Ces Tunisiens d'Italie
Milan- De l’envoyé spécial de Leaders – Combien sont-ils au juste? Les registres consulaires n’en recensent pas moins de 155 000 tunisiens établis en Italie. Un peu plus, en fait certainement, si l’on tient compte de ceux qui demeurent encore sans papiers. Mais pour l’assistance et les prestations, l’Ambassade de Tunisie à Rome et les 5 postes consulaires tunisiens (1e consulat général à Milan et 4 consulats dans les autres régions), accueillent tous les ressortissants, sans distinction de statut, et leur réservent réel intérêt.
L’Ambassadeur, Maitre Habib Achour, y veille attentivement, appuyé en celà par les chefs de poste, les attachés sociaux et le personnel (réduit) y affecté. Professeur de Droit, sa parfaite maîtrise de l'italien et son expérience associative, l'y aident beaucoup. Pas une région qu'il n'a pas visitée depuis sa récente nomination, multipliant les contacts avec les officiels et les Tunisiens.
La communauté tunisienne est de souche récente : quelques 30 à 40 ans seulement, pour les plus anciens. Quant à sa répartition géographique, elle se concentre, contrairement à ce que beaucoup croient, au nord du pays. C’est ainsi que les deux tiers (plus de 100 000) sont installés en Lombardie (Milan), dans le Piémont (Turin), la Ligurie (Gênes), et le reste de cette zone. A elle seule, la Lombardie accueille près de 60 000 tunisiens. Le consulat de Gênes couvrirait 30 000 à 40 000 ressortissants tunisiens.
Sous la houlette du Consul général, M. Salem Ben Cheikh, l’Espace de la Famille Tunisienne, animé, par un excellent jeune, Faouzi Mrabet et l’assistante sociale, très dévouée, Mme Raja Hamza Arfaoui, conjugue ses efforts avec l’amicale, présidée par Noureddine Issaoui. L’ambition est de voir Milan accueillir la première Maison de Tunisie, nouveau concept inscrit au programme présidentiel 2014.
Des travailleurs et des universitaires
A majorité de travailleurs (pêche, bâtiment, hôtellerie, restauration, commerce, santé, etc.), la communauté tunisienne compte également, de hauts cadres, des chefs d’entreprise, des enseignants universitaires et 550 étudiants. Ces derniers poursuivent leurs études, généralement de 3ème cycle, dans différentes disciplines, notamment l’agriculture, l’ingéniorat, la médecine, le doit et la littérature italienne. L’université de Bari, comme celles de Brescia et Perugia constituent les principales institutions universitaires d’accueil de nos étudiants.
En appui aux étudiants, une association tunisienne a été créée à Brescia. Cheima Ben Soltane, 3ème cycle, s’y investit beaucoup et entend élargir son périmètre aux autres régions. Plus, elle souhaite, aussi, la connecter avec les autres associations d’étudiants tunisiens à l’étranger, notamment l’ATUGE (Paris et Londres), la TSS (Etats-Unis), etc. Autre ambition de Cheima, qui est par ailleurs membre du comité central du RCD (en tant que représentante des Jeunes Tunisiens établis en Italie), est de créer tout un dispositif de soutien à tous les jeunes, sur l’ensemble du pays de résidence.
Parmi les figures de proue des Tunisiens en Italie, « Dottoré » Oujdane Majeri, brillante professeur à la prestigieuse Polytechnique de Milan, est souvent citée en exemple de réussite universitaire.
A la faveur de sa récente visite à Milan, le ministre du Tourisme, M. Slim Tlatli, a tenu à rencontrer un groupe de Tunisiens, dans une ambiance conviviale, sans podium, ni micro. Un véritable cercle s’est formé pour engager un débat franc et fécond, loin de toute langue de bois.
L’attachement au pays est fort, la volonté de contribuer à son développement est bien déterminée, et beaucoup de questions sont posées quant aux enjeux économiques et sociaux, les relations bilatérales, et les nouvelles perspectives qui s’offrent aux Tunisiens en général et à ceux d’entre-eux qui résident en Italie, plus particulièrement. «L’essentiel, dira M. Tlatli, est de renforcer ce sentiment patriotique, surtout auprès des nouvelles générations, d’ancrer l’identité tunisienne, et de saisir chaque opportunité, pour en tirer meilleur avantage pour soi-même et pour notre pays.»