Le design et l'enjeu d'adapter les modes de vie aux exigences des lieux de vie
Jamais le design n’aura été dans tous états comme il le sera dès ce vendredi à Sfax. Designers, chercheurs universitaires et architectes, tunisiens et étrangers, évoqueront la synergie symbiotique, les designs urbain, sonore, sacré, brillant, histoire, mémoire et surtout le dilemme du design en Tunisie. A la faveur d’un salon grand public (Intermède) consacré par la Chambre de Commerce à la décoration intérieure et aménagement paysager, un colloque scientifique devra débattre des grandes tendances, mais auparavant, rappeler quelques fondamentaux référentiels. Le programme des communications est varié, avec comme intervenants:
- Mariem Gargouri, Maître Assistant à l'Institut des Arts et Métiers de Sfax, Tunisie : Maisons contemporaines à Hammamet : une synergie symbiotique
- Olivier Lussac, Professeur des Universités, Université Paul Verlaine-Metz, France : Le design sonore
- Yves RAHIR, Designer de formation: Bureau AGUA, Belgique : Le Design Urbain
- Mohamed Ben Moussa, Architecte- Enseignant à l'ENAU : L’imagination créatrice ou le hadhrat al-khaïel comme organe de production artistique
- Wissem Abdelmoula, Maître-assistant à l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Tunis : Le design en Tunisie entre histoire et espaces de mémoire
- Ikram Bouhlel, Architecte et Urbaniste, spécialisée en Haute Qualité Environnementale; Concepteur lumière: MSC, EAPBX-France, KTH-Suède : Brillant et Beau, voyage à travers la lumière et la vie.
- Mohamed Ben Hammouda, Maitre Assistant à l'Institut des Arts et Métiers de Sfax, Tunisie : Le design et le sacré
- Jamel Chouchène, Assistant universitaire, Le dilemme du design en Tunisie
Quant à l’argumentaire, il ne manque pas de profondeur tant il interpelle à propos de réflexions d’actualité.
Cinq grandes problématiques
A une époque marquée par l’ubiquité du visuel, il est devenu impérieux de repenser la sphère domestique de manière qu’elle cesse de continuer à être cet espace scindé entre privé et public. Pour sa part, s’il reste le territoire de la communauté et le lieu d’inscription du lien social, l’espace public accentue et redéfinit sa dimension d’espace juridique, de lieu d’échange et de communication. En parallèle, depuis les années soixante dix, l’on a commencé à expérimenter, dans le cadre de la sphère domestique, de nouveaux modes relationnels. Tant et si bien que, de nos jours, la sphère domestique se veut un véritable lieu évolutif et modulaire. Voici donc venu l'heure de l’Homme relationnel, celui dont l’espace domestique témoigne de sa culture. Devenue ’’zone d’entre-deux’’, pour parler comme Deleuze, la sphère domestique réclame un mobilier exprimant ce désir de fluidité et de mobilité. Les meubles tendent alors à se transformer de plus en plus en de véritables microarchitectures redéfinissant le statut de l’espace domestique en zones de vies.
Point d’étonnement alors que la maison ne soit plus perçue ni conçue comme un refuge ou un lieu de repli, mais comme une base sensible à partir de laquelle l’ensemble des habitants peut s’épanouir, échanger et se retrouver. Dans ce contexte, le design reste, plus que jamais, créateur de liens profonds entre soi et l’Autre. A ce titre, il est bel et bien l’un des vecteurs ou paramètres d’identification sociale et culturelle. Et ces vecteurs sont d’autant plus percutants qu’ils prouvent que la maison mise au goût du jour, n’est plus seulement la villa sublime et patrimoniale qui flattera l’égo de son possesseur et de maître d’œuvre. Toute porte à penser que la maison et, de ce fait, la vie future seront moins formelles, plus technologiques, plus interactives et plus personnalisées.
D’ailleurs, depuis quelques années, ces efforts ont été faits pour que, même l’espace public s’aligne sur la sphère domestique, et devienne un lieu de vie. En effet, les décideurs ont compris l’importance des notions de bien-être, la nécessité d’un plus grand confort pour les usagers et une meilleure adéquation avec les nouveaux modes de vie qui s’installent. Ainsi peut-on s’amuser à imaginer que l’espace public du futur, conçu par des architectes, urbanistes et designers, devienne une extension de la maison et du bureau !
- Comment rendre unique un produit industriel ?
- Quel type de rapport entre le local et l’universel ?
- Dans quelle mesure le Design peut-il sauvegarder le génie propre à chaque culture menacé par l’homogénéisation galopante ?
- Comment résorber l’éclectisme ambiant, tout en évitant l’écueil du réductionnisme, du formalisme et de l’autoritarisme ?
- Etant une approche globale et intégrale, le Design serait-il à même de réussir l’enjeu de réconcilier l’Histoire avec la vie, la raison avec la jouissance et l’universel avec le local ?
Réponses, vendredi et samedi, lors du colloque qui se tiendra à la Foire Internationale de Sfax. Un grand débat qui s’annonce.