News - 05.10.2015

Le secret de l’hommage ponctué de Béji Caïd Essebsi à Abdelfattah Sissi

Le Caire – De notre envoyé spécial, Taoufik Habaïeb. Par deux fois, au cours du premier jour de la visite officielle qu’il entreprend au Caire depuis dimanche, le président Béji Caïd Essebsi n’a pas tari d’éloges à l’adresse de son homologue égyptien, Abdelfattah Sissi. « J’ai trouvé en lui un patriote sincère, doté d’un grande ouverture d’esprit, d’une réelle compréhension de la situation dans la région et les autres pays, y compris les pays du voisinage immédiat, sans parti pris, ni pensée unique ! » lance-t-il d’emblée. Il sortait d’un long entretien en tête-à-tête prévu pour une demi heure et qui s’est prolongé pendant plus 60 minutes. Il était suivi d’un entretien élargi aux délégations des deux pays qui a duré plus d’une heure et quart au Palais Al Ittihadia à El Azbakya.

Caïd Essebsi reviendra à la charge, en début d’après-midi lors de sa rencontre en début de soirée, à la résidence de l’ambassadeur de Tunisie, avec des représentants de la communauté tunisienne en Egypte. « Le président Sissi est digne de confiance, dira-t-il. Il a une grande capacité d’écoute et demeure très ouvert. Cette ouverture d’esprit me laisse une grande impression. » Entre les deux président, le courant est bien passé. On en aura la confirmation auprès de sources concordantes, tunisiennes et égyptiennes.

Caïd Essebsi est le premier chef d’Etat tunisien invité en visite officielle en Egypte, depuis Bourguiba, il y a plus de 50 ans, comme il le rappellera, glissant qu’il y avait pris part. Mais, il avait, par deux fois, rencontré Sissi cette année. La première, au sommet de l’Union africaine à Addis Abéba, fin janvier et la seconde, lors du sommet de Sharm Escheikh, en mars. Le contexte, multilatéral, ne pouvait pas favoriser de longs entretiens. Ils en profiteront pour une prise de contact. Ce dimanche au Caire, ils auront l’occasion de mieux se connaître et s’apprécier.

La conférence de presse donnée par les deux présidents à la faveur de ce sommet tuniso-égyptien donne le ton d’une « nouvelle relation ». Le président Sissi, bien que lisant une déclaration soigneusement préparée dont chaque mot avait été pesé à son juste poids diplomatique, sera très chaleureux à l’égard de son hôte et paraissait bien satisfait de leurs échanges. Il commencera par réitérer les positions communes quant à la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, la nécessité de promouvoir un discours religieux éclairé, et mis en exergue la concordance des vues au sujet de la Libye et de la Syrie. Puis, il réaffirmera la détermination commune à mettre en œuvre les 16 accords de coopération bilatérale signés à Tunis, début septembre dernier par les chefs de gouvernement des deux pays. Le ton sera empreint de marques de considération pour la Tunisie et son président.

« Un nouvel esprit »

« Le plus important, dira Caïd Essebsi, c’est l’esprit qui a présidé à nos entretiens. » Le mot clef est lâché : un nouvel esprit. Si rien n’a filtré du tête-à-tête prolongé, le large sourire affiché par les deux présidents à leur sortie du grand salon présidentiel traduit une entente prometteuse. En présence, ensuite, des deux délégations, Caïd Essebsi se livrera à un large tour d’horizon sur la situation dans le monde et ses implications sur la région. Pendant près d’une heure, apprend Leaders, il procèdera à une analyse approfondie du contexte régional, passant en revue les conflits qui embrasent la région et les dangers qui la guette.

Connu pour sa parfaite aisance dans pareil exercice, fort de sa longue expérience, il laissera une grande impression au président égyptien et à la délégation qui l’accompagne. Caïd Essebsi en aura immédiatement la confirmation dans la réponse de Sissi qui adhèrera à nombre des thèses étayées. Cette réaction positive incitera alors le président tunisien à rendre un hommage ponctué à son homologue égyptien. La presse cairote en donnera de larges échos.

Une convergence utile à la région

Dès samedi déjà, les médias égyptiens réservaient une place de choix à cette visite vantant l’amitié et la fraternité entre les deux peuples. Les éloges réciproques des deux chefs d’Etat viendront entretenir davantage cet intérêt médiatique. Pas une station radio ou chaine télévisée, qui n’a pas diffusé en direct puis rediffusé la conférence de presse, ouvrant leurs plateaux à des commentateurs politiques. La presse écrite en rendra compte en première page dans les éditions de ce lundi matin.

« Loin de former un axe Tunis-Le Caire, c’est une convergence utile qui s’intensifie entre les deux pays au bénéfice de toute la région », confie à Leaders un grand journaliste égyptien.