70e anniversaire de l’ONU: Il faut continuer à y croire et lui fournir de nouveaux Mongi Slim
En quoi l’ONU qui célèbre son 70e anniversaire peut-elle bénéficier à la Tunisie? Ce «machin» longtemps snobé par de Gaulle, enkylosé par ses lourdeurs, plombé par ses déséquilibres politiques, réduit dans ses budgets, reste-t-il l’instrument multilatéral majeur, incontournable? L’ambassadeur Ahmed Ounaïes, président de l’association Tunisie-ONU, l’affirme. Comme hier, lors du dernier quart d’heure pour l’obtention de son indépendance, ou encore lorsque Sakiet Sidi Youssef avait été bombardée, mais aussi pendant la bataille de Bizerte, le soutien de l’ONU à la démocratie tunisienne sera significatif. «La Tunisie doit continuer à avoir foi dans cette organisation qui rassemble aujourd’hui 193 pays, dit-il à Leaders. Nous devons poursuivre le parcours commencé par Mongi Slim, Mahmoud Mestiri et autres illustres diplomates du temps du ministre des Affaires étrangères Sadok Mokaddem».
M. Ounaïes, qui a été notamment ambassadeur à la mission permanente de Tunisie auprès de l’ONU à New York, lorsque la Tunisie était membre du Conseil de sécurité (ainsi qu’ambassadeur à Moscou et New Delhi), rend particulièrement hommage à l’ancien secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld. Déjà très impliqué dans l’affaire congolaise et la lutte contre la colonisation, qui était venu à Tunis en juillet 1961 et accompagné par M. Béji Caïd Essebsi à Bizerte où il avait été violemment repoussé par l’armée française. Il en écrira un long rapport au ministre des Affaires étrangères du Général de Gaulle, Maurice Couve de Murville, dénonçant l’occupation française, ce qui lui vaudra d’être accusé de partialité. Deux mois plus tard, le 18 septembre 1961, il y a 54 ans, l’avion qui le transportait du Congo en Zambie, pour une ultime négociation entre les factions en guerre, s’écrasait dans la forêt. Sa mort suscitera une forte émotion de par le monde.
S’il rappelle cette séquence importante dans les relations de la Tunisie avec l’ONU dans les moments les plus difficiles, l’ambassadeur Ahmed Ounaïes n’oublie pas de souligner la qualité de la diplomatie tunisienne. C’est d’ailleurs ce qui a valu à Mongi Slim d’être le premier Africain élu à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU, en 1961. Hier, et encore plus aujourd’hui, la Tunisie est un partenaire de choix du système des Nations unies. Aujourd’hui, explique-t-il, le processus de transition démocratique en Tunisie, mais aussi le contexte régional, avec ce qui se passe en Libye et le reste de la région, ne nous laissent aucun choix que de surmonter tous les défis qui se posent. L’appui de l’ONU sera alors précieux.