La Tunisie a un capitaine à bord
Plus d’un d’entre nous attendait que le Président de la République s’adresse, enfin, au peuple pour mettre les choses au clair, car le doute sur le devenir de la Tunisie a commencé à s’incruster dans l’esprit de certains.
Plus d’un s’est permis de dire que le navire n’avait pas de capitaine à bord, car les mesures structurelles de redressement de l’économie tardaient à être prises.
Certains, envieux, voulant prendre la relève avant terme ou n’ayant pas accepté le jeu démocratique, travaillaient en sourdine à renverser l’équipe au pouvoir en bloquant ses rouages.
Plutôt que de résoudre les gros dossiers, l’exécutif se trouvait confronté à résoudre les affaires courantes et à répondre aux revendications salariales alors que les caisses sont vides et ce des les premiers jours du gouvernement.
Imaginez l’activité d’un groupe chimique connu pour ses importantes recettes en devises, bloquée pendant prés d’un mois ou plus car des citoyens de la région ne pouvant plus supporter le chômage et la misère et encouragés également par certains ont voulu, contre tout bon sens, être recrutés par la CPG.
Le groupe chimique a repris son activité ce qui est à mettre à l’actif de ce gouvernement qui, par ailleurs, est en train de débloquer les projets dont le financement est disponible et à réaliser des travaux d’infrastructure.
Il ne se passe pas un jour où il est question de contrôle des prix, de contrôle de la qualité des produits et de saisie de produits de contrebande.
Mais l’investissement, surtout nouveau, ne repart pas au rythme souhaité et qui dit investissement, dit création de nouveaux emplois.
Peut-on espérer qu’avec un PIB de 1,5% et qui pourrait être bien en deçà pour l’exercice 2015, résoudre, au moins partiellement, le lancinant problème du chômage, surtout des jeunes, lorsque l’on sait qu’avec un point de PIB, on ne peut aspirer qu’à créer environ 15 milles emplois ?
BCE nous a confirmé, hier, ce qu’on savait déjà, que les investisseurs tant privés qu’étrangers rechignent à réaliser des investissements tant que le climat social et sécuritaire ne sera pas stabilisé.
Sur le plan sécuritaire les choses s’améliorent de plus en plus grâce notamment aux concours de certains pays dans la formation et la fourniture d’équipements à nos forces de sécurité et à nos forces armées et il ne se passe pas de semaine sans apprendre que des terroristes ont été arrêtés et que des cellules dormantes ont été découvertes grâce à la vigilance de nos enfants et au concours du citoyen qui a appris à dénoncer tout ce qui lui parait louche.
Avec la tenue prochainement d’un atelier sur le terrorisme et l’arrivée des hélicoptères sophistiqués, achetés aux USA, il y a fort à parier que le terrorisme sera maitrisé et, peut être, éradiqué, si toutefois, la crise libyenne est résolue.
Nous venons d’apprendre que grâce aux bons offices de BCE un compromis vient d’être réalisé entre l’UGTT et le Gouvernement pour qu’une trêve sociale soit enfin réalisée dans le secteur public au cours de ce qui reste de l’année 2015 ainsi qu’en 2016 et 2017.
Une trêve dans le secteur privé pointe à l’horizon malgré des débuts difficiles entre l’UGTT et l’UTICA car en dehors de la concertation et du dialogue, rien ne peut être résolu dans ce pays.
Sur le plan politique BCE a défendu le choix qu’il a fait d’associer Ennahdha au Pouvoir en dépit des réticences de la base du parti qu’il a créé et qui l’a mené au Pouvoir.
Il a été le premier à comprendre, et c’est le rôle d’un chef, que le pays ne peut être gouverné sans la deuxième force du pays.
Il a pu convaincre son principal dirigeant qu’elle a sa place sur la scène politique pourvu qu’elle abandonne certaines de ses positions qui la rattachent à des idéologies extérieures.
Est sourd celui qui ne veut pas entendre. Est aveugle celui qui ne veut pas voir.
Ne constate-t-on pas qu’Ennahdha a bien changé.
Ceux qui sont encore réticents devront attendre les conclusions de son prochain congrès.
Le pragmatisme politique de BCE, lui a valu les critiques de ceux qui ont voté pour lui.
Certains ne croient plus dans le parti qu’il a crée ce qui pèsera lourdement dans les prochaines élections si des mesures ne seront pas prises pour faciliter l’ingestion de cette pilule amère, mais combien nécessaire.
Ne dit-il pas qu’en politique, seuls les résultats comptent ?
En d’autres termes un politicien qui se respecte doit avoir le courage et l’obligation de modifier sa position initiale si cette modification lui permet d’atteindre l’objectif fixé, à savoir la sortie du pays de l’ornière.
Personnellement, je préfère de loin ce pragmatisme à l’entêtement de d‘une gauche qui continue de croire dans une idéologie désuète ce qui explique son refus de collaborer avec la « droite » et l’attitude de ses partisans au sein de l’UGTT qui, depuis quelque temps, ne semble plus tenir compte des impératifs nationaux.
BCE a réussi le défi de rétablir la stabilité sociale prélude nécessaire à la mise en place d’un plan de développement économique qui sera sans doute discuté avec toutes les parties concernées, y compris l’opposition.
BCE réussira sans doute à faire passer son projet de loi relatif à la réconciliation qui touche les agents administratifs ayant exécuté des ordres sans pour autant bénéficier de faveurs en contrepartie.
Il touchera également les hommes d’affaires qui reconnaitront leurs torts en remboursant à l’Etat les faveurs accordées majorées de 5%.
Tout en déniant à quiconque de recourir à la pression de la rue pour rejeter ou amender ce texte, BCE accepte , cependant, les modifications décidées par l’ARP, seul organe légitime, pour examiner les projets de textes du chef de l’Etat.
Que l’opposition sache qu’elle doit inscrire son action politique dans le cadre de la légitimité démocratique et ne pas essayer de la contourner en recourant à la rue parce qu’elle serait minoritaire au sein de l’ARP.
Le message a sans doute été bien reçu par les parties concernées.
Le pays, en difficulté, est, aujourd’hui, à la croisée des chemins.
L’UGTT et l’UTICA ont eu enfin le sens des responsabilités pour inscrire leurs actions dans le cadre du dialogue et de la concertation tout en ayant pour objectif commun, la sortie du pays de l’ornière.
Reste l’opposition.
Que ceux qui veulent prendre la relève, démocratiquement, bien entendu, aient la patience d’attendre les prochaines élections.
En mettant la main à la pâte, toutes les forces vives du pays, plutôt que de se cantonner dans des idéologies désuètes, des critiques superficielles et des dénigrements systématiques, pourront convaincre le futur électeur de leur utilité, sinon celui-ci, composé surtout de jeunes et de femmes, les balaieront pour toujours, laissant la place à deux grands partis, Ennahdha qui est en train de collecter de nouveaux suffrages et Nidaa s’il arrive, toutefois, à se désempêtrer de ses faux problèmes.
BCE semblait dire hier aux tunisiens, sans distinction, que l’exécutif a fait ce qu’il a pu sur le plan interne et à l’international et qu’il a besoin d’achever son œuvre si tous les tunisiens le soutiennent et se remettent au travail.
Les actions entreprises démontrent que la Tunisie a un capitaine à bord contrairement à ce que certains essaient de nous faire croire.
L’opposition, toutes couleurs confondues, est face à un choix historique. Participer activement et positivement à la reconstruction du pays qui a besoin de leurs concours tout en acceptant honnêtement le jeu démocratique, ou continuer de nager à contrecourant en étant la source de certains blocages qui peuvent concourir à précipiter le pays dans sa descente aux enfers.
Que la raison, l’amour du pays et le pragmatisme politique triomphent enfin !
A bon entendeur salut.
Mokhtar el khlifi