La rupture est consommée à Nidaa Tounès : quelles conséquences pour le pays ?
C’était la réunion de la dernière chance. Le bureau exécutif de Nidaa Tounès, réuni ce vendredi sous la présidence de Mohamed Ennaceur en présence du secrétaire général Mohsen Marzouk et en l’absence du Vice-président, Hafedh Caïd Essebsi n’aura servi à rien sinon à confirmer le divorce entre les deux camps qui se disputent la légitimité au sein de ce parti. Comme d'habitude, on s'abrite derrière une réthorique trompeuse. D'abord le BE cède sur la réunion de Djerba prévue pour ce weekend. Alors qu'elle était qualifiée d'illégale, elle sera considérée désormais comme une simple rencontre entre des militants qui n'engagera en rien le parti ; le bureau exécutif sera un organe décisionnel alors que le bureau politique sera maintenu en tant que structure légitime qui veillera à la bonne marche du parti jusqu'à la tenue du congrès. Enfin une structure indépendante sera mise sur pied pour organiser le prochain congrès. Des concessions qui ne suffiront certainement pas à calmer les ardeurs belliqueuses de l'autre partie tant il est vrai que celle-ci forte de l'appui des structures régionales que la direction du parti avait négligées, veut pousser son avantage.
Il faut dire que dans cette crise, les divergences idéologiques ne sont pas déterminantes contrairement à ce qu'on croit, mais plutôt les ambitions personnelles. C'est à une véritable guerre des chefs, un combat à mort, que se livrent le secrétaire général et le responsable des structures,Hafedh CAïd Essebsi.
En s'engageant dans cette voie, ils semblent ignorer qu'ils sont en train d'ouvrir la boîte de Pandore : à moins d'une prise de conscience de dernière minute, Nidaa Tounès risque au mieux de connaître le même sort que le CPR avec une atomisation et au pire une disparition pure et simple. Mais c'est le pays et son processus démocratique qui risquent d'en subir le contrecoup, car la situation politique dans le pays est désormais grosse des pires éventualités, avec probablement à la clé un changement de majorité au profit d'Ennahdha et, probablement, des élections anticipées. Un scénario-catastrophe que personne au lendemain des élections d'octobre et et décembre 2014 n'avait prévu