, montrant un immense talent de compositeur dans des genres particulièrement ardus.
Entouré d’excellents musiciens, il a ému l’assistance par l’hommage posthume rendu à feu son père, Si Mustapha Ellouze, et en dédiant ce CD à sa maman, sa famille et sa douce moitié, Emna. Avant de ravir le public par son inspiration et sa parfaite maîtrise des maqams.
Passionné de musique classique arabe dès son jeune âge, Malek Ellouze, ingénieur ENIT en génie civil de son état (il a supervisé notamment la construction de grands hôtels et le nouveau siège de la BIAT), il a mené en parallèle des études musicales et pu décrocher un diplôme de musique arabe en 1981, à l’âge de 16 ans.
Membre du Club Farabi de Musique Arabe depuis 1986 avant d'en devenir le directeur artistique, il se consacre à la recherche des trésors de l’époque de la Nahdha de la musique arabe des années 1850-1950. Luthiste du groupe, il a assuré plusieurs grands rendez-vous tels que le Festival de la médina de Tunis, le Festival de la musique arabe de l’Opéra du Caire et l’Institut du Monde Arabe à Paris.
Rénover sans se couper de ses racines
Le concert de dimanche avait un titre "Racines". Il renseigne sur les intentions du Cub Farabi: rénover sans se couper de ses racines. Elève du grand maître Ali Sriti, Malek Ellouze a pu enrichir ses connaissances artistiques des différentes formes de la tradition de la musique savante arabe. Il s’est intéressé à la compréhension du vocabulaire complexe nécessaire au tarab : ornementations, variations mélodiques et rythmiques spécifiques à cette musique.
A travers ce projet, il cherche à actualiser cette forme d’art si appréciée des anciennes générations pour qu’elle soit en résonance avec les expressions contemporaines en y sensibiliser un auditoire plus large et plus jeune. La modernité n'est pas nécessairement rupture avec nos traditions et origines. Cette expérience est une première étape dans cette direction.
Ses compositions bâties sur les structures classiques de samâî, tahmila, lounga et sirtou, soulignent son attachement à ses racines arabo-andalouses, avec leurs multiples influences persanes, turques… Il part des formes poétiques classiques en y intégrant de nouvelles expressions afin de mieux répondre « aux airs » du temps. Les règles mélodiques et structurelles du samâî et des autres formes classiques n’handicapent guère la démarche contemporaine. Un compositeur, apportant sa pierre à l’édifice, se doit d’innover à l’intérieur de limites imposées.
Les membres de la troupe
Ûd Malek ELLOUZE Direction artistique
Violon Nabil ZAMMIT Chef d’orchestre
Ney Hichem BADRANI
Qanûn Mohamed Amine AYDI
Cello Mohamed GHENIA
Contrebasse Lotfi ERRAIES
Percussion Hatem AMMOUS
Percussion Aymen ATITALLAH