News - 14.09.2015

Nidaa Tounès tiendra-t-il son congrès à Sfax, comme l'a proposé Mohamed Ennaceur

Mohamed Ennaceur

Devant le mausolée du martyr Hédi Chaker à Sfax, entouré de vieux militants destouriens et de jeunes pousses nidaïstes, Mohamed Ennaceur a lancé dimanche un gros pavé dans la marre. « Pourquoi ne tiendrons-nous pas le prochain congrès du parti Nidaa Tounès, prévu avant la fin de l’année, à Sfax ?» Visiblement pris de court, Mohsen Marzouk, présent à ses côtés, n’a pas commenté, mais laissé entrevoir un léger sourire d’acquiescement, sous réserve sans doute d’approbation par les instances décisionnelles.

 
Emu de se retrouver avec cet aréopage dans une ville militante qui commémorait ce dimanche 13 septembre le 63ème anniversaire de l’assassinat d’Hédi Chaker, Mohamed Ennaceur, président en exercice de Nidaa Tounès avait en fait mûrement réfléchi sa proposition. « Lorsque le Néo-Destour s’était retrouvé dans une situation très délicate lors du dernier quart d’heure de lutte pour l’indépendance, c’est à Sfax qu’il avait tenu son congrès le 15 novembre 1955. Toute la région et ses sages s’étaient mobilisés, avec l’appui du leader syndicaliste Habib Achour, pour le réussir et en faire un nouveau socle massif qui réunit les partisans de l’autonomie interne, en stratégie des étapes, et jeter les fondements de la Première République. A relire les motions politiques, économiques et sociales, longuement débattues avant d’être adoptées à cette occasion, on retrouve les contours bien dessinés de ce sera la Tunisie indépendante. Soixante après ce 15 novembre 1955, Nidaa Tounès, renouant avec ses racines profondes et sa volonté d’édifier avec les autres forces vives du pays, la plateforme appropriée pour la 2ème République, démocratique, moderniste et égalitaire ».
 
Rappel des racines néo-destouriennes et de la filiation bourguibienne, Mohamed Ennaceur a-t-il voulu, au-delà de l’hommage à Sfax, soustraire le congrès constitutif et surtout électif de Nidaa Tounès en le délocalisant, aux pressions de la capitale ? La ville de Sfax est plus circonscrite, les hôtels et restaurants sont moins nombreux qu’à Tunis et plus facile à « suivre » les conciliabules et négociations qui s’y joueront. Sa position géographique, au centre, se prête bien et ses nidaïstes ne sont pas particulièrement alignés sur tel ou tel courant. Autant d’éléments favorables qui argumentent bien sa proposition.
 
L’idée est lancée. Députés et militants nidaïstes l’applaudissent. La région s’en trouve flattée. Mais, la décision finale appartient aux instances du parti.
 
T.H