Lève toi et marche!
Les championnats internationaux d’athlétisme 2015 se sont déroulés à Pékin du 22 au 30 aout 2015. Et pour la première fois depuis l’inauguration de ces championnats, un pays africain sous développé et pauvre a dominé et surclassé les Etats Unis, le Russie, la Chine et le Royaume Uni, pays traditionnellement brillants dans le domaine du sport individuel. Le classement du Kenya au sommet de la hiérarchie mondiale de l’athlétisme suscite plus d’une réflexion.
L’exemple du Kenya dans le domaine de l’athlétisme est un modèle à suivre. Investir dans le domaine du sport individuel est une entreprise florissante à plus d’un niveau. L’athlétisme est un sport qui ne demande pas beaucoup d’argent et qui pourrait générer des fortunes à l’Etat, aux sponsors et surtout aux athlètes. D’autre part, ses bienfaits d’ordre social et moral sont énormes.
Gammoudi n’a rien coûté à la Tunisie. Mais le champion olympique a hissé très haut le drapeau de la Tunisie en d’innombrables occasions et au cours de plusieurs compétitions sportives à l’échelle mondiale. Toute la population tunisienne se rassemblait en face des téléviseurs pour suivre son héros sur la piste du stade de Mexico City en 1968 ou celle du stade olympique de Munich en 1972 et retenait son souffle devant les performances du grand champion. La population se sentait très attachée à sa patrie qui lui a enfanté un grand héros qui la faisait pleurer de joie à chaque compétition sportive.Toute la population était contente et vivait au rythme des succès de Gammoudi. Ceci n’est que du passé. La nouvelle génération a longtemps cherché une idole tunisienne mais demeurait déçue des performances des sportifs tunisiens. En effet les sports collectifs offrait un spectacle éphémère qui n’a jamais réussi à créer les sensations de joie et les passions patriotiques parce qu’ils n’ont jamais atteint les sommets mondiaux.
L’athlétisme est un sport de masse qui demande des aptitudes physiologiques. Celles-ci peuvent exister chez un nombre important de jeunes tunisiens. Gammoudi en est l’exemple parfait. Il importe de concevoir une politique d’éducation sportive qui donne une importance au sport individuel. Un travail de prospection est nécessaire pour dénicher les meilleurs jeunes prédisposés au sport de haut niveau. Ménager ces élus sportifs, les préparer comme il faut pour le futur et ne pas les brûler comme c’était le cas de Mansour Guetaya qui a payé les frais de la quête des résultats immédiats, c’est ce qu’il faudrait entreprendre.
Une institution spécialisée qui s’occupera de la formation des athlètes, de leur préparation scientifique et surtout de leur éducation, doit être centralisée au plus haut niveau de l’administration sportive. Des centres de formation pourraient être implantés dans chaque gouvernorat. Des crédits suffisants doivent être alloués à ces centres pour mener à bien leur mission d’éducation et de préparation des jeunes. Il serait utile de demander l’assistance étrangère, au Kenya et à la France pour aider dans la mise en place de ces centres de formation et pour concevoir une politique sportive.
L’objectif n’est pas seulement de dénicher et former des athlètes de haut niveau mais de sensibiliser le maximum de jeunes et les attirer vers cette noble activité qui est l’antidote à toutes les dérives sociales tel que la drogue, le crime et même le terrorisme. Le sport de masse et l’athlétisme en premier lieu est le meilleur stimulant de la réussite scolaire et contribue au développement de la personnalité. L’exercice du sport individuel nous apprend à travailler au-delà de nos limites. Le sport individuel est aussi la meilleure médecine du corps humain.
Le pays a tout à gagner s’il investit dans le sport individuel. S’il arrive à former un champion c’est toute la population qui sera orgueilleuse d’appartenir au pays du champion. En attendant la naissance d’un héros vivant, c’est une grande partie de la population qui s’adonne au sport et qui s’éloignera des mauvaises habitudes. Une population qui fait du sport est une population saine qui reprend du gout au travail et qui s’habituer à la discipline et au respect de l’autre. Qu’attendons-nous pour faire su sport ? Qu’attend le gouvernement pour mettre en œuvre une politique d’éducation sportive qui s’appuie sur le sport de masse, dans les écoles, les lycées et les universités ? Eh bien Lève toi et marche.
Mohamed Nafti